Publié le 30 Jun 2015 - 09:46
COLLECTIF DES AVOCATS DES VICTIMES DE HISSEIN HABRE

‘’Avec ou sans Habré, il y aura un procès’’

 

Les avocats des victimes de l’ancien président tchadien Hissein Habré ont décidé de se battre pour un procès équitable et exemplaire. Ils soutiennent que l’absence ou le mutisme de l’accusé n’empêchera pas la tenue du procès.

 

Le collectif des avocats des victimes de Hissein Habré veut un procès équitable et exemplaire. En conférence de presse hier, ils ont été circonspects sur la comparution de l’ancien président tchadien. Ils ne savent pas s’il va comparaître ou pas. Et ils ont pris acte de son refus d’aller répondre à l’interrogatoire d’identité de Gberdao Gustave Kam,  président de la Cambre africaine extraordinaire d’assises, (au sein des Chambres africaines extraordinaires). Hissein Habré n’avait répondu à aucune des questions qui lui avaient été posées.

Toutefois, Me Assane Dioma Ndiaye a précisé qu’il n’y a pas de corrélation entre un procès équitable et la comparution ou non d’un accusé. ‘’La première chose qu’on dit à l’accusé est qu’il a le droit de garder le silence. Qu’il a le droit de ne pas s’auto- incriminer. A partir de ce moment, le fait de parler ou de ne pas parler n’a aucune incidence sur la culpabilité ou non d’un accusé. Et cette non-comparution et ce silence n’exonère pas le procureur de son obligation d’apporter la preuve de la culpabilité de l’accusé. La cour également ne peut condamner dans tous les cas, qu’il y ait présence ou non de l’accusé, qu’au-delà du doute raisonnable. Donc aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour un procès juste et équitable’’, a précisé Me Ndiaye.

Selon la robe noire, la commission d’instruction a fait 4 commissions rogatoires. Des experts ont été nommés dans tous les domaines, pour voir les personnes enterrées dans les fosses communes, et tout a été fait dans ce dossier pour que ce procès soit ‘’exemplaire’’, non pas pour le Tchad, mais pour l’Afrique. ‘’Il s’agit aujourd’hui de montrer à la face du monde que l’Afrique est capable d’organiser un procès, en respectant les standards internationaux, et en jugeant ses propres fils. Donc, l’enjeu est grand. Le challenge l’est aussi et nous demandons à tout le monde de faire en sorte que ce procès soit une réussite. S’il y a culpabilité, que les juges le disent, s’il y a innocence qu’ils le disent. La justice aura triomphé et le seul souci des victimes est le droit à un procès. Nous sommes dans un cadre normal d’une justice qui se déploie et nous souhaiterions que la sérénité prévale et que les débats se fassent de façon contradictoire. Mais dans tous les cas, la présence ou non de Habré n’empêchera pas la tenue de ce procès’’, a-t-il souligné.

Pour Me Jacqueline Moudeina, les victimes ne veulent pas faire subir à Habré une once de ce qu’elles ont subi. ‘’Nous ne courons pas après la vengeance. Nous tenons à ce que tous les droits de Habré soient respectés pour que ce procès soit au-delà de tout soupçon et que la décision appartienne simplement aux juges’’, a-t-elle rassuré. A l’en croire, rien dans le comportement de Habré et de ses défenseurs ne viendra altérer en quoi que ce soit la légitimité du procès qui doit démarrer le 20 juillet prochain. ‘’Qu’elles que soient les initiatives de Habré, le procès se tiendra. Les victimes seront écoutées et la justice sera rendue’’, a dit Me Moudeina. Le collectif, a-t-elle ajouté, représente plus de 4 000 victimes directes et indirectes qui se sont constituées partie civile au niveau des chambres africaines extraordinaires chargées de juger l’ancien président Tchadien. Mais seulement 1 000 témoins vont devoir comparaître.

Hissein Habré, ancien président tchadien, est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de tortures.

VIVIANE DIATTA

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