Publié le 23 Jul 2016 - 21:05
CONSEQUENCES DU CONFLIT EN CASAMANCE

Plus de 14 000 personnes réfugiées en Gambie et Guinée Bissau 

 

L’ancien maire de Ziguinchor, Robert Sagna, a indiqué hier à Dakar, lors d’un symposium organisé dans le cadre de la 6e édition de « La caravane pour la paix et le développement en Casamance », que le conflit dans cette zone du Sénégal a provoqué le déplacement de plus de 14 mille personnes en Gambie et Guinée Bissau. Se félicitant de l’accalmie constatée ces derniers temps, M. Sagna et les autres participants ont aussi plaidé pour une implication des populations locales dans la gestion dudit conflit.

 

Le conflit en Casamance a été analysé en profondeur, hier à Dakar, dans le cadre des 72 heures pour la paix et le développement en Casamance initiées par le lutteur Balla Gaye 2, des acteurs politiques et de la société civile. Les réflexions ont tourné autour du thème : « Regards croisés sur le processus de reconstruction de la paix en Casamance ». Selon l’ancien maire de Ziguinchor, qui a modéré le débat, lorsque le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) combattait pour son indépendance, beaucoup de personnes se sont déplacées pour se réfugier en Guinée Bissau et en Gambie. « Dans ces deux pays, nous avons, si on totalise, plus de 14 000 personnes réfugiées. Aussi, le conflit a des conséquences sur la santé, l’économie, l’éducation des populations. D’une manière générale, il y a eu plus de 21 villages qui ont disparu de la carte de la Casamance », révèle Robert Sagna, coordonnateur du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC).

D’après lui, au niveau de la Gambie, le Président Yaya Jammeh est au cœur de ce conflit. Il le considère comme une personne ressource « fiable ». « Nous discutons avec lui, parce qu’il suit personnellement ce conflit. Et je pense qu’il ne faut pas exagérer en disant qu’il soutient la rébellion. Certaines accusations me paraissent excessives. Parce que  notre collaboration a toujours été positive dans la recherche de la paix en Casamance. Il a contribué à la libération des militaires prisonniers qui avaient été pris en otage par Salif Sadio. Donc, je pense qu’il faut relativiser les choses, et essayer de positiver », suggère-t-il.

« Le MFDC local prend les décisions majeures »

Selon toujours l’analyse de Robert Sagna, qui considère que le MFDC est divisé en cinq maquis principaux, la situation sur le terrain est « globalement » dirigée par César Atoute Badiate. « Depuis Vélingara jusqu’à la frontière avec la Gambie, il est l’homme fort sur le terrain. Il contrôle tout. Sur les cinq principaux maquis, les quatre sont ensemble. Il n’y a que celui de Salif Sadio qui n’a pas encore rallié les autres », souffle M. Sagna. A travers cette unité, les membres du Mfdc, dit-il, veulent convoquer des assises autour de la réconciliation. Ceci, explique-t-il, pour qu’ils puissent parler d’une seule voie avec le Gouvernement du Sénégal, avoir le même objectif renforcé, un représentant unique, etc.

« Et nous avons encouragé ce processus de réconciliation du MDFC. Parce que la stratégie qui consiste à vouloir négocier la paix maquis par maquis, nous considérons que ça ne peut pas prospérer. Pratiquement, ils sont au bout de cette réconciliation. Nous pensons que Salif Sadio, qui envoie souvent un de ses membres à nos rencontres, ira rejoindre ses autres collègues », espère-t-il, avant de noter que l’influence du MFDC établi à l’étranger est minime. Généralement, constate M. Sagna, ladite influence se traduit par une assistance « occulte » qu’ils peuvent apporter aux combattants du MDFC. A cet égard, Robert Sagna de constater : « Les décisions majeures sont prises par le MDFC local ».

Saliou Sambou, ancien Gouverneur : « Il faut agir sur le terrain » 

Pour l’ancien Gouverneur de la région de Dakar, le MDFC est composé de différents éléments de chaque village en Casamance. Ainsi, pour apporter une solution à ce conflit, Saliou Sambou prône une gestion participative qui implique les populations locales. « Si vous voulez qu’on règle le problème, il faut qu’on s’adresse aux villageois, et que chacun prenne ses responsabilités pour sortir les enfants du maquis. Et nous nous sommes engagés dans cette voie. Nous avons perdu trop de temps dans ces discours à la Sénégalaise, c'est-à-dire la paix va venir. Il faut agir sur le terrain, rencontrer les gens qui ont des armes. » L’ancien maire de Ziguinchor, qui a également abondé dans le même sens, estime que l’implication de ces populations va jouer, positivement, dans le maintien de l’accalmie.  

PAPE NOUHA SOUANE

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