Publié le 23 May 2017 - 20:13
CONSOLIDATION DES ACQUIS DE LA MICROFINANCE

Plaidoyer pour une baisse de la fiscalité

 

L’Etat du Sénégal doit tout faire pour baisser la fiscalité, en vue de pérenniser le secteur de la microfinance. C’est ce qu’a indiqué, samedi à Thiès, Mamadou Lamine Guèye, directeur général de Caurie-microfinance.

 

Si l’on se fie aux nombreux témoignages, le secteur de la microfinance a connu un grand bond en avant. Par contre, il se pose avec acuité le problème de la pérennisation de ces acquis. Selon Mamadou Lamine Guèye, la baisse de la fiscalité est une condition pour la réduction du taux d’intérêt. ‘’Pendant les dix années, nous avons eu beaucoup d’obstacles, notamment la fiscalité. Si on traite une institution de microfinance de la même manière qu’on traiterait une société commerciale, une société industrielle ou de génie civil, on passe complétement à côté. L’institution de microfinance par exemple a une mission et responsabilité sociale avec des coûts d’opérations extrêmement élevés, parce qu’il faut aller vers les bénéficiaires’’, a déclaré le directeur général de Caurie-microfinance qui s’exprimait lors de l’anniversaire des dix années d’existence de la structure qu’il dirige.

Ainsi, Mamadou Lamine Guèye rappelle que le rôle principal de la microfinance, c’est de financer les ‘’petites activités génératrices de revenus’’ pour lesquelles, selon lui, les banques ne sont pas efficaces. Aussi, précise-t-il, pour ce segment-là, l’Etat du Sénégal a une ‘’lourde responsabilité’’. ‘’Nous, nous intervenons pour appuyer l’Etat dans ses stratégies de développement économique et social. On ne pourra jamais parler d’émergence sans une contribution importante du secteur de la microfinance. C’est pour cette raison que nous disons que la fiscalité est une contrainte, un obstacle au développement de la microfinance’’, se désole Mamadou Lamine Guèye.

Outre l’obstacle lié à la fiscalité, M. Guèye précise qu’il se pose également le problème de la réglementation. ‘’Tout n’est pas mauvais. Mais quand même, il y a des points faibles de la réglementation. Heureusement que nous avions déjà entamé des discussions avec les autorités en charge de cette question pour aller à des consensus afin qu’on puisse aider le secteur à se pérenniser. Si on augmente la fiscalité, celui ou celle qui va payer en dernier ressort, c’est le pauvre paysan, le pauvre pêcheur ou la vendeuse de cacahuètes’’, fait savoir Mamadou Lamine Guèye.

Pour lui, la microfinance, même si tout le monde ne partage pas cet avis, peut aider à lutter contre la pauvreté. ‘’Ce n’est pas pour rien qu’en 2005, l’Organisation des Nations unies (ONU) a consacré l’année comme année du micro-crédit. Et en 2006, Mouhamed Younouss, qui est un des précurseurs de la microfinance, a été désigné comme Prix Nobel de la paix’’, argumente Mamadou Lamine Guèye. Toutefois, souligne-t-il, l’Etat doit les accompagner et travailler davantage de manière à pérenniser le secteur de la microfinance au Sénégal. ‘’Que seraient devenus aujourd’hui les 2 500 000 personnes qui travaillent avec les institutions de la microfinance. Nous recevons très souvent des personnes pauvres qui ne peuvent même pas ouvrir un compte dans les banques généralistes, d’où l’intérêt que la microfinance peut apporter aux populations défavorisées’’, poursuit le président de l’association des professionnels de la microfinance du Sénégal.

En écho à ces observations, le directeur national de la microfinance, El Hadji Djily Mbaye Lo, révèle que l’Etat du Sénégal, dans sa lettre de politique de la microfinance, prendra en charge cette problématique liée à la fiscalité. Il indique tout de même qu’il est temps de développer au Sénégal une microfinance ‘’responsable et financièrement viable’’ et promouvoir l’accès aux services financiers décentralisés (Sfd), en vue d’améliorer les conditions des populations. 

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

 

Section: