Publié le 21 Jan 2012 - 12:47
CONCOURS DE REINE DE BEAUTÉ

Pourquoi Miss Sénégal n'aguiche plus ?

Katy Chimère Diaw, miss Sénégal 2009

 

Quel est le nom de la ''Miss Sénégal'' 2010 ? Qui sont ses dauphines ? Quand et où a-t-elle été élue ? A ces questions, bien des Sénégalais ne peuvent, aujourd’hui, répondre sans l’aide de Google… Et c’est bien dommage quand on sait qu’une miss est, avant tout, une vitrine pour son pays.

 

Mais comment en est-on arrivé à ce manque criard de visibilité ? La faute, avant tout, à un défaut de communication unanimement accepté par l’ensemble des acteurs du milieu. Lequel, d'ailleurs, est vu différemment d’une version à l’autre.

 

D'après le photographe de presse, Mamadou Gomis, qui a eu à couvrir nombre de ces élections, la presse en général ne serait même plus conviée aux élections. ''Ce n’est qu’après que cela se soit passé qu’on t’apprend que telle ou telle est miss.

 

Seuls les journalistes proches du cercle des organisateurs sont avertis à temps. Le reste des journalistes ne connaît même pas les miss. Quand on n’assiste à rien, c’est évidemment qu’on ne peut pas en parler'', explique-t-il.

 

Autre côté de la barrière, autre son de cloche. Dave Tandiang, chargé de com' chez Ambroise Gomis, organisateur du concours Miss Sénégal. M. Tandiang dément un quelconque favoritisme et met en cause une intermittence dans la cellule de Com' de l’institution.

 

''Ma collaboration avec Ambroise (Ndlr : Gomis) s’était momentanément interrompue en l’an 2000 parce que j’avais d’autres projets qui me prenaient tout mon temps. Celui qui m’a remplacé ne savait pas s’y prendre et la visibilité de la marque en a fait les frais. Il y a eu une baisse de buzz à laquelle nous essayons actuellement de remédier par le biais de l’Internet, par les réseaux sociaux et les médias en ligne'', affirme-t-il, pronostiquant une remontée en bourse très prochaine de ''Miss Sénégal''.

 

Le choix des miss est, lui non plus, loin de faire l’unanimité. Dave Tandiang jure par tous les dieux que les rumeurs autour d’un certain favoritisme ne sont que calomnies de candidates déçues. Il ajoute dans la foulée que le degré de culture générale est très important dans le choix final de celle qui porte la couronne.

 

Que non ! rétorque Mamadou Gomis. ''Belles et bêtes'' est l’expression qu’il utilise, mettant même en cause cette supposée beauté physique. ''On voit plus de belles filles dans la rue que celles qui montent sur le podium'', argue-t-il, ajoutant que les conditions d’attribution du titre suprême sont pour le moins assez ''louches''.

 

 

Un cas révélateur, l'élection polémique de Katy Chimère Diaw. À ce propos, Dave Tandiang a ses arguments : ''Il n’y a qu’une seule fois où on n’aurait pu nous accuser de favoritisme et c’était en 2009, dans le cas de Katy Chimère Diaw. Le jury, composé uniquement de femmes, était tout acquis à la cause du maire des Parcelles avec qui elle était très proche à l’époque et cela a pu les influencer. Seulement, nous, nous ne l’avons su qu’après coup.''

 

Amalgame entre mannequin et miss

 

Nos deux fins connaisseurs des arcanes du ''glamour et paillettes'' n'émettent également pas sur la même longueur d'onde concernant l'opinion que les Sénégalais se font du statut de Miss. Mamadou Gomis met en cause la mauvaise réputation auprès des parents de certains membres clés du comité électif, à qui on prête d’exiger des candidates certaines faveurs à l’encontre de la bienséance. Une sorte de droit cuissage.

 

En outre, le reporter-photogrtaphe souligne qu'''avant, les miss voulaient faire quelque chose de leur couronne ; elles avaient, par exemple, pour vocation de venir en aide aux enfants de la rue ou mener d'autres actions sociales. Maintenant, cela n’a plus d’importance, il suffit d’avoir le bras long pour devenir Miss. Ce n’est pas basé sur des critères réels et quantifiables, donc plus besoin même d'avoir l’envergure nécessaire à être une ambassadrice du Sénégal''.

 

Dave Tandiang, quant à lui, crie là encore à la rumeur infondée. Il pointe du doigt l’amalgame que fait le commun des Sénégalais entre mannequin et miss. ''Si les parents refusent que leurs filles participent aux élections de miss, c’est parce qu’ils pensent que, puisque leurs filles défilent, elles deviennent des mannequins. Or, on sait tous au Sénégal ce que ça signifie. On entend toujours parler des mannequins dans des affaires d’alcool ou de virées en boîte de nuit, sans compter leurs nombreuses escapades amoureuses… C’est ça qui fait peur aux parents. Or une miss, ce n’est rien de tout cela. C’est pour une année, pas plus et le rôle d’une miss ne se résume à rien d’autre que d’être une ambassadrice de charme et d’élégance pour son pays'', martèle-t-il.

 

Sophiane Bengeloun

 

 

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