Publié le 15 Jan 2017 - 21:08
CONFERENCE DE PRESSE DU MAIRE DE DAKAR

Médina en état de siège

 

Le temps d’une conférence de presse animée hier par le maire de Dakar, Khalifa Sall,  toute la Médina a été quadrillée par un important dispositif sécuritaire.

 

Il a fallu hier l’annonce du déplacement de Khalifa Sall à la Médina où il devait animer une conférence de presse dans l’après-midi, pour que des éléments du Groupement d’intervention mobile (GMI) de la Police nationale prennent d’assaut les artères de ladite commune.

Déjà à 15h, un important dispositif sécuritaire est déployé sur les alentours de la mairie de la Médina. Une centaine de policiers prêts à intervenir à tout moment, jalonnent l’axe-routier reliant le rond-point Sahm à la Poste de la Médina. Au même moment, toutes les issues donnant accès à cet endroit sont bloquées par les forces de l’ordre, obligeant ainsi les usagers de la route à faire des détours pour rallier le centre-ville. Aucune mobilisation n’est permise aux militants et sympathisants de l’édile de Dakar sur le parvis de la mairie de la Médina. ‘’Monsieur, circulez ! Ne restez pas là !’’ ordonne d’un ton sec un policier à des jeunes venus assister à la rencontre. Ils s’exécutent aussitôt non sans préciser à leur interlocuteur qu’ils sont venus de manière pacifique. ‘’Nous sommes venus en paix, nous ne voulons créer aucun problème’’, lance Mansour Ndiaye. Le militant du PS fustige ainsi le déploiement de cet important dispositif sécuritaire rien que pour la conférence de presse de Khalifa Sall.

‘’On dirait qu’aujourd’hui, c’est Yahya Jammeh qui doit se déplacer à la Médina’’, s’étonne-t-il tout en dénonçant une provocation du régime. ‘’A la limite, l’Etat fait dans la provocation en déployant autant de forces de l’ordre dans le quartier. Depuis l’arrestation de Bamba Fall, nous essayons de garder notre calme mais il ne faut pas nous pousser à bout. Cela risque de dégénérer. Nous ne sommes pas des délinquants, nous sommes des citoyens épris de justice et de paix sociale’’, fulmine-t-il.

Selon le jeune Mansour Ndiaye, ‘’le déploiement de cet important dispositif sécuritaire prouve que ce n’est pas seulement Ousmane Tanor Dieng qui est derrière cette tentative de liquidation d’adversaires politiques mais plutôt les tenants du pouvoir qui ont mobilisé toute l’armée, rien que pour les combattre’’. ‘’On sait tous que Tanor ne peut pas déployer tous ces policiers. C’est Macky Sall lui-même qui est à l’origine. Mais qu’il libère notre maire ou nous allons descendre dans les rues pour manifester’’, rouspète-t-il.

‘’On a comme l’impression qu’il n’y a plus de démocratie au Sénégal. Je trouve que c’est exagéré de déployer tout ce dispositif sécuritaire rien que pour surveiller une conférence de presse. Nous nous voulons pacifiques, nous ne voulons pas verser dans la violence. Mais il faut qu’il libère le maire Bamba Fall. Sinon on est prêt à porter le combat quoi qu’il coûte’’, menace pour sa part son camarade Matar Guèye. Membre de la coordination de Mbacké du Mouvement And dolel Khalifa (ADK), il pense que le maire de Dakar est la principale cible des autorités étatiques. ‘’Khalifa Sall est devenu maintenant une menace pour le régime. Les tenants du pouvoir veulent l’atteindre en arrêtant Bamba Fall. Mais s’ils sont courageux, ils n’ont qu’à le faire et ils verront ce qui va s’ensuivre’’, débite-t-il.

‘’Bamba Fall n’a pas sa place en prison’’

Ce qui était en fait parti pour être une conférence de presse animée par le maire de Dakar a finalement été transformé en meeting. De partout, les militants et sympathisants sont venus pour témoigner leurs soutiens au maire de la Médina arrêté et placé sous mandat de dépôt ainsi que huit autres jeunes et responsables socialistes, dans le cadre de la casse de la salle du Bureau politique du Parti socialiste le 5 mars 2016 dernier. Ces jeunes arborent des pancartes, banderoles, t-shirts et autres supports de communication dans lesquels ils véhiculaient des messages.

‘’La Médina exprime tout son soutien à son maire Bamba Fall’’, ‘’Nous disons non à l’arbitraire et à la tentative de liquidation politique’’, ‘’Touche pas à mon maire, libérez Bamba Fall et les détenus politiques’’, pouvait-on lire sur certaines pancartes et banderoles. A côté de ces slogans, d’autres messages sont véhiculés sous forme de tracts par des jeunes visiblement engagés à mener le combat pour la libération de Bamba Fall.

‘’Nous sommes prêts à donner nos vies pour la libération de Bamba Fall. Il nous a beaucoup aidés. Si nous ne faisons pas les trottoirs, c’est grâce à notre maire. On ne s’en cache pas. Il nous a trouvés dans la rue, il nous a donné des emplois’’, déclare Marième Ndiaye. Entourée de quelques-unes de ses amies, elle soutient : ‘’Bamba Fall est un maire qui travaille, qui investit beaucoup dans le social et qui n’a pas sa place en prison. C’est dommage qu’il soit combattu par le régime qui sait bien que s’il ne l’élimine pas politiquement, il va le coiffer au poteau aux prochaines élections législatives. Ce que nous regrettons dans cette affaire, c’est le fait que la direction du Parti socialiste se laisse abuser de cette sorte par un régime qui est prêt à tout pour sortir victorieux des prochaines joutes électorales.’’   

ASSANE MBAYE

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