Publié le 26 Aug 2017 - 17:26
CONDAMNE A 6 MOIS POUR VOL

Le ferrailleur ferré par Dame justice

 

Modou Diop a écopé, hier, d’une peine de 6 mois ferme. Le tribunal des flagrants délits de Dakar l’a reconnu coupable de vol de trois moteurs de véhicule au préjudice d’Oumar Guèye Bâ.

 

Corpulent. Coiffure dégradée. Lacoste blanc serré autour du cou. Devant le micro, les mains posées sur le prétoire, en face des juges, Modou Diop a cherché, par tous les moyens, à se sortir des griffes de Dame justice. Il a servi, hier, lors de son face-à-face avec les magistrats du siège, une ribambelle d’explications afin de se blanchir comme neige et échapper à la sanction pénale. En vain ! Il s’est finalement résolu à passer aux aveux. Ainsi, le président du tribunal des flagrants délits lui a infligé 6 mois d’emprisonnement.

Natif et originaire de Touba, domicilié à la Médina, Modou est un ferrailleur. Ses 18 ans de manœuvre, comme il l’a affirmé, viennent d’être éclaboussés par un ‘‘vol frauduleux’’ de moteurs de véhicule.

Dans un premier temps, il a raconté avoir fait la connaissance d’un certain Cheikh Thiam qui s’est aussitôt montré très intéressé par son travail de ferrailleur. Il lui a révélé qu’il disposait de 3 moteurs de véhicule à vendre. ‘‘Quand nous sommes tombés d’accord, je lui ai remis 100 000 F CFA’’, a-t-il déclaré d’une voix rauque, le regard absent. Le lendemain (un dimanche) il est allé, dit-il, récupérer le matériel dans un atelier que lui aurait indiqué ‘‘son fournisseur’’. En cours de route, il a rencontré Assane Thiaw, un charretier qui a assuré pour lui le transport à raison de 8 000 F CFA. C’est ainsi que ‘‘ses trois moteurs’’ ont été hissés à bord de la charrette. ‘’Quelques minutes après notre départ, poursuit le ferrailleur, nous avons été interpellés par trois individus en tenue civile. Par la suite, j’ai su que c’étaient des policiers’’. Mais il a nié de façon formelle être l’auteur du vol dont il est accusé.  

Dans son réquisitoire, le substitut du procureur de la République a qualifié ‘‘d’irraisonnable’’ le fait d’acheter trois moteurs de véhicule à 100 000 F. ‘‘Sur le marché, le prix d’un moteur de véhicule dépasse largement la somme annoncée’’, a-t-il martelé. Sur ce, il a requis 2 ans de prison. Car, selon le représentant du parquet, devant le juge d’instruction, il avait bel et bien reconnu avoir orchestré seul ce vol. Le procès-verbal, a-t-il ajouté, n’a pas été ‘‘modifié d’un iota’’ et c’est uniquement parce que ‘’sa famille est présente dans la salle’’ qu’il a commencé à changer de version.

La partie civile rétablit les faits…

En ce qui concerne le charretier Assane Thiaw, poursuivi pour les faits de complicité et de recel, il a plaidé la relaxe, dans la mesure où, souligne-t-il, il ne savait pas que les objets transportés à bord de sa charrette étaient volés. Interrogé sur ses liens avec Cheikh Thiam, le prévenu a répondu, d’un ton hésitant, qu’ils se sont seulement connus, depuis quelque temps, à la Médina. ‘‘Quand il a su que j’ai été arrêté par la police, il a pris la fuite. Je n’arrive même pas à le joindre par téléphone’’, a-t-il confié au tribunal, transpirant à grosses gouttes.

 ‘‘Le dimanche 13 août, vers les coups de 14 h, j’ai été joint par téléphone par un de mes apprentis m’informant que des voleurs s’étaient introduits dans mon atelier et avaient réussi à embarquer trois moteurs à bord d’une charrette’’, a indiqué le plaignant. Après le coup de téléphone, le septuagénaire s’est rendu sur les lieux où on lui a indiqué Modou Diop et Cheikh Thiam comme les malfaiteurs. ‘‘Les trois moteurs qu’ils ont pris ne m’appartenaient pas. Un ami me les a confiés. Chacun coûte 3 000 000 de F CFA’’, a-t-il fait savoir.

Le prévenu passe aux aveux…

A la suite de ces propos, les juges n’ont plus lâché le ferrailleur. Ce dernier a fini par faire son mea culpa. Sous le feu roulant des questions du président du tribunal, Modou Diop a fini par déclarer, cafouillant et bredouillant : ‘‘Je reconnais être l’auteur du vol. En réalité, le nommé Cheikh Thiam n’existe pas et Assane Thiaw n’en est pour rien dans cette affaire. J’avais inventé ce nom pour trouver une excuse. Je demande la clémence de la justice.’’

 Cette clémence, le ferrailleur de 28 ans l’a obtenu à moitié. Puisque le juge l’a retourné à Rebeuss où il va purger 6 mois de détention, au lieu des 2 ans requis par le parquet.   

LAMINE DIAGNE (STAGIAIRE)

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