Publié le 4 Mar 2015 - 17:17
CONSEQUENCES DE L’APPEL DU PARQUET

Massaly en prison, pendant encore 1 à 2 mois

 

C’est la désillusion chez Mouhamadou Lamine Massaly. Libéré provisoirement par le tribunal des flagrants délits de Dakar, le parquet l’a maintenu en prison en faisant appel.

 

En prison depuis vendredi dernier, Mouhamadou Lamine Massaly y reste. Le tribunal des flagrants délits de Dakar lui a pourtant accordé la liberté provisoire, hier, conformément à la volonté du substitut Saliou Ngom qui a fait comprendre au tribunal et à la défense que le parquet était favorable à une liberté provisoire, même si du reste il craignait un risque de trouble à l’ordre public.

Alors que ses proches attendaient de le revoir, le même parquet a fait entrave à la décision du tribunal, en faisant appel. Ainsi, la mise en liberté est suspendue. Pire, Mouhamed Massaly risque de voir sa détention préventive prolongée. Son procès prévu mardi prochain n’aura pas lieu. Car, le dossier va être transmis à la Cour d’appel de Dakar. Selon les explications d’un avocat, il s’agit de toute une procédure avant que le juge d’appel ne statue sur l’appel du parquet.

‘’Le procureur de la République produit un rapport d’appel. Ensuite le dossier est transmis à la Cour d’appel. Par la suite, le parquet général fait ses réquisitions écrites avant que le dossier ne soit enrôlé’’, explique notre interlocuteur, tout en précisant que, dans certains cas, cela peut durer 1 à 2 mois. Pour ne pas en arriver là, Me Abdoul Abou Daff renseigne que la défense fera les diligences nécessaires pour que le dossier soit enrôlé dans les plus brefs délais par la Cour d’appel.

Quoi qu’il en soit, la défense semble être prise de court par cette volte-face du parquet. Mes Adama Fall et Bamba Cissé ne comprennent pas que le parquet qui s’est montré favorable puisse ‘’changer de position’’ quelques heures après. Si Mes Cissé et Abdoul Abou Daff disent ‘’prendre acte’’, Me Fall plaide pour la nécessité urgente de réformer le code de procédure pénale visant à diminuer le pouvoir du parquet. ‘’Au-delà du cas de Massaly, il est inadmissible que la liberté d’une personne en jugement puisse dépendre du Procureur. Cela ne doit dépendre que des juges pour éviter un abus de pouvoir du parquet dans certains cas’’, soutient le jeune avocat libéral.

Massaly s’est débiné à la gendarmerie

Poursuivi pour diffamation contre un corps constitué, la gendarmerie, outrage à agents de la force publique dans l’exercice de leur fonction et violences et voies de faits, Mouhamadou Lamine Massaly n’a pas assumé l’intégralité des propos qui lui valent la prison. Libéré après son déferrement au parquet, la semaine dernière, le jeune wadiste avait déclaré avoir été kidnappé par les pandores. Allusion faite à la garde-à-vue dont il a fait l’objet le lundi, suite à une plainte de Mme Aminata Tall, présidente du Conseil économique, social et environnemental.

Ainsi, les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Colobane lui ont demandé sur quoi il se fondait pour faire une telle déclaration. Le jeune politicien leur a répondu: ‘’Je n’ai jamais tenu de tels propos, d’ailleurs, je l’ai même dit dans la presse.’’ Massaly a également contesté avoir qualifié la gendarmerie de politique. ‘’Je n’ai jamais dit cela. J’ai juste dit que j’ai dormi sur les carreaux.’’ Autre dérobade, il avait déclaré : ‘’Ces gens-là ont donné des instructions à leur gendarmerie politique pour me liquider.’’

A la section de recherches, il s’est exclamé lorsque les enquêteurs les lui ont rappelés. ‘’Comment pourrais-je tenir de tels propos contre la gendarmerie qui est une institution que je respecte beaucoup…’’, a-t-il lancé à ses interlocuteurs. Lorsque les pandores lui ont demandé s’il était en mesure d’identifier les personnes qui l’ont torturé comme il l’a soutenu après sa libération, le jeune libéral a donné une explication. ‘’Je n’ai jamais été torturé ni brutalisé pour me faire retirer mes propos, mais le fait d’avoir dormi sur les carreaux m’a atteint psychologiquement et j’ai dit que c’est une torture.’’

FATOU SY

 

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