Publié le 25 Sep 2019 - 21:26
COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE

L’Oms demande aux pays d’investir au moins 1 % supplémentaire de leur Pib 

 

Au rythme de progression actuelle, cinq milliards de personnes n’auront pas accès aux soins de santé primaires, en 2030. Cette révélation a été faite hier par l’Organisation mondiale de la santé (Oms).

 

Les pays doivent consacrer, au moins, 1 % supplémentaire de leur produit intérieur brut (Pib) aux soins de santé primaires, pour que les lacunes flagrantes de la couverture soient comblées et que les cibles fixées en 2015, dans le domaine de la santé, soient atteintes au niveau mondial. C’est la conclusion du nouveau rapport établi par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et ses partenaires, à la veille de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle.

En plus de cela, les pays doivent également redoubler d’efforts pour étendre les services à l’échelle nationale.  Le rapport sur le suivi de la couverture sanitaire universelle indique qu’elle devra doubler au niveau mondial, d’ici à 2030. Il  signale que si la tendance actuelle se poursuit, cinq milliards de personnes n’auront pas accès aux soins de santé en 2030, année butoir que les dirigeants mondiaux ont fixée pour la réalisation de la couverture sanitaire universelle. D’autant que, informe le rapport, la plupart des personnes qui n’ont pas accès aux soins sont pauvres et défavorisées.

Selon le directeur général de l’Oms, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, ‘‘si nous voulons parvenir à la couverture sanitaire universelle et améliorer la vie des populations, il faut mettre l’accent sur les soins de santé primaires. Cela signifie qu’il faut proposer des services de santé essentiels, comme la vaccination, les soins prénatals et les conseils pour un mode de vie sain le plus près possible de là où habitent les gens’’. Mais également, dit-il, ‘’de veiller à ce que les usagers n’aient pas à payer eux-mêmes les soins’’.

Le rapport a révélé qu’investir 200 milliards supplémentaires par an pour augmenter l’offre de soins de santé primaires dans les pays à revenu faible ou intermédiaire permettrait de sauver 60 millions de vies et d’allonger de 3,7 ans l’espérance de vie moyenne d’ici à 2030 et participerait considérablement au développement socioéconomique. Cela représenterait une augmentation de 3 % par rapport aux 7 500 milliards consacrés à la santé chaque année dans le monde.   Le rapport indique que la plupart des pays peuvent étendre l’offre de soins de santé primaires à l’aide de ressources internes en augmentant les dépenses publiques en santé en général, en réallouant des fonds aux soins de santé primaires ou les deux à la fois.  Parce que les investissements en faveur des soins de santé sont actuellement insuffisants dans la plupart des pays. 

Mais pour les pays les plus pauvres, dont certains sont en conflit armé, ce n’est pas forcément possible. ‘’Ces pays auront toujours besoin d’une aide extérieure. Ce financement doit être soigneusement ciblé, pour permettre une amélioration durable des systèmes et des services de santé, moyennant le renforcement systématique des soins de santé primaires à l’échelle nationale’’, soutient le directeur de l’Oms.  

Il faut étendre plus vite l’offre de services

Les pays doivent aussi s’efforcer à nouveau d’étendre la couverture des services à l’échelle nationale. Car, selon l’Oms, la couverture augmente régulièrement depuis l’an 2000, mais on constate un ralentissement ces dernières années. C’est dans les pays à revenu faible que la couverture a principalement augmenté, mais ceux-ci accusent encore un retard. Dans les pays les plus pauvres et les pays en conflit, les lacunes sont les plus importantes. De l’avis de la directrice générale de l’Unicef, Henrietta Fore, beaucoup de femmes et d’enfants meurent encore de causes qu’il est possible d’éviter ou de traiter tout simplement parce qu’ils n’obtiennent pas les soins vitaux dont ils ont besoin.

‘’En collaborant avec les communautés pour dispenser des soins de santé primaires aux plus pauvres et aux plus vulnérables, nous pouvons parvenir au but et sauver des millions de vies. La couverture est généralement plus réduite en milieu rural qu’en ville. Selon le rapport, les principaux obstacles à la Csu sont le manque d’infrastructures sanitaires, les pénuries de personnels de santé, la fragilité des systèmes d’approvisionnement et la mauvaise qualité des soins, qui suscite de la méfiance de la part des communautés’’. 

Selon Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’Unfpa, il est essentiel d’améliorer et d’étendre les soins de santé primaires dans toutes les régions. C’est la meilleure façon, à son avis, de s’assurer que les gens puissent obtenir les services répondant à la majorité de leurs besoins de santé dès avant la naissance et tout au long de la vie. Le rapport signale également qu’il faut protéger les populations des difficultés financières. ‘’Il sera impossible d’atteindre le but de la couverture sanitaire universelle si les pays ne prennent pas des mesures d’urgence pour éviter que les gens ne sombrent dans la pauvreté. Parce qu’ils doivent payer des soins de santé essentiels. Je pense qu’élargir l’accès à des soins de santé primaires de qualité permettra de sauver davantage de vies tout en proposant des soins qui restent abordable’’, dit le Dr Muhammad Pate, Directeur chargé de la santé, de la nutrition et de la population à la Banque mondiale.  L’Oms révèle que, de plus en plus, des gens subissent les conséquences du paiement direct des services d’il y a 15 ans. En plus de cette situation, environ 925 millions de personnes dépensent plus de 10 % du revenu de leur ménage pour payer des soins de santé, et 200 millions en dépensent plus de 25 %.

Par ailleurs, souligne le rapport, l’appauvrissement dû au paiement des soins de santé est en augmentation, sauf parmi les plus pauvres.  Une situation qui révolte le  secrétaire général de l’Ocde, Angel Gurria. ‘’Il est choquant de constater qu’une proportion croissante de la population a du mal à joindre les deux bouts parce que la santé coûte trop cher, même dans les économies avancées. Les seuls pays où ce n’est pas le cas sont ceux qui investissent de plus en plus efficacement en faveur de la santé ‘’, s’indigne-t-il.

Dès aujourd’hui, les dirigeants mondiaux examineront une déclaration ambitieuse sur la couverture sanitaire universelle. Cette déclaration énumère plusieurs mesures à prendre pour avancer sur la voie de la Csu. Il s’agit de l’application des recommandations de l’Oms en faveur des soins de santé primaires, y compris l’allocation de 1 % supplémentaire du Pib, moyennant des investissements supplémentaires ou une réallocation de fonds.

VIVIANE DIATTA

 

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