Publié le 21 May 2019 - 19:31
COACH FC SOCHAUX

Omar Daf, l’autre anomalie sympathique

 

L’ancien arrière droit des Lions, Omar Daf, vient peut-être de forcer les portes d’un destin d’entraîneur réputé, en réussissant à maintenir le FC Sochaux en Ligue 2, en dépit des préjugés nourris dans l’Hexagone au sujet de la compétence des techniciens africains.

 

Le crédit du technicien sénégalais a d’autant plus augmenté que lors de sa nomination en novembre dernier, le FC Sochaux, club mythique du football français, était au bord du gouffre. Il était sans doute bien préparé pour avoir eu une très honnête carrière de footballeur, mais rien ne lui était donné, compte tenu notamment du contexte français.

Seul entraîneur africain (Patrick Vieira étant un ancien international français même s’il est natif de Dakar) dans les deux divisions professionnelles en France, Daf, à l’instar de l’ancien président de l’OM, Pape Diouf, a fait passer un message fort dans le microcosme du football français. Jusque-là, les internationaux africains ou d’origine africaine, dont plusieurs ont passé des diplômes d’entraîneur après leur carrière de joueur, tardent à avoir des offres des clubs professionnels de l’Hexagone.

Dans un documentaire diffusé par la chaîne cryptée Canal Plus, l’ancien gardien des Lions Indomptables du Cameroun, Joseph Antoine Bell, ne s’est pas gêné pour rappeler le peu de perspective qui s’offraient aux anciens footballeurs africains devenus entraîneurs en France. Bell ne manquait d’ailleurs pas d’anecdote à ce sujet, comme lorsque l’ancien sélectionneur français Aimé Jacquet, découvrant qu’il passait ses diplômes, déclara à son sujet que le Cameroun venait de trouver en lui son futur sélectionneur. Le vainqueur du Mondial 1998 avec les Bleus ne voyait tout simplement pas l’ancien gardien de Saint-Etienne, de Bordeaux et de l’OM sur le banc d’un club hexagonal.

Daf, longtemps cantonné à un rôle d’intérimaire, d’adjoint et de coach de la réserve, a certes bénéficié de préjugés favorables pour remplacer en novembre dernier l’Espagnol José Manuel Aira à la tête du FC Sochaux. Agé de 42 ans, Daf a d’ailleurs eu le soutien de plusieurs personnalités dont le technicien français Hervé Renard, actuel sélectionneur du Maroc dont il était l’adjoint en 2013-2014, et de son ancien président Jean Claude Plessis.

Peiné par la situation de son équipe, Plessis disait même voir un signe d’espoir dans la nomination de l’ancien défenseur à la suite du limogeage du technicien espagnol Aira. "Je suis assez proche de l’équipe, car c’est Omar Daf qui la dirige", déclarait Plessis, soulignant au sujet du technicien sénégalais : "C’est un bon mec, c’est un grand avec une valeur morale exceptionnelle". "J’ai eu beaucoup besoin de lui dans une certaine période où il fallait gérer les petits du centre de formation, il m’a beaucoup aidé dans ces moments-là", ajoutait l’ancien président sochalien.

Des compliments sont arrivés également du sélectionneur du Maroc, Hervé Renard, qui a tenu à souhaiter à Omar Daf "bonne chance du fond du cœur dans sa nouvelle mission à la tête du FCSM". Et le technicien français, qui va conduire les Lions de l’Atlas en phase finale de la CAN 2019 (21 juin au 19 juillet), de souligner en parlant du Sénégalais : "Une personne exceptionnelle dans un club qui m’est très cher".

Adjoint à deux reprises à Sochaux, Daf occupait la même fonction auprès du sélectionneur des Lions Aliou Cissé en sélection nationale, cumulativement avec sa charge de coach de la réserve sochalienne. Il "n’a jamais douté qu’il allait maintenir Sochaux", selon Amadou Ndoye Ndiaye dit Zamadou, ancien attaquant de l’US Ouakam et des Lions dans les années 1990.

Avec El Hadj Diouf, Zamadou avait rendu une visite de courtoisie à Daf début mai, laquelle a coincidé avec la défaite (1-2) de Sochaux contre le Red Star à domicile. Il peut donc aisément renseigner sur l’état d’esprit de Daf. "Il garde la foi en toute circonstance", note Zamadou, soulignant au sujet de Daf que "c’est une chance pour Sochaux d’avoir un entraîneur comme lui car au-delà de ses compétences, il est respecté et aimé dans la région du Montbéliard". "Pour la communauté africaine, poursuit-il, c’est une grande fierté, chaque vendredi, quand il est sur place, il va prier à la grande mosquée d’Audincourt". "Mais le plus dur commence pour lui", a tenu à ajouter l’ancien attaquant de l’US Ouakam, actuel consultant pour plusieurs médias sénégalais. Il n’en reste pas moins qu’il lui prédit une grande carrière.

APS

 

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