Publié le 23 Mar 2020 - 10:00
CORONAVIRUS - SUSPENSION DES COMPÉTITIONS SPORTIVES

Les agences dans le creux de la vague

 

Depuis la propagation du coronavirus dans le monde, presque tous les secteurs d’activité sont à l’arrêt total, y compris les compétitions sportives. Dans la capitale sénégalaise, ceux qui ont l’habitude de parier sur le foot ou sur les courses de chevaux, à travers le Pari mutuel urbain (PMU) se font rares en cette période de trêve forcée dans les kiosques. Un constat général qui ne manque pas de causer des désagréments aux acteurs du business du pari.

 

Pour se conformer aux mesures d’hygiène édictées par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, Mariama Ndiaye porte un masque blanc pour se couvrir la bouche et le nez. La gérante du kiosque placé juste à côté de la maison du Parti socialiste à Colobane note une certaine baisse de fréquentation chez les parieurs. ‘’Sincèrement, il n’y a plus la grande affluence, ici. Les parieurs viennent maintenant au compte-gouttes. Certes, j’ai ouvert mon kiosque pour travailler, mais il m’arrive rarement de trouver un client comme auparavant’’, a constaté la commissionnaire.

Cette baisse d’affluence dans les kiosques de PMU et de Parifoot va sûrement impacter ce secteur. Ce qui est sûr, c’est que le chiffre d’affaires de ces commissionnaires va chuter. C’est l’avis de Malick Tine, gérant d’un kiosque à côté de l’hôpital Fann, sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Pour ce résidant de la Médina, ‘’son chiffre d’affaires a connu une baisse’’. C’est le même son de cloche pour Mariama Ndiaye qui voit ses recettes s’écrouler comme un château de cartes. ‘’Notre chiffre d’affaires a connu une baisse. Actuellement, je n’arrive même pas à vendre 20 000 F CFA durant toute une journée. Alors qu’en temps normal, je pouvais verser jusqu’à 80 000 F CFA ou plus par jour’’, regrette la quinquagénaire.

La baisse de ces chiffres d’affaires était prévisible, dans la mesure où la suspension de la plupart des compétitions sportives a entrainé le confinement de plusieurs parieurs, obligés de rester chez eux.

Et concernant le Parifoot, les jeunes ont l’habitude de miser sur des clubs qui évoluent dans les plus grands championnats du monde. Babacar Salam, 19 ans, habite les Parcelles-Assainies. Il dit avoir arrêté de parier, depuis la suspension de la plupart des championnats européens. Le commissionnaire Malick Tine corrobore les dires du jeune parieur. ‘’Les parieurs préfèrent les 5 grands championnats (Angleterre, France, Espagne, Allemagne et Italie) et malheureusement, ils ont été suspendus en raison de cette pandémie de Covid-19. C’est pourquoi d’ailleurs il est rare de voir maintenant un parieur venir ici pour valider un ticket’’, dit-il. Le point de vue du quadragénaire est largement partagé par la commissionnaire Mariama Ndiaye. Selon elle, les parieurs n’ont plus confiance pour miser ni pour le Parifoot encore moins le PMU.

Parieurs et commissionnaires dans la dèche

La pandémie du coronavirus a fini de dicter sa loi au monde du sport. Les compétitions sportives sont à l’arrêt. Ainsi, les activités connexes comme le Parifoot ont également subi, par ricochet, les contrecoups de la pandémie. Les temps sont compliqués pour ceux qui assurent leur dépense quotidienne grâce aux paris. C’est le cas de Laye Fall qui maitrise bien les combinaisons du PMU, trouvé juste devant le kiosque situé aux alentours de l’hôpital Fann. ‘’Le PMU m’a permis d’assurer plusieurs fois la dépense quotidienne’’, confie-t-il dans sa chemise blanche.

Contrairement à Fall, Paul Turpin dit avoir toujours évité de compter sur le pari pour assurer sa popote. ‘’Je ne me focalise pas sur le PMU pour assurer ma dépense quotidienne’’, assure ce vieux de 60 piges, résidant aux HLM Fass.

Les parieurs ne sont pas les seuls à subir le coup. Cette période des vaches maigres s’est répandue à tous les maillons de la chaine. Les commissionnaires, payés en fonction de leurs ventes, verront se répercuter cette baisse des chiffres d’affaires sur leurs rémunérations. ‘’Nous sommes des commissionnaires ; on nous paye selon nos recettes. Mais puisqu’il n’y a pas beaucoup de ventes, c’est sûr que nous allons ressentir cela à travers nos prochaines rémunérations’’, regrette Mariama Ndiaye.

Face à la suspension de plusieurs compétitions et du fait de l’arrêt des courses de chevaux en France, les parieurs doivent absolument prendre leur mal en patience, avant de pouvoir miser à nouveau et espérer remporter la grande cagnotte.

CHEIKH GAWANE DIOP (STAGIAIRE)

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