Publié le 6 Jul 2012 - 13:00
COMITÉ DIRECTEUR DU PDS

Wade tend la main a Macky Sall

 

Surprise ! Au Comité directeur du Parti démocratique sénégalais hier, l'ex-président de la République a appelé aux retrouvailles de la «famille libérale», demandant même à ses ouailles de ne plus attaquer Macky Sall. Au passage, il aura contesté le mode de calcul officiel pour la répartition des sièges de député.

 

L’ambiance est assez cocasse. Face aux membres du Comité directeur, hier dans sa maison de retraite à Fann, le secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (PDS) a contesté les résultats de la Cour d’appel de Dakar. A peine Modou Diagne Fada a-t-il fini de lui présenter les chiffres que l’ex-président de la République rétorque : «Je pense qu’il y a un problème de calcul.» La salle s’exclame et écoute le… Maître qui s’explique. «Les 60 députés du scrutin national doivent être répartis en tenant compte du quotient national pour élire un député. Pour les gens qui n’auront pas ce quotient exigé, on doit distribuer leurs voix entre les grands partis après avoir fait la première attribution.» Autrement dit, le PDS devrait, selon Me Wade, obtenir 20 sièges au lieu de 12 officiellement annoncés. Oumar Sarr, coordonnateur du PDS, prend la parole et tente de le convaincre sur la justesse du mode de calcul fait par la Cour d’appel. En vain. Le Pape du Sopi reste convaincu que «les règles de base» ont été faussées. «On ne va pas laisser passer ça, s’insurge-t-il. Nous allons saisir la Cour d’appel.» Ahmet Fall Braya intervient à son tour et tente de «rectifier» son chef. Re-en vain ! La confusion s’installe. Certains quittent la salle, d’autres communiquent en murmurant. L’ancien ministre Mamadou Lamine Keïta demande la parole, mais Me Wade la lui refuse et campe sur sa position. «Me Wade est têtu, il ne se laissera pas convaincre», se désole un cadre libéral.

 

«Me Wade est têtu, il ne se laissera pas convaincre»

 

Dépassé par les événements, l’ex-Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye se lève pour aller parler à son leader. Sans doute pour lui demander de différer la question. Cause apparemment entendue car Serigne Mbacké Ndiaye sera invité à aborder le point à l’ordre du jour de ce Comité directeur bien spécial. Le porte-parole de Me Wade a appelé aux «retrouvailles» de la famille libérale et tend la main à ses «frères» de Bokk Gis-Gis, de l’Alliance pour la République (APR) de Macky Sall, du Rewmi d’Idrissa Seck. Aussi prône-t-il une «stratégie d’alliance constructive» avec d'anciens alliés de la CAP 21 comme le Parti de la réforme (PR) de Abdourahim Agne, le Parti socialiste authentique (PSA) de Souty Touré, le Mouvement patriotique du Sénégal (MPC Faxas) de Khadim Thioune, Leeral de Me El hadji Diouf. Puis Serigne Mbacké Ndiaye suscite la colère de la salle lorsqu’il associe Benno Bokk Yaakaar à son appel. «Qu'est-ce qu'il raconte comme ça ? Qu’avons-nous à faire avec Bokk Yaakaar ?», s’interroge Aziz Diop, secrétaire général de la Cellule initiatives et stratégies (CIS).

 

Des grincements de dents se font entendre. Bara Gaye, patron de l’Ujtl, qui ne veut pas entendre parler de cette éventuelle «coalition Supu Kanja», sort momentanément de la salle. Irrité, Me Wade demande une suspension de séance pour «30 minutes», le temps certainement de laver le linge sale en famille. La presse sera alors priée d’attendre dehors. Après une dizaines de minutes de pause, les débats reprennent, loin des oreilles indiscrètes. Mais cette «maladresse» de Serigne Mbacké Ndiaye sera vite corrigée par Me Wade, selon des sources ayant pris part à ce huis clos, il a réitéré son appel à l’endroit de son successeur. Mieux, il a même demande à ses militants de ne pas attaquer le président de la République. «Macky n’est pas notre ennemi, mais notre adversaire politique. C’est mon fils, je l’ai formé et c’est une fierté que mon successeur soit de la famille libérale, a indiqué le leader du Sopi. Il faudrait créer des espaces de rencontres pour ces retrouvailles», ajoute-t-il.

 

DAOUDA GBAYA

 

 

 

 

 

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