Publié le 17 Jun 2020 - 07:02
CORRUPTION PRESUMEE A L’IAAF

Papa Massata Diack, encore et encore

 

Le procès en corruption, sur fond de dopage d’athlètes russes, s’est poursuivi, hier, avec le troisième passage à la barre de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) Lamine Diack. Le nom de son fils Papa Massata Diack est revenu encore une fois dans les échanges entre les différentes parties, malgré son absence.

 

Le procès en corruption sur fond de dopage à la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a démarré depuis une semaine à la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Malgré son absence, le nom de Papa Massata Diack revient toujours dans les auditions, quelle que soit la personne à la barre. Hier encore, le fils de l’ancien président a fait parler de lui, au troisième passage à l’audience de son père. Il était question, pour Lamine Diack, de répondre aux interpellations relatives au marketing de l’IAAF, volet géré par son fils, et aux commissions.

Selon le tribunal, Papa Massata aurait recouru à des sociétés fictives au nom d’autres personnes pour négocier des commissions. Il lui est reproché de s’être approprié plusieurs millions d’euros dans les négociations avec les sponsors, la banque russe VTB, le Coréen Samsung ou la chaîne chinoise CCTV. ‘’Soit en imposant ses sociétés comme intermédiaires, soit en s’attribuant des commissions «exorbitantes» autour de 20 %, alors qu’il était déjà payé 900 dollars puis 1 200 par jour de travail comme consultant marketing à l'IAAF’’, écrit l’Agence France-Presse (AFP). D’ailleurs, la même source informe que Diack père a été ‘’surpris’’ d’apprendre que VTB avait payé 29 millions d’euros pour être sponsor de l'IAAF, de 2007 à 2011, mais que la Fédération internationale n’en avait touché que 19.

‘’Les 10 millions restants ont atterri sur le compte d’une société de celui qu’on surnomme ‘PMD’ (Pape Massata Diack). Le père assure même qu’il ignorait que les droits marketings de l'IAAF étaient cédés au géant japonais de la publicité Dentsu, chargé, à son tour, de les commercialiser auprès des marques, ce qui permettait aux sociétés du fils d'intervenir comme intermédiaire’’.

A la question de la présidente du tribunal, Rose-Marie Hunault, lui demandant si cela ne le dérangeait pas que Massata soit doublement rémunéré, aussi bien par l’IAAF et à travers l’argent des sponsors, l’ancien boss de l’athlétisme mondial a répondu : ‘’Je pensais qu'il pouvait vendre.’’

Le CIO va poursuivre Lamine Diack

Quant au procureur financier, il a insisté sur les virements effectués par Papa Massata Diack au profit de son père. Selon François-Xavier Dulin, Lamine Diack a reçu environ 600 000 euros sur ses comptes bancaires, provenant de l’ex-conseiller marketing de l’IAAF, voire de ses sociétés. ‘’Mon fils m’a donné irrégulièrement de l’argent qui était des remboursements de billets pour les JO de 2012 et des quotes-parts en tant que membre de l’IAAF”, a répondu l’ancien maire de Dakar sur le pourquoi de ces versements.

A en croire Challengesports, les avocats de la partie civile et le parquet ont accablé l’ancien patron de l’IAAF de questions qui ont fini par l’irriter. “Arrêtez de me parler des lettres russes ou des contrats de sponsoring inventés. C’est ridicule, ce sont des délires, c’est du n’importe quoi…”.

A la fin de ce procès, Lamine Diack devra encore répondre des mêmes faits. Mais cette fois à l’initiative du Comité international olympique (CIO). Selon Challengesports, c’est la présidente de la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris qui le lui a notifié, hier, à la fin de l’audience. L’ancien président du Comité national olympique et sportifs du Sénégal (Cnoss) est soupçonné d’avoir monnayé son influence dans l’attribution des JO de Rio-2016 et Tokyo-2020. Accusations qu’il réfute. Son fils est également visé par cette autre procédure de justice.

D’ailleurs, en 2018, le président du CIO, à la suite de l’attribution des Jeux olympiques de la jeunesse 2022 au Sénégal, avait écrit au président Macky Sall pour s’assurer de ‘’l’engagement’’ de son gouvernement à faciliter le déroulement de la procédure d’enquête, notamment l’exécution de commissions rogatoires internationales adressées au ministre de la Justice sénégalais.

LOUIS GEORGES DIATTA

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