Publié le 5 Feb 2019 - 21:24
CONSOMMATION

Une énième hausse des denrées de première nécessité

 

Depuis un certain temps, les ménagères se plaignent de la hausse du prix de certaines denrées de première nécessité. L’oignon, l’huile et la pomme de terre coûtent plus cher. Et, visiblement, les commerçants peinent à donner une explication à cette situation.

 

Le marché Dior des Parcelles-Assainies de Dakar grouille de monde. Panier ou petit seau en main, les femmes, tout âge confondu, se ravitaillent en condiments nécessaires pour le repas de midi. Et ce, dans un vacarme propre à tout marché. Tout à l’air normal, sauf le marchandage entre la jeune Aïssatou Fall et un vendeur de légumes. ‘’Le prix du kilo n’a toujours pas baissé depuis ?’’, hurle-t-elle, la mine inquiète, en faisant référence au prix de l’oignon. En effet, depuis la fête de Tabaski, le kilo d’oignon est vendu à 600 F Cfa contre 450 ou 500 F Cfa auparavant. Refusant d’endosser toute responsabilité face à cette augmentation, Sidy le vendeur rétorque : ‘’Ce n’est pas un plaisir pour nous d’augmenter les prix. Le sac de 25 kg coûtait 16 500 F Cfa ; aujourd’hui, on nous le vend à 18 500 F Cfa. Raison pour laquelle cela se répercute sur le prix du kilo.’’

Dépitée, car n’ayant pas d’autre choix, Aïssatou ne trouve rien à ajouter et continue ses emplettes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette hausse de prix exaspère plus d’un.

Une fois le sujet abordé, une kyrielle de plaintes se fait entendre de la part des ménagères qui, comme toujours, subissent. Selon Momar Ndao, Président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), ces variations des prix s’expliquent par le fait qu’’’il y a un déphasage entre l’offre et la demande en termes d’approvisionnement en oignon et en pomme de terre. En effet, après les récoltes, l’Etat a tendance à fermer les frontières pour permettre l’écoulement de la production locale. Sauf que, souvent, cette production ne couvre pas les besoins de tout le pays’’. Par conséquent, le prix des denrées que sont l’oignon et la pomme de terre grimpe. En outre, la forte demande enregistrée lors de la fête de Tabaski a entrainé la même conséquence qui perdure.  Une ronde dans le marché confirme ses dires.

Le kilo de pomme de terre connaît une hausse de 100 F Cfa. En plus de cela, d’autres denrées ont aussi augmenté de prix. Le litre d’huile varie entre 900 et 1 200 F Cfa, selon les vendeurs. Le riz parfumé importé coûte 425 ou 450 F Cfa le kilo. Pour un même produit, le prix diffère. Un constat que les commerçants mettent sur le compte de la diversité des lieux d’approvisionnement, à savoir les magasins des grossistes. ‘’Le riz importé n’est pas un produit local. Il n’est donc pas administré, c’est-à-dire que son prix n’est pas fixé par l’Etat. L’augmentation à ce niveau est due à la faiblesse du stock en provenance du pays exportateur’’, explique M. Ndao.

Des spéculations de trop

Pour l’heure, les spéculations vont bon train. A la question de savoir pourquoi personne ne dénonce ces variations de prix, mère Sarr, tenant sur la tête son seau de condiments, confie : ‘’Où voulez-vous que nous dénoncions cela ? C’est à l’Etat de fixer une fois pour toutes des prix stables, en tenant compte du niveau de vie des populations. Tout est cher. L’oignon, la pomme de terre, l’huile, le riz, parfois même l’ail ou le poivron. Où allons-nous avec tout cela ?’’ Ainsi, selon les détaillants, seuls les grossistes peuvent apporter des explications claires à cette hausse des prix sur les denrées de première nécessité. Sauf que ces derniers ont choisi de se murer dans un silence incompréhensible. Nos tentatives pour joindre Ousmane Sy, responsable de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) sont restées vaines.

A plusieurs kilomètres de là, au marché Tilène, dans la commune de Médina, en cette après-midi, l’heure est à la vente de poissons frais. Ici, on se frotte, on se marche dessus, mais surtout le poisson coûte cher. ‘’Le tas de carpes que j’achetais à 1 000 F Cfa, il y a quelques mois, me revient aujourd’hui à 2 000 F Cfa. Je suis obligée de me tourner vers d’autres types de poisson ou acheter le poisson séché’’, explique Rama Sow, une habituée des lieux. Nombreuses sont celles qui affirment avoir changé les menus à la maison, vu l’augmentation du prix de certaines denrées.

Sauf que la rareté du poisson débouchant sur sa cherté fait appel à des raisons d’ordre environnemental. Certaines parlent même d’une hausse du prix du kilo de sucre. Une donnée arbitraire, parce que non généralisée.

Pourtant, M. Ndao est intransigeant sur la question. ‘’A ce jour, aucune denrée, à part l’oignon, la pomme de terre et le riz importé, n’a connu de hausse de prix’’. Babacar Sène, un vendeur du coin, occupé à servir sa clientèle, ajoute : ‘’Aujourd’hui, le sac de 25 kg de riz parfumé me revient à 22 500 F Cfa ; il coûtait 18 000 F Cfa. Celui d’oignon va jusqu’à 18 000 F Cfa. Pourtant, il fut des temps où je l’achetais à 14 000 ou 12 000 F Cfa.’’ Une hausse qu’il ne peut expliquer. En ces lieux aussi, difficile d’arracher un seul mot aux grossistes. Et comme toujours, le panier de la ménagère en fait les frais.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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