Publié le 18 Mar 2020 - 16:18
CORONAVIRUS DANS LE BAOL

La chasse aux émigrés de retour

 

Veiller au grain. C’est le maitre-mot des populations du Baol. Outre la sensibilisation, les habitants prennent leurs responsabilités pour dénoncer les émigrés de retour qui ont emprunté la route et qui refusent de se faire consulter. Ils signalent leur présence aux autorités médicales et expliquent ces gestions par la nécessité de protéger la communauté.

 

Des comportements inhabituels sont observés chez les Sénégalais. Conscients des ravages de la pandémie du coronavirus dans le monde et de ses effets au Sénégal, des compatriotes n’hésitent pas à se dresser comme des sentinelles et à signaler aux autorités la présence de compatriotes qui ont emprunté la route pour rejoindre le pays. C’est le cas à Gouye Gaye Sérère, un village distant de Ndindy de 7 km, où un émigré en provenance du royaume d’Espagne, vendredi dernier, a été dénoncé par les populations.

Le bonhomme a, ainsi, reçu la visite des autorités administratives. Le sous-préfet, informé de la présence de cette personne qui aurait fait le trajet durant une semaine en véhicule pour rallier le Sénégal, a saisi les autorités médicales. Son cas a été pris en charge.

Ailleurs, dans la commune de Diourbel, c’est un jeune qui a joint les blouses blanches pour les informer de la présence de son papa. Ce dernier, émigré en provenance de l’Italie, avait refusé d’aller au district sanitaire, en dépit des maux de tête, de la fatigue et des éternuements dont il se plaignait. Finalement, il a été mis en quarantaine, de même que sa famille. Le même comportement citoyen a été noté à Sambé. Un taximan a saisi le district sanitaire qui s’est déporté sur les lieux. Finalement, il y a eu plus de peur que de mal.

Dans cette région du centre du Sénégal, certaines personnes, interpellées sur leur attitude envers leurs compatriotes qui reviennent de l’étranger, parlent d’un acte citoyen. C’est le cas de Léonard Diouf, rencontré à Diourbel. ‘’C’est une question de santé publique, dit-il. Mais aussi et surtout de responsabilité. Si ces gens sont inconscients jusqu’à adopter certains comportements, en refusant d’aller au niveau des structures médicales, nous voulons parer à toute éventualité. Laisser ces personnes, c’est garder une bombe à retardement qui, si elle explose, peut nous tuer’’.

Dans la cité religieuse de Touba où le premier cas positif a été noté, l’heure est à la vigilance et à la responsabilité. Modou Ndiaye, conducteur de charrette qui habite au quartier Sourah, confie : ‘’Je n’hésiterais pas à dénoncer, même mon propre frère, s’il tombait malade. Ce n’est pas seulement le chef de l’Etat qui doit protéger les Sénégalais, c’est nous tous qui devons nous ceindre les reins, si on veut venir à bout de ce fléau. Personne n’est épargné. D’où ma conviction qu’il faut dénoncer ces émigrés qui, pour moi, sont des irresponsables. Ils n’aiment même pas leurs fils et leurs femmes, parce que si tel était le cas, ils allaient rester là-bas jusqu’à l’éradication de cette pandémie. Je ne peux pas les comprendre. Il faut aussi que les autorités songent à augmenter les postes de contrôle et à être intransigeantes avec ceux-là qui viennent avec des véhicules. Quitte à les mettre en prison.’’

Toutefois, il faut reconnaître qu’avec l’apparition de cette pathologie, les populations adoptent des attitudes qui augurent d’un début de changement de comportement. Car, il était impensable, il y a de cela quelque temps, de voir des habitants de la région dénoncer des compatriotes.

BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)

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