Publié le 25 May 2016 - 18:56
CONSEQUENCES DE LA DEPIGMENTATION

L’arrêt brutal cause l’insuffisance surrénalienne 

 

Les femmes qui font la dépigmentation sont exposées à de nombreuses conséquences telles que les infections, l’obésité de la face et des parties supérieures du tronc, le diabète, l’hypertension artérielle. Et son arrêt brutal est assujetti à une insuffisance surrénalienne qui peut être mortelle.

 

‘’Les pathologies liées au comportement’’, tel est le thème des XVIIèmes journées médicales de l’Hôpital Principal de Dakar prévues du 26 au 29 mai prochain.  Les maladies concernées sont très variées, mais les échanges de ces journées porteront sur la dépigmentation artificielle, le tabagisme, l’Addiction et le dopage. Selon le président du comité consultatif, Professeur Coumba Diouf Niang qui présidait hier une conférence de presse en prélude à ces rencontres, ce sont des maladies essentiellement provoquées par un comportement imprudent, inadéquat ou abusif de la personne malade elle-même. Et cette situation place l’individu concerné au cœur de sa propre prise en charge puisqu’il est la principale cause de sa maladie.

Pour le Professeur Fara Boury Gning, la dépigmentation artificielle est un phénomène qui dépasse le cadre médical. C’est un fléau plutôt social. Selon lui, il y a d’énormes conséquences en rapport à cette pratique. Il s’agit d’abord, dit-il, de complications dermatologiques. ‘’Ce sont les complications les plus manifestes et les plus évidentes puisqu’il s’agit de l’utilisation directe du produit sur la peau. C’est des complications infectieuses qui sont parfois graves, des infections dues à des bactéries. Ces infections ne surviennent pas seulement chez des patients qui pratiquent la dépigmentation artificielle, mais elles revêtent un caractère de gravité sur ce terrain en rapport avec le produit qui est utilisé. Il s’agit le plus souvent de dermocorticoïde qui favorise ces infections graves sur ce terrain’’, a-t-il expliqué.

 D’autres infections peuvent survenir avec un certain caractère de gravité. Ce sont des infections telles que la gale, qui sur ce terrain donne un aspect diffus. En dehors des complications infectieuses, a-t-il soutenu, il y a d’autres types qui sont en rapport avec la diffusion systémique du produit (corticoïde). ‘’C’est-à-dire : le produit est appliqué certes sur la peau, mais du fait des quantités importantes, massives appliquées dessus, il a tendance à pénétrer dans le sang et à provoquer des effets néfastes sur le système endoctriné de ces patients. La femme qui est adepte de cette pratique a le plus souvent un aspect assez particulier. Elle peut être victime  d’une obésité qui se manifeste au niveau de la face et des parties supérieures du tronc.

Cette obésité peut être responsable d’autres maladies. En particulier des maladies métaboliques. Ce sont des femmes qui sont exposées au diabète, qui peuvent faire une hypertension artérielle et qui peuvent parfois, lorsqu’elles décident d’arrêter de pratiquer la dépigmentation, être sujette à des complications telle que l’insuffisance surrénalienne. C’est des pathologies qui tuent’’, précise Prof Gning. Aussi, à en croire ce dernier,  l’insuffisance surrénalienne dans sa forme aigüe est mortelle. Cela est dû à l’arrêt brutal de la dépigmentation, qui fait que les surrénales de l’adepte de cette pratique qui ne répondent plus et qui n’ont plus fonctionné pendant très longtemps ont tendance à dormir.  Et lorsqu’on leur demande de travailler à nouveau elles sont toujours endormies’’.

 De son côté, Docteur Tabara Sylla estime que la dépigmentation artificielle constitue une drogue pour les adeptes. ‘’C’est une addiction, une dépendance qu’on doit combattre tant sur le plan psychologique que psychosocial’’. Ainsi, poursuit-elle,  ‘’on pourra mieux prévenir la dépigmentation et toutes les complications induites’’.

Comment lutter contre les infections liées aux soins

Ces journées médicales de l’HPD permettront aussi au personnel paramédical de diverses structures sanitaires du pays de partager leur expertise sur des sujets d’actualité tels que la ‘’prévention des infections liées aux soins’’.  Selon le professeur Coumba Diouf Niang, les  infections liées aux soins sont une réalité mondiale. ‘’La médecine a le rôle de guérir, mais elle utilise des moyens de plus en plus évasifs notamment la chirurgie. Les normes veulent que chaque structure hospitalière ait un CLIN (comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales). Le problème, ce n’est pas seulement de constater la réalité du problème - parce qu’il y a des infections en permanence dans les structures - mais de lutter contre cela et nous avons ce CLIN ici qui regroupe les biologistes et tous les acteurs de l’hôpital pour qu’il y ait le moins possible d’infections liées aux soins’’, a-t-il fait savoir.

VIVIANE DIATTA

 

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