Publié le 3 Apr 2019 - 22:51
CONDAMNE POUR TROMPERIE SUR LA QUALITE D’UNE MARCHANDISE

L’ex-agent de Cbc vendait l’eau de robinet dans des bouteilles d’Aquaterra

 

Un an dont 3 mois ferme. C'est la peine que le tribunal des flagrants délits de Dakar a infligée, hier, à Amara Diambo. Le prévenu a été déclaré coupable de tromperie sur la qualité d’une marchandise, pour avoir commercialisé de l'eau de robinet qu'il a conditionnée dans des bouteilles d'Aquaterra. Ses deux collaborateurs ont été relaxés.

 

Le tribunal des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar a jugé, hier, l’affaire de trafic sur les eaux Aquaterra, Ba Eau Bab et de Kirène évoquée par ‘’EnQuête’’ dans son édition du 26 mars dernier. A l’issue du procès, le cerveau de cette affaire, Amara Diambo, a écopé de 1 an dont 3 mois ferme. L’ancien chef logistique à la société Canadian Bottling Compagny (Cbc) a été reconnu coupable de tromperie sur la qualité de la marchandise et de mise en vente d’un produit alimentaire sans autorisation. En revanche, il a été relaxé du délit d’association de malfaiteurs. Idem pour ses deux collaborateurs Mamadou Issa Ba et Ibou Ndao, relaxés également du délit de complicité. En outre, les deux employés de Cbc, Baba Diop et Cheikh Tidiane Diop, sont reconnus coupables de vol à l’occasion du service. Ils sont condamnés à 2 mois assortis du sursis.

Les prévenus ont été arrêtés, suite à une dénonciation anonyme faite au niveau de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. L’informateur avait révélé aux gendarmes que l’ex-agent mélangeait les bouteilles d’eau minérale qu’il achète à l’usine à des bouteilles remplies d’eau de robinet filtrée quotidiennement pour les distribuer aux clients qui lui ont passé des commandes, croyant qu’il travaille toujours pour Cbc.

Le cerveau prétexte l’attente d’une demande d’autorisation

Face aux juges, tous les prévenus ont clamé leur innocence, à l’exception d’Amara Diambo. Il a reconnu les faits, tout en alléguant qu’il s’agissait de l’eau filtrée et qu’il était dans l’attente d’une autorisation des services compétents, puisqu’il avait déposé une demande d'autorisation. Mamadou Issa Ba a soutenu qu’il ignore tout de cette affaire, car il se contentait de faire les livraisons. Ibou Ndao a, lui, déclaré qu’il était employé pour recharger les bouteilles et percevait un salaire mensuel de 60 000 F. Baba Diop a reconnu avoir vendu des bouchons de bouteilles d’Aquaterra à Amara Diambo. Toutefois, il a allégué que c’était une seule fois et il s’agissait de bouchons inutilisables. 

Leurs dénégations n’ont pas convaincu l’avocat Me Amadou Sow, aux yeux de qui la culpabilité d’Amara ne souffre d'aucune contestation. Surtout que, dit-il, l’ex-agent a été licencié pour malversations. Pour le préjudice, il a réclamé 10 millions de francs Cfa pour le compte de l’entreprise Cbc. Ibrahima Édouard Cissé à qui Amara Diambo a vendu la machine pour filtrer l’eau, a réclamé 1 million 250 mille francs Cfa.  

Abondant dans le même sens, la représentante du parquet a requis 1 an ferme contre Amara Diambo et la relaxe pour ses deux employés. ‘’C'est une position juste que le parquet ait demandé la relaxe de Bâ et Ndao, mais c’est injuste pour Diambo, du point de vue légal et des faits’’, a fulminé Me Abdou Dialy Kane. Lui et son confrère Bamba Cissé ont déploré l’absence de test scientifique pour analyser la qualité de l’eau vendue par leur client.  De l’avis de Me Kane, il n’y a pas de preuve de tromperie et le dossier ne montre pas à qui Amara Diambo a vendu la marchandise. Or, poursuit-il, ‘’la loi exige l'existence d'un contractant qui a été trompé’’.   

Me Cissé a expliqué, pour sa part, que leur client n'a pas fabriqué l'eau, donc, le texte ne lui est pas applicable. ‘’La réalité, c'est qu'il a pris de l'eau de robinet, en la mettant dans un emballage appartenant à Aquaterra. Ceci relève du délit de contrefaçon. Donc, le parquet ne peut pas requérir la peine maximale, mais plutôt une contravention‘’, argue-t-il. Par conséquent, une peine d'amende suffit largement, surtout que le prévenu ‘’est un commerçant qui a fauté et l'a reconnu’’. L’avocat s’est attaqué à la demande formulée par leur confrère de la partie civile. ‘’Il n'y a plus de préjudice, car tout son matériel est confisqué. Je ne vois pas la nécessité d'une détention. Le préjudice est moral, or la partie civile a eu l'outrecuidance de réclamer la somme exorbitante de 10 millions’’, a asséné Me Cissé qui a plaidé une application bienveillante de la loi.

Cependant, après délibéré, tous les prévenus ont recouvré la liberté, sauf leur client. Toutefois, Amara Diambo ne paiera que la somme globale de 2 millions de dommages et intérêts : 1 million pour Cbc et 1 million pour le sieur Cissé. 

FATOU SY

Section: