Publié le 7 Nov 2018 - 17:12
CLOTURE FORUM PAIX ET SECURITE

Le financement des opérations en question

 

Bilatérale ou multilatérale, la problématique du financement des opérations ou des cadres de lutte anti-terroriste préoccupe les Etats africains et leurs partenaires occidentaux.

 

‘‘La question du financement du développement reste cruciale à côté du financement de la sécurité. Les pays africains ne peuvent pas demeurer sous la contrainte de la limitation de leurs dépenses sécuritaires’’. Le Premier ministre a eu le mérite, dans un magma de généralités relatives à la paix et la sécurité, de poser une esquisse de ce débat. Un écho aux propos de l’ancien Cemga sénégalais Babacar Gaye, un peu plus tôt dans la matinée, appelant à plus de résilience de nos armées. ‘‘Il faut que nos forces soient articulées en fonction de nos fragilités. Qu’il s’agisse de nos fragilités politiques, économiques et surtout environnementales. Il faut que nos forces, nos bataillons d’infanterie, nos compagnies de gendarmerie, nos éléments des eaux et forêts et des douanes puissent accepter d’entrer dans des cadres opérationnels qui seront des réponses à ces fragilités’’, a-t-il déclaré.

Ces cadres de coopération se multiplient de plus en plus à titre bilatéral ou multilatéral. L’actuel Cemga, Cheikh Guèye, qui a également déploré la difficulté des Etats à exercer la plénitude de leurs fonctions dans tout le territoire, a fait le plaidoyer pour un maillage plus complet. Des déficits dans les systèmes de défense, et des capacités critiques à détenir qu’il va falloir corriger le plus rapidement, selon lui. Le chef de l’armée sénégalaise a quand même salué ‘‘l’action intégrée des forces de défense et de sécurité’’ qui a débouché sur la création du Cadre d’intervention et de coordination interministériel des opérations de lutte anti-terroriste (Cico), en 2016. Cette instance est le fruit de l’engagement de l’Etat à mettre en œuvre une stratégie anti-terroriste globale. La nécessité de la création d’un tel organe s’est imposée, compte tenu du contexte sécuritaire national et international.

Le Cico est un dispositif de coordination et de veille stratégique dans la lutte contre le terrorisme, sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, et fédérant tous les ministères impliqués dans la lutte contre le terrorisme. Il dispose d’un Etat-major, d’une cellule de veille et de démembrements régionaux.

Le Drian défend le G5 Sahel

Dans la lignée de la ministre française des Armées Françoise Parly, son homologue de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a appelé à plus de patience pour percevoir de manière plus concrète les résultats des opérations du G5 Sahel.  ‘’Un an après le lancement des activités, les résultats sont au rendez-vous. Six opérations ont été menées depuis octobre 2017. Mais ça prend du temps’’, a-t-il fait savoir hier en présence de ses homologues sénégalais et japonais, tout en plaidant pour un financement ‘’prévisible et durable’’ de cette force dont le manque de finances est réputé être son talon d’Achille.

Critiquée dans son choix et ses options, cette force, mal vue dans plusieurs milieux, est comme une suppléance à ‘‘l’inaction’’ des casques bleus de l’Onu au Mali et de la communauté internationale de manière générale. Le chef de la diplomatie française l’a défendue par une boutade assez équivoque. “Je le dis aux Européens : mettre sous commandement unique les armées de cinq pays, c'est une initiative que les Européens n'ont jamais réussie”, a défendu Le Drian. Les Etats ne doivent pas ‘’ baisser la garde’’ dans la lutte contre le terrorisme, malgré les succès enregistrés, a déclaré mardi à Diamniadio Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. ‘’Nous avons connu des succès contre le terrorisme, nous ne devons pas baisser la garde’’, a-t-il dit dans un discours au Forum international de Dakar sur la sécurité en Afrique.

Devant ses homologues du Sénégal Sidiki Kaba et du Japon Mahasita Sato, le ministre français des Affaires étrangères a indiqué que ‘’la lutte contre le terrorisme est une action à long terme, qui impose de renforcer le savoir-faire et la capacité’’. Jean-Yves Le Drian a qualifié la mise en place des forces militaires conjointes de cinq États du Sahel, notamment la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad d’une ‘’initiative inédite et novatrice’’.

L’appel de l’Orient

Gagner la guerre contre la terreur implique également de se projeter plus loin dans l’histoire et la géographie. Le conflit israélo-palestinien, la guerre civile en Syrie, le soulèvement houti maté par l’Arabie saoudite au Yémen, la situation fragile en Irak… sont autant de conséquences directes ou indirectes du surgissement de factions terroristes dans le continent. Le chef du gouvernement sénégalais est donc sorti de la zone d’inconfort africaine pour pointer cette région sensible. ‘‘Je lance un appel pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Tous les dossiers brûlants de l’actualité internationale sont liés d’une manière ou d’une autre à la question de la paix et de la sécurité dans le Moyen-Orient. Le Sénégal demeure engagé en faveur d’une paix définitive dans cette région du monde.

OUSMANE LAYE DIOP

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