Des voleuses, on en trouve énormément, mais professionnelle de la trempe de Adji Ndiaye ne court pas les rues. Sans doute, la seule que le tribunal des flagrants délits de Dakar ait jamais jugé jusque là.

Ménagère, elle a servi comme domestique dans différentes maisons. Mais partout où elle est passée, elle y a laissé ses traces indélébiles. Puisqu'elle a réussi toujours à dévaliser ses employeurs. Ce qui fait que la liste de ses victimes est longue, même si, à ce jour, seulement sept d'entre elles ont porter plainte pour vol commis à l'occasion du service et avec effraction.

Attrait hier à la barre, Adji Ndiaye a reconnu les faits qui lui sont reprochés. C'est à partir de son banc des accusés où elle est restée assise, à cause d'un état de santé défaillant, qu'Adji Ndiaye, d'une voix tenue, a fait sa confession. ''J'ai volé à Maguette Tall un ordinateur et un téléphone portable que j'ai vendu à Bassirou Seck, respectivement à 40.000 F Cfa et à 10.000 F Cfa'', a révélé la jeune dame. L'ordinateur est évalué à 300.000 F Cfa. ''Non ce n'est pas vrai, elle m'a vendu l'ordinateur de marque chinoise à 70.000F'', a rétorqué l'intéressé qui comparaissait en même temps que Ibrahima Niang et Khadim Niang, poursuivis pour recel. En arbitre, l'un des assesseurs du juge a notifié à Bassirou Seck que ''les ordinateurs de marque chinoise sont les meilleurs et les plus chers''.

Revenant à la charge, Adji Ndiaye a poursuivi ses aveux: ''J'ai volé à Gora Diongue une chaîne et des boucles d'oreilles en or (évaluées à 600.000F par la victime). Les boucles je les ai vendues à Ibrahima Niang à 35.000F. À Khadim Niang, j'ai vendu une chaîne en or à 50.000 que j'ai volé à Ngoné Ndoye. Quant à Ndèye Khady Sène, je lui ai dérobé un sac contenant 90.000F, des verres de valeur de marque Gucci et des boucles d'oreilles'', a-t-elle confessé. À peine a-t-elle terminé ses aveux que deux autres victimes se sont déclarées. ''Elle a soutiré un million cinq cent mille dans l'armoire de mon mari et dix mille francs dans la mienne'', a confié Mame Marie. ''Moi, a soutenu Safiètou Ndiaye, elle m'a volé un sac d'oignon et deux bonbonnes de gaz''.

''Je n'ai jamais vu ces dames'', a riposté la prévenue qui, tout au long du procès, n'a eu de cesse de déclarer qu'elle ne sait pas ce qui l'a poussée à voler. Mais pour le procureur, on ne peut pas dire que Adji Ndiaye est victime de cleptomanie. ''Elle s'est laissée tomber dans le vice. Elle a une addiction envers le vol''. Pour la mettre hors d'état de nuire pendant longtemps, il a requis deux ans de prison ferme et six mois de prison ferme contre les receleurs qui, selon lui, ne doivent pas bénéficier d'un meilleur sort, parce qu'ils encouragent le voleur à voler. Sur sa première réquisition, le tribunal l'a suivi en condamnant à Adji Ndiaye à deux ans d'emprisonnement ferme et à payer la somme de 2 millions F Cfa à Gora Diongue, 350.000 F Cfa à Ngoné Ndoye, 1 million F Cfa à Safiètou Ndiaye.

Mais également à payer solidairement avec Ibrahima Niang, lui relaxé, 300.000 F Cfa à Maguette Tall. Quant à Bassirou Seck et Khadim Niang, ils ont écopé de six mois dont un mois ferme d'emprisonnement.

ASSANE MBAYE