Publié le 27 Sep 2012 - 20:10
CONDAMNATION DE CHEIKH YÉRIM SECK

 Les juristes divisés sur la peine

 

La peine de trois ans infligée hier à Cheikh Yérim Seck divisent les juristes. Certains estiment que le journaliste devait être relaxé ou condamné à une peine inférieure. Les autres estiment que le tribunal devait aller au-delà, pour se conformer à la loi.

 

 

Une peine de 5 à 10 ans. C’est la fourchette que demandait Me Borso Pouye, une des avocates de Ndèye Aïssata Tall, au tribunal, pour condamner le journaliste Cheikh Yérim Seck. Mais dans son délibéré, le tribunal a condamné le directeur de publication du site d’informations à trois ans de prison ferme. Ceci conformément au réquisitoire du Parquet.

 

Les juristes sont partagés sur cette décision du juge. Un avocat interrogé sur la question se dit surpris par cette peine. Il estime que le tribunal aurait pu infliger une peine de 2 ans ferme, d’autant plus qu’il n’y a aucune circonstance aggravante. Mieux, pense un de ses confrères, le journaliste aurait pu être relaxé, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute. ''J’ai bien suivi cette affaire. À mon avis, il n’y a pas de viol'', soutient notre interlocuteur qui capitalise 25 ans de barreau. Selon ses arguments, ''aucune des circonstances pour qualifier les faits de viol n’est réunie’’. Et un de ses jeunes confrères de renchérir : ''Disons que les juges ont pris partie pour leur collègue, mais la peine est lourde.''

 

Un juge : ''La défense ne devait pas s’empresser de faire appel''

 

Une allégation battue en brèche par un juge au tribunal départemental de Dakar. ''Je vous assure que Cheikh Yérim l’a échappé. Il aurait pu prendre cinq ans’’. Pour étayer ses dires, le juge sort un exemplaire du Code pénal sénégalais et lit l’article 320. Celui-ci dispose en substance que ''tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise'' constitue un viol. Pour la sanction, l’article d’indiquer que ‘’L’auteur d’un viol risque une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans. Cette peine est aggravée, lorsque la victime est âgée de moins de 13 ans ou lorsqu’il y a des circonstances aggravantes. Dans ce cas, le maximum de la peine, soit 10 ans, sera prononcé’’.

 

Ces précisions faites, le juge fait remarquer que le Parquet a violé la loi. Il pense également que le comportement de Ndèye Aïssata Tall a été déterminante sur la décision de ses collègues. ''Il a certainement bénéficié de circonstances atténuantes, parce qu’il y a un consentement dans le déplacement de la victime'', argue le juge. ''En matière de viol, il ne peut y avoir de circonstances atténuantes'', rétorque un autre magistrat. Pour ce juge à la Cour d’Appel de Dakar, ''personne ne va à un rendez-vous pour être violé. Si la fille se doutait à un moment que Cheikh Yérim allait abuser d’elle, elle ne serait pas partie'', martèle-t-il. Et d’ajouter : ''La peine de trois ans est illégale, car dès que le délit est constitué, il y a une peine prévue. Ici c’est de 5 à 10 ans''. A son avis, les avocats devraient réfléchir avant de faire appel. ''Si j’étais de la défense, je ne m’empresserais pas d’interjeter appel’’, conclut notre interlocuteur.

 

FATOU SY

 

 

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