Publié le 13 Apr 2017 - 10:16
CONDAMNEE A 2 ANS DONT 2 MOIS DE PRISON

Nogaye Sène accouche d’une fille et l’abandonne dans un champ de patates

 

Pour sa 4ème grossesse hors mariage avec un homme qui en refuse la paternité, Nogaye Sène, la vingtaine bien sonnée, a préféré accoucher toute seule avant d’abandonner le nouveau-né dans un champ de patates. Hier, elle a pris 2 ans dont 2 mois ferme pour délaissement d’un nouveau-né dans un lieu solitaire. L’enfant a été retrouvé vivant.

 

L’avocat de la défense a eu beau titiller la sensibilité du tribunal, pour faire échapper sa cliente Nogaye Sène au glaive de Dame justice, rien n’y a fait. Nogaye Sène a été condamnée à 2 ans dont 2 mois ferme. Une peine toutefois légère qui a fait penser que le tribunal n’a pas été insensible à sa plaidoirie. En effet, la robe noire a invité le juge à analyser les circonstances dans lesquelles l’affaire s’est produite. Laquelle a valu à la jeune fille d’être placée sous mandat de dépôt, depuis le 10 avril dernier à la Maison d’arrêt des femmes (Maf) sise à Liberté 6. Poursuivie pour délaissement d’un nouveau-né dans un lieu solitaire, Nogaye Sène a eu le malheur d’avoir 4 enfants hors mariage. Les 3 premiers étant issus de pères différents. Des petits qui vivent toujours sous sa responsabilité.

Et là, elle devait mettre au monde un nouveau bébé d’un autre homme, Mbaye Sène. Qui, d’après le conseil de la défense, a nié sa paternité. Ainsi, Nogaye Sène s’est retrouvée seule face à son destin ‘’qui ne l’honore pas’’. Sa famille ne s’attendait pas à revivre cette situation. La fille a décidé de garder la grossesse et a préféré cacher à son entourage ce qui lui était arrivé. Elle ne voulait pas être la risée de son quartier. Dans la précarité où elle vit, la prévenue a même exposé sa vie en danger en ne se rendant pas à l’hôpital pour respecter ses visites prénatales.

La prévenue invoque l’inconscient pour justifier son acte

Debout devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, Nogaye Sène a sollicité la clémence. ‘’Je n’allais pas aux consultations parce que je n’avais pas d’argent. J’ai des problèmes pour subvenir aux besoins de mes enfants et cette grossesse était celle de trop. Cependant, je ne sais pas ce qui m’a poussé à agir de la sorte. Je n’étais pas consciente de mes actes’’, a juré la prévenue. Qui précise : ‘’C’est après mon accouchement que j’ai retrouvé mes esprits. J’ai déposé le bébé à côté des broussailles qui se trouvent derrière notre maison. Sur le chemin du retour, j’ai rencontré deux garçons que j’ai informé de ce j’avais fait.’’ C’est ainsi que l’enfant a été sauvé.

Le ministère public d’indiquer que le nouveau-né a été retrouvé dans un champ de patates à Malika, aux environs de 14 heures, après que sa mère l’a abandonné sur place. Bien couverte, le nouveau-né, une petite fille, a été hier, tout au long du procès, dans les mains de l’une de ses tantes. Ainsi, arguant que la matérialité des faits ne souffre d’aucune contestation, il a renseigné que le Code pénal ne délimite pas le temps pour entrer en voie de condamnation. Pour le parquet, le seul fait de laisser un enfant qui vient de naître dans un espace solitaire peut entraîner des conséquences néfastes sur sa santé. Il est d’avis que Nogaye Sène avait la volonté d’enfreindre la loi. ‘’La prévenue a voulu jouer à la folle. Alors qu’elle ne souffre d’aucun trouble mental pour dire qu’elle ne connaissait pas ce qui l’a poussée à commettre ce délit. Le jour de son accouchement, elle a prétexté un mal de dent, avant de déclarer qu’elle souffrait de paludisme. C’est sur ces entrefaites qu’elle est partie de chez elle, avant d’accoucher toute seule’’, relève le Substitut du procureur qui a requis une peine d’emprisonnement de 2 ans dont 1 an ferme.

‘’La condamner, c’est condamner son enfant’’

Un réquisitoire que ne partage pas le conseil de la défense. ‘’Elle ne voulait pas être marginalisée par la société et malgré tout, elle n’a pas avorté. Mieux, Nogaye Sène n’a pas tué son enfant pour commettre le crime d’infanticide. Elle mérite d’être aidée, car elle vient de mettre au monde une petite fille. Et depuis son arrestation, elle a repris son bébé, car elle doit l’allaiter. Donc, la condamner, c’est condamner son enfant’’, a dit l’avocat.

A l’en croire, sa cliente est dans le regret absolu et que c’est la première fois qu’elle est traduite devant une juridiction pour des faits similaires. Sur ce, il a demandé au tribunal de prononcer une peine d’avertissement assortie de sursis, ne serait-ce qu’à titre humanitaire. ‘’La justice constitue un acteur d’équilibre de la société. Ainsi, vous devez permettre à la fille de sortir le plus vite possible de la prison pour s’occuper de son bébé’’, a-t-il rappelé. Finalement, il a été entendu, avec cette peine de 2 ans dont 2 mois ferme.

AWA FAYE

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