Publié le 15 Nov 2017 - 17:09
COHABITATION ENTRE BUS TATA ET TAXIS

Un transport sous tension

 

Cohabitation heurtée, incompréhension, disputes : telles sont les relations entre chauffeurs de bus Tata et taximen, à Mbour. La ville n’ayant pas d’infrastructures routières en bon état, les chauffeurs ne se piffent pas, la route étant trop petite pour eux.

 

Depuis leur arrivée, les bus Tata n’ont pas fait que des heureux. Bien accueillis et en grande pompe par la population qui voit en eux une aubaine, la fin d’un long calvaire. Tel n’est pas le cas du côté des conducteurs de taxis qui, depuis l’introduction des bus dans le trafic, ne font que rouspéter. Leurs nouveaux collègues du transport urbain les dérangent. Il n’est pas rare d’assister à des queues de poisson et des regards haineux. La colère des conducteurs de taxis gronde et va enflant. Une situation qui résulte, en partie, du manque d’infrastructures routières adéquates.

‘’Mbour n’a pas de route pour accueillir des bus. La route est trop étroite et une anarchie totale y règne. Déjà, avant l’arrivée des Tata, nous éprouvions beaucoup de difficultés à circuler correctement. Vous imaginez la route avec des bus’’, se lamente le chauffeur Maguette Samb. L’idéal, selon lui, serait l’élargissement de la chaussée.

Avec l’arrivée de 38 bus Tata, le monopole des taxis sur le transport urbain a aussi volé en éclats. Ces derniers offrent de nombreux avantages : ils passent dans des ruelles où les taxis ne circulent pas. Ils sont moins étroits et plus aérés. Et sont moins chers que les taxis. Dès que le problème est soulevé, les langues se délient. ‘’Un jour, un bus a frôlé un taxi. Le conducteur est sorti, hurlant comme un forcené. Malgré l’état de son taxi qui n’est qu’un amas de ferraille, il a dit que le bus Tata avait égratigné son capot. Il a demandé au chauffeur, qui pouvait avoir l’âge de son père, de lui remettre de quoi retaper son tas de ferraille. On lui a remis 1 000 F et il est parti’’, explique Ndèye Diaga Fall. La dame souligne qu’il n’y a pas ‘’une cohabitation saine et fraternelle’’ entre ces acteurs du transport urbain.

Des conséquences désastreuses peuvent résulter de cette intolérance. D’ailleurs, certains bus ont déjà leur vitre arrière cassée, une partie caillassée.

Une clientèle à problèmes

Bien qu’ils aient été bien accueillis par la population, des heurts ne manquent pas pourtant entre receveurs et clients. Ou encore entre chauffeurs et clients. Beaucoup d’incompréhensions subsistent. En effet, le prix du ticket, qui est fixe et payé à l’avance au receveur, n’est pas très bien compris par certains clients. Ce jeune receveur, qui roule sur l’axe Mbour – Nianing, en explique la raison : ‘’Au début, j’éprouvais beaucoup de problèmes avec certains clients qui entraient, s’asseyaient et n’achetaient pas de ticket. Un jour, un homme s’est disputé avec moi, car je lui ai demandé de payer le ticket, il m’a rétorqué que ce n’était pas de mon ressort. Que je n’étais pas un apprenti, que je devais attendre qu’il arrive à destination avant de pouvoir payer. On entend tous les jours des propos aigres-doux. Néanmoins, on parvient à garder notre calme, parce que ce n’est qu’une question de minutes pour que le client arrive à destination.’’

La dame Adama Gomis, régulatrice parmi les sept que compte le terminus des Tata, abonde dans le même sens. Elle explique : ‘’Des arrêts sont implantés dans certains endroits de la route. Mais, parfois, le client veut qu’on le fasse à l’endroit qui lui sied. Tous les points d’arrêt sont fixes, mais dès fois, notre personnel se heurte à des clients incompréhensibles.’’ Les contrôleurs aussi ne sont pas épargnés. De petite taille et très mince, ce contrôleur a été défié par une femme très potelée. ‘’Un jour, une femme a voyagé de Saly jusqu’à Mbour et elle n’avait pas acheté un ticket. Quand je lui ai fait la remarque, elle a indiqué qu’elle avait acheté un ticket qu’elle a perdu. Je lui ai indiqué qu’elle devait garder le ticket, mais elle s’est emportée et m’a traité de tous les noms. Vu mon gabarit, elle a dû penser que je ne pouvais pas la retenir. D’autres clients ont essayé de régler la situation, en lui achetant un autre ticket, mais la dame a fait montre d’une impolitesse sans pareille’’, explique le jeune homme.

Pour dire que le travail du personnel des Tata n’est pas de tout repos. Il est appelé à gérer les humeurs des passagers, si ce n’est des taximen.  

KHADY NDOYE [MBOUR]

 

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