Publié le 25 Dec 2014 - 05:40
COMPARUTION DE MANSOUR GAYE, ANCIEN COMPTABLE DE LA SOCIETE AN MEDIA

Le Parquet demande qu’il soit poursuivi pour faux témoignage

 

Mansour Gaye, ex-comptable d’AN Média, a comparu hier devant la CREI. Au cours de son audition, le parquet a demandé qu’il soit poursuivi pour faux témoignage.

 

Le patron de la Compagnie internationale de conseil et d’expertise (Cice) Mansour Gaye a fait face à la CREI hier, pour continuer son interrogatoire. Au cours de son témoignage, il a confié à Me Seydou Diagne qu’il n’était pas en mesure de dire si la société AN Média était la propriété de Karim Wade, comme l’a déclaré Cheikh Tidiane Ndiaye. Et à la question de Me Diagne de savoir si son client Karim Wade était actionnaire de CICE, Mansour Gaye lui a confié que la société a été créée il y a 22 ans, et qu’à l’époque, il ne connaissait pas Karim Wade. «On ne devient pas actionnaire dans une entreprise comme on entre dans un magasin», a-t-il précisé. Une manière pour lui de dire que l’ancien ministre n’est nullement actionnaire à CICE.

3 milliards de pertes, en 6 ans et 10 mois

L'ancien comptable de ladite société a ensuite confié à Me Diagne que jusqu'au 31 décembre 2012, le capital était de 10 millions. «Les salaires n'étaient pas payés régulièrement. La société rencontrait beaucoup de difficultés. Elle n'était plus en mesure de payer des salaires. Elle devait de l'argent à tout le monde», a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que les pertes peuvent être chiffrées aujourd’hui à 3 milliards, en 6 ans et 10 mois. Et en ce qui concerne la société CD Media, le témoin a soutenu ne pas pouvoir apporter grande information, pas même sur les opérations qui ont été menées dans ce sens. Il a cependant avancé que l'AG ne s'est jamais tenue à AN Media, à cause du conflit à propos des actions.

Sur interpellation d'Henri Grégoire Diop, Mansour Gaye est revenu sur les déficits et sur la manière dont la société a continué à fonctionner. Car ses partenaires continuaient à lui faire des crédits, y compris les institutions de l'Etat. «Quand on est créancier, on cherche à couvrir ses créances. C’est cela qui nous a fait un peu tiquer. Les institutions financières, qui sont rigoureuses, n’essayent pas de couvrir leurs créances. Vous n’étiez pas horrifié par l’état financier de la société, en tant que comptable ?», lui a demandé le Président de la CREI. «J’étais choqué, mais la CICE ne gérait que les affaires comptables», a-t-il servi comme réponse.

A Me Ciré Clédor Ly qui voulait connaître le pourcentage de ces dettes accumulées par la société AN Média, Mansour Gaye a laissé entendre que ceci tournait autour de 37% ou encore 1 milliard 400 millions. Et Pour autant, il ne sait pas s’il y a eu recouvrement pour rembourser ces montants à l’Etat du Sénégal. Il a ensuite déclaré qu’il ne souvient pas de ses déclarations tenues à l’enquête : « Avec le déficit de financement d’An Media, Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aïdara attendaient le financement partiel ou total de Karim Wade», avait-il soutenu devant les enquêteurs. Ainsi, l’avocat de la partie civile Me Yérim Thiam a demandé à ce que le carnet de déclaration du témoin, lors de l’enquête, soit produit.  

Le parquet demande que Mansour Gaye soit poursuivi pour faux témoignage…

En plus de la production du carnet de déclarations de Mansour Gaye, le substitut du procureur spécial Diome a demandé à la Cour de poursuivre Mansour Gaye pour faux témoignage. Selon Antoine Diome, le témoin a réfuté ses déclarations faites devant le juge d’instruction, en ce qui concerne le business plan d’AN média, alors qu’il parle  sous serment.

… La défense de Karim s’y oppose

Cette demande a été jugée mal fondée par les avocats de la défense, notamment celle de Karim Wade. Me Ciré Clédor Ly n’a pas trouvé cela juste, d’autant plus qu’ils ont toujours formulé des requêtes dans ce sens. «Si on demande la production du carnet de déclaration du témoin Mansour Gaye, nous demandons aussi les carnets de déclarations de Pierre Goudjo Agbogba, Pape Mamadou Pouye et de tant d’autres qui ont été victimes de tortures à la gendarmerie», a dit Me Ly, d’un ton ferme. Henri Grégoire Diop a, pour sa part, pris  acte des différentes requêtes qui ont été introduites, avant de mettre fin à l’audition de Mansour Gaye qui reste tout de même à la disposition de la Cour.

NDEYE AWA BEYE

 

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