Publié le 29 Aug 2016 - 21:34
CONTROLE DU PETROLE SENEGALAIS

La contre-attaque de Woodside

 

Le bras de fer continue entre les compagnies pétrolières australiennes FAR et ConocoPhilips au sujet de leurs actifs sur le champ SNE situé sur le bloc Sangomar Offshore Profond. Le directeur général de Woodside, Peter Coleman, a appelé samedi l'explorateur de pétrole et de gaz, FAR, à dévoiler ses véritables intentions sur le litige qu'il vient d'enclencher, après l'annonce de la cession des actifs de ConocoPhilips à Woodside.

 

Basé à Melbourne, FAR réfute la position de son partenaire ConocoPhilips qui estime que les droits de préemption étant arrivés à terme, il peut céder 35% de sa participation contre 430 millions de dollars US à Woodside. Cette compagnie pétrolière, elle aussi australienne, qui a enregistré en 2015 un chiffre d’affaires de 5,03 milliards de dollars américains, veut prendre pied dans la prochaine exploitation du pétrole brut au Sénégal dont les dernières estimations sur le champ SNE tablent sur plus 2,7 milliards de barils.  Selon M. Coleman, le patron de Woodside, des droits de préemption permettant à FAR d'avoir son mot à dire sur la transaction ne devraient même pas exister dans cette association. Et bien qu'elle ait été évoquée, "ConocoPhillips a raison de soutenir que la période de 30 jours dont bénéficiait FAR, sur ces droits qui n'auraient jamais dû exister, est terminée", affirme Peter Coleman. Qui souligne que la loi sénégalaise n'a jamais tranché un litige dans ce domaine. Il dit être confiant qu'au bout du compte, la position de ConocoPhillips prévaudra.

En début de semaine, FAR qui a mis son véto à la transaction entre ConocoPhilips et Woodside, a quant à lui affirmé que la période n'a même pas commencé pour qu'elle soit évoquée. Autant dire que c'est un véritable dialogue de sourds entre les deux parties. Alors que l'Etat du Sénégal est obligé de jouer le facilitateur. Mais en attendant la suite du processus, le directeur général de Woodside accuse ConocoPhilips d'avoir des intentions cachées. C'est à peine s'il ne dit pas que FAR veut empêcher l'entrée de Woodside au Sénégal. "FAR a vraiment besoin de tomber son masque afin qu’il dise à tous quelles sont ses véritables intentions. Car la position surprenante de FAR, cette semaine, a créé une certaine incertitude pour tout le monde", soutient M. Coleman. "Nous ne pensons pas qu'une préemption soit applicable en l'espèce, parce que nous sommes dans une transaction de rachat d'une entreprise. C'est la voie choisie par Conoco à qui il revient maintenant de nous livrer l'actif", poursuit-il.

Sans écarter le pire, le patron de Woodside déclare: "Si l'accord de vente que nous avons conclu avec ConocoPhilips tombe, nous allons nous relever et nous irons voir ailleurs." A ce stade du bras de fer, l’État sénégalais qui détient 10 % des permis demande à ConocoPhillips et FAR de trouver une solution à l’amiable. Une option à laquelle FAR se dit ouvert, dans son communiqué publié mardi dernier. Par contre, ce dernier refuse toujours de dire si, pour rester dans sa logique, il va préempter la cession de ConocoPhilips à Woodside. Un flou qui bloque le début même de tout processus de conciliation.

Mame Talla Diaw

Section: