Publié le 27 May 2018 - 23:49
COMMERCIALISATION DE L’HUILE D’ARACHIDE

L’Unacois Jappo décaisse 1,5 milliard de francs Cfa 

 

L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois-Jappo) a mis sur la table 1,5 milliard de francs Cfa pour le démarrage de la plateforme de commercialisation de l’huile d’arachide initiée par le gouvernement. L’annonce a été faite, hier, par le ministre du Commerce Alioune Sarr, lors d’une réunion avec les différents acteurs.

 

Stabiliser l’offre d’huile, éviter des tensions et créer progressivement un marché pour l’huile d’arachide raffinée. C’est ce que vise le ministère du Commerce, avec la mise en place d’une plateforme de commercialisation de cette huile. Elle devra, en effet, ‘’réguler’’ les importations en fonction des besoins du marché, ‘’assurer’’ le suivi des achats d’huile brute et raffinée. Ceci, en créant un système d’indexation des importations sur les achats d’huile raffinée suivant une clé de répartition à définir d’accord parties.

Dans ce sens, le ministre du Commerce a relevé, hier, lors d’une réunion avec les acteurs sur le sujet, que les importations d’huile raffinée ont été suspendues pendant un mois et demi. ‘’Ainsi, malgré la baisse des stocks à l’approche du ramadan, confirmée par une tendance haussière sur les prix d’huiles - notamment de palme - force est de constater que la production d’huile d’arachide au niveau des usines était encore très faible pour satisfaire convenablement la demande locale’’, a regretté Alioune Sarr.

Dès lors, un mécanisme a été mis en place pour contraindre les importateurs disposant d’un stock d’huile en attente au port d’acheter au minimum 10 % de leur stock en huile d’arachide pour se voir délivrer une déclaration d’importation de produits alimentaires (Dipa). ‘’Il me plait de noter et de saluer la réaction diligente des importateurs regroupés autour de l’Unacois-Jappo, pour la mise en place et l’opérationnalisation de ce schéma, avec la mobilisation d’une quinzaine d’importateurs qui ont mobilisé 1,5 milliard de francs Cfa pour le démarrage des activités de la plateforme avec un système de crédit revolving, en partenariat avec Ecobank’’, s’est réjoui le ministre en charge de la Consommation.

Sur ce, Alioune Sarr a estimé qu’il appartient aux huiliers de dire aujourd’hui les stocks qu’ils ont, pour que l’Unacois les achète ‘’cash’’. ‘’Et on se réunira tous les mois pour que chaque huilier vienne avec son stock et les commerçants viendront, eux aussi, avec de l’argent pour l’acheter. Donc, il n’y a plus d’excuses pour les huiliers. Il faut vraiment mettre l’huile sur le marché, parce que l’argent est sur la table’’, a-t-il dit.

Ainsi, il est attendu des huiliers le démarrage ‘’sans délai’’ de l’acquisition de l’huile brute auprès du Regroupement des acteurs du secteur industriel et agroalimentaire de Touba (Rasiaat), l’accroissement de leur production, l’élargissement des formats afin de disposer de bidons de 5 et 20 l et d’optimiser davantage les charges pour que le prix de l’huile d’arachide soit plus accessible. Le ministre a aussi exhorté ce fournisseur à donner aux huiliers de l’huile brute ‘’dans les délais’’, tout en évitant des ruptures de livraison pouvant affecter la continuité de la production. D’ailleurs, celui-ci s’est engagé à fournir aux différents industriels toute leur production d’huile brute respectant les exigences de qualité requises aux fins de raffinage et de mise en marché aux prix de 650 F Cfa le litre pour le brut et 125 F Cfa le kg pour les tourteaux d’arachide.

Sur la base de leurs capacités de raffinage, les industries se sont engagées, pour la présente campagne, à acheter la totalité de la production d’huile brute issue des unités artisanales de trituration estimée à 100 000 t correspondant à 300 000 t d’arachides en coque. Cette quantité est répartie entre quatre usines. Il s’agit de la Sonacos qui s’est attribuée 62 500 t, l’Oleosen (20 000 t), la Ciat (15 000 t) et Kfs (2 500 t). ‘’Que chacun fasse ce qu’il a à faire. On vous demande de mettre de l’huile sur le marché ; faites-le. Les gens sont là pour l’acheter ; qu’ils le fassent. Pour ce qui ce concerne la régulation du marché, la fiscalité, c’est le rôle de l’Etat. Nous avons la capacité d’atteindre les objectifs qu’on s’est fixés. Il n’y a aucune excuse pour que le Sénégal ne soit pas en mesure de produire localement l’huile qu’il consomme. Que chacun comprenne qu’il y va de notre économie. Nous avons 1 400 000 t produites la campagne dernière ; nous ne pouvons pas croiser les bras’’, a-t-il dit.

Il faut noter que chaque année, selon le ministre, l’Etat dépense 200 milliards de francs Cfa pour importer de l’huile.

L’équation de la Tva et de la régulation du marché

Si le ministre du Commerce se réjouit de l’apport de l’Unacois-Jappo pour la bonne marche de la commercialisation de l’huile d’arachide, de leur côté, les commerçants et huiliers ont fait savoir que des défis restent encore à relever pour y parvenir. ‘’Les huiliers ont des difficultés. Ils nous ont fait comprendre qu’il leur sera difficile de vendre l’huile au prix arrêté par les autorités au départ avec la taxe sur la valeur ajoutée (Tva). Donc, nous plaidons pour que cette taxe soit enlevée, notamment sur la bouteille de 20 l. C’est quelque chose de possible. Parce que sur le riz qu’on importe, de même que le sucre, il n’y a plus de Tva’’, a indiqué le président de l’Unacois-Jappo, Idy Thiam. En réalité, renchérit le directeur exécutif de cette union, Ousmane Sy Ndiaye, il y a également le souci lié à ‘’un très bon respect’’ des services techniques de l’Etat de toutes les règles et procédures qui sont arrêtées à la suite de l’élaboration d’un mécanisme de suivi du marché. ‘’Quand les Dipa sont arrêtés, il faut que ça le soit pour tout le monde, de même que les exonérations’’, a-t-il ajouté. Par rapport à l’exonération sur l’huile, le ministre a rétorqué qu’elle est ‘’interdite’’ depuis que le chef de l’Etat a pris la décision de mettre en place cette plateforme.

Ces challenges, la Sonacos, qui peine depuis le début de la campagne agricole à payer intégralement les bons des opérateurs privés stockeurs (Ops), l’a aussi dans ce processus. ‘’Nous avons quelques contraintes pour définir de manière précise notre plan de production. Car, actuellement, pour l’huile raffinée, nous avons un stock de 14 000 t. Pour l’huile brute, nous avons pris un engagement de produire 250 t par jour en raffinage. Nous sommes disposés à acheter l’huile auprès du Rasiaat. Nous attendions que la contrainte sur le prix soit levée. Concernant les formats 5 et 20 l, et notamment sur celui de 20 l, il nous sera difficile de faire des bénéfices avec les prix d’achat actuels’’, a souligné le directeur en charge du contrôle et de la gestion des stocks de cette société, Oumar Samb.

Cependant, si toutes ces équations sont résolues, M. Samb a rassuré qu’ils sont ‘’prêts à produire à partir de maintenant 250 t par jour en moyenne sur 7 500 t le mois d’huile raffinée’’. Et d’ici un mois, la Sonacos promet de mettre sur le marché de l’huile d’arachide raffinée sur les différents formats.

Le plaidoyer du ministre contre l’importation des pâtes alimentaires

Certes, l’objet de la réunion d’hier entre le ministre du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des Pme était axé sur la commercialisation de l’huile d’arachide. Mais l’Unacois en a profité pour faire un plaidoyer sur l’importation des pâtes alimentaires. ‘’Nous avons également des problèmes concernant la pâte alimentaire. Aujourd’hui, plus de cent conteneurs sont bloqués au port de Dakar et chaque jour, les propriétaires paient des frais d’emmagasinage, des frais financiers, etc. Parce qu’on leur demande de payer des taxes qui avoisinent les 7 millions de francs Cfa sur chaque cargaison. C’est insupportable. Nous vous appelons à lever ces taxes afin qu’on puisse discuter autour d’une table pour trouver une solution, comme on l’a fait avec l’huile’’, a dit le président de l’Unacois, Idy Thiam.

Par rapport à cette préoccupation, le ministre a signalé que le pays disposait de 4 à 5 industries de pâtes alimentaires, mais les trois ont fermé du fait des importations de cette denrée alimentaire. ‘’Il reste deux dont l’une vivote. Seule Nma parvient à s’en sortir. Les industriels des pays exportateurs de pâtes alimentaires ont des subventions. Ainsi, pour protéger et accompagner nos industriels, nous avons simplement mis en place un dispositif réglementaire. Vous devez donc vous orienter vers notre expertise locale. Pour l’importation des jus de fruits, le gouvernement peut vous accompagner’’, a précisé Alioune Sarr.

MARIAMA DIEME

 

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