Publié le 28 Apr 2018 - 20:49
CONTRE LE PARRAINAGE ET UNE ANNÉE BLANCHE

Le plan de bataille de l’opposition

 

Malgré le combat perdu, l’opposition n’abandonne pas la guerre. Ses leaders se sont encore réunis hier, au siège de la Convergence citoyenne/Bokk Guiss Guiss, pour se pencher sur la situation politique et sociale du pays. La réunion a toutefois été perturbée par un incident entre le député Mamadou Lamine Diallo (Tekki) et Maïmouna Bousso, proche du Pds.

 

Que mijote le Front démocratique et social (Fds) ? Hier, au siège de Bokk Guiss Guiss, ils se sont encore bunkérisés. Cette fois, c’est loin des yeux et des oreilles indiscrets. Les camarades de Madické Niang ont cogité pendant plus de deux tours d’horloge sur la stratégie à mettre en place pour faire face au régime de Macky Sall. Malgré le vote de la loi sur le parrainage, ils ne comptent pas lâcher prise. Vers les coups de 16 h 30, c’est la surprise du chef. Malick Gakou, qui avait jusque-là snobé le bloc, débarque de sa Bmw de luxe et rejoint ses pairs déjà à l’intérieur du domicile de Pape Diop.

Ici, rien ne filtre. Toutes les portes sont verrouillées. Dehors, c’est le désert. Il faut patienter jusque vers les coups de 18 h 40 pour voir les têtes de gondole de l’opposition sénégalaise. Issa Sall, tenue traditionnelle verte, sort le premier et s’engouffre dans sa modeste voiture. Il ne pipe mot sur les délibérations des leaders. D’autres vont le suivre, toujours aussi avares en déclarations. Comme s’ils se sont passé le mot, c’est motus et bouche cousue. A l’exception de Maïmouna Bousso, proche de Karim Wade. Teint clair, la bonne dame ne semble pas dans son assiette. Présidente du mouvement Xalaas, elle est bien en colère à sa sortie de la rencontre. ‘’Pour qui il se prend ?’’, tonne-t-elle courroucée. ‘’Je ne sais pas pourquoi il s’en prend toujours à moi. Qu’est-ce que je lui ai fait ?’’. Un autre leader tente de la raisonner. Mais elle ne décolère pas. Elle peste encore : ‘’Je le dis et je le répète : on ne peut pas être président et en même temps secrétaire général. Il faut une répartition des rôles. Moi, on ne me marche pas sur les pieds…’’

Après investigations, l’on découvre que ‘’l’amie’’ de Karim Wade en veut surtout à Mamadou Lamine Diallo. Ce dernier, selon certaines sources, lui aurait interdit de prendre la parole. Ce n’est pas tout. De la bouche même de l’intéressée, toujours dans ses discussions avec ses camarades, à la devanture du quartier général de l’opposition, l’on apprend : ‘’Cela a commencé dès que je suis entrée. Quand j’ai voulu m’assoir, il m’a dit que la place est réservée ; je lui ai carrément signifié que je ne vais pas me lever’’, rouspète-t-elle. Son vis-à-vis, plus serein, regrette l’incident : ‘’On en avait vraiment pas besoin, surtout aujourd’hui qu’on a enregistré de nouveaux arrivants dont Malick Gakou.’’ En fait, il s’agit, au total, de cinq nouvelles organisations qui se sont jointes aux forces de l’opposition. Parmi les politiques, il y a, en plus de Malick Gakou, Abdou Karim Fall du Parti Pare/Suxali Sénégal.

Accusé, Mamadou Lamine Diallo, à sa sortie de la réunion, rumine sa colère. A un autre participant, il confie : ‘’Moi, je ne fais que les aider.’’ ‘’Non, vous ne nous aidez pas’’, lui rétorque son interlocuteur qui ajoute : ‘’Il est temps de structurer tout ça.’’ Interpellé sur l’incident, Moctar Sourang, Président de l’Unp (Union nationale patriotique) minimise. Selon lui, il s’agit d’un incident mineur qui a vite été dépassé, se borne-t-il à affirmer, balayant d’un revers de la main les autres questions.

Le plan de guerre contre le Macky

Cela dit, le bataillon s’est aussi penché sur une stratégie de combat. Dès vendredi prochain, ce sera le premier round d’une série de manifestations publiques. Ainsi seront lancées les ‘’Journées de résistance nationale’’ qui vont être organisées toutes les semaines. Les détracteurs du président Sall veulent ainsi mener la vie dure au régime en place. A ceux qui estiment que le front ne s’intéresse qu’aux questions politiques, nos interlocuteurs préviennent : ‘’Dans cette manifestation, il s’agira de dire non à l’année blanche. Nous estimons que les enseignants sont dans leur bon droit et leur manifesterons notre solidarité. Nous dirons aussi non au parrainage. Non au tripatouillage des élections…’’

En outre, depuis son lancement, le Fds ne chôme pas. Au cours de la rencontre d’hier, compte rendu a aussi été fait des différentes activités entreprises. A ce titre, les leaders ont fait le point sur les missions envoyées auprès du Grand cadre ainsi qu’aux deux élèves blessés lors des manifestations à Thiès. ‘’C’est inacceptable, fulmine notre interlocuteur. C’est inhumain. Ces élèves ne demandaient qu’à aller étudier et c’est leur droit le plus absolu’’.

Les leaders ont aussi parlé du recours déposé auprès du Conseil constitutionnel. Parmi les arguments évoqués devant les ‘’7 sages’’, il y a le vote sans débat. ‘’Il devrait y avoir au moins un premier tour de parole. C’est seulement après qu’on peut passer au vote. En plus, comment peut-on retenir un vote sans débat et revenir faire un amendement ?’’, s’interroge-t-on du côté de l’opposition.

MOR AMAR

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