Publié le 4 Oct 2019 - 20:22
CRIME PASSIONNEL OU BAGARRE MORTELLE

Comment la jalousie a perdu Moustapha Dieng

 

Modou Diop alias ‘’Baye Fall’’ a comparu ce jeudi 3 octobre 2019 devant la chambre criminelle, pour détention de chanvre indien et pour avoir ôté la vie à Moustapha Dieng, en le poignardant. Le parquet a requis une peine de 20 ans de travaux forcés.

 

Comparaître devant la chambre criminelle pour détention de chanvre indien, c’est grave. Si c’est pour meurtre, c’est encore pire. Et si l’on risque de tomber pour ces deux charges à la fois, c’est tout un monde qui risque de s’effondrer. A l’image de Modou Diop, un menuisier dans la trentaine, domicilié à Médina Gounass.

Il a comparu devant la chambre criminelle, hier, pour détention de l’herbe prohibée, mais aussi pour le meurtre de Moustapha Dieng, l’ancien mari de sa femme Djanka. En attendant la sentence qui va tomber le 16 octobre 2019, il est revenu sur les faits devant le tribunal.

A en croire l’accusé, c'était une histoire de légitime défense entre la victime et lui. Il reconnait qu'il y a eu mort d'homme, mais que ce n'était nullement de sa faute, ou du moins son intention. Il ne nie pas avoir été interpellé par les forces de l'ordre et que lors de la fouille corporelle, du chanvre indien a été trouvé par-devers lui.

Mais pour la partie passionnelle, il a plaidé avoir reçu, à plusieurs reprises, des menaces de mort de la part de la victime, puisque le défunt Moustapha Dieng n'a jamais supporté de le voir en couple avec son ex-femme.

Il raconte : ‘’Il m’a dit, un nombre incalculable de fois, qu'il allait me tuer. Le jour du drame, il est venu chez moi pour apporter des cadeaux à sa fille adoptive qui se trouve être ma belle-fille.‘’ Il ajoute que la victime s'était mise devant la porte de sa chambre à lui lancer des mots crus. Et quand ce dernier avait assez touché son ego, Modou Diop s'est levé pour en découdre avec M. Dieng, et ignorait que ce dernier avait un couteau caché dans ses habits.

‘’Dès que je me suis approché de lui, il a brandi un couteau et a essayé de me poignarder. On s'est bagarré et la lutte a continué au sol. Lors d'un mouvement brusque, il s’est blessé tout seul, quand j’ai essayé de lui arracher l'arme, mais je ne l'ai pas poignardé. Je reconnais avoir pris la fuite pour me réfugier au quai de pêche de Yarakh, parce que j'étais perdu et ne savais plus quoi faire‘’, a-t-il confié.

En effet, la victime a retiré le couteau planté dans sa poitrine, essayant de rattraper Modou Diop sur quelques mètres. Ayant perdu beaucoup de sang sans s'en rendre compte, sa course a été stoppée nette et il s'est affalé au sol. Il a perdu la vie avant l'arrivée des secours, selon les éléments enquêteurs.

En sa qualité de témoin, Habib Ngom, cousin de la victime, déclare que tout ce qu'il sait de cette affaire lui a été rapporté : ‘’J'ai reçu un appel m’annonçant son décès. Je suis allé sur les lieux. On m'a expliqué que Modou Diop l'a pris par surprise et lui a asséné un coup de couteau dans la poitrine’’, a-t-il témoigné avant de demander 10 millions pour réparation du préjudice.

Le parquet a requis 20 ans de travaux forcés

Maitre Omar Sène de la défense commence par présenter ses condoléances, au nom de son client, à la famille de la victime. Puis, plaide l'excuse de la provocation : ‘’La victime l'a trouvé chez lui. Mon client n'a jamais eu d'intention criminelle. Il n'a pas cherché la bagarre. Il y a des zones d'ombre.‘’ Il conclut en demandant de disqualifier les faits en coup mortel ayant entraîné la mort sans avoir l'intention de la donner.

Quant à Me Ablaye Sène, il trouve le chef de détention de chanvre indien en vue de la consommation constant, mais ne comprend pas le parquet sur ses réquisitions, puisqu'il y a l’excuse de provocation.

Le délibéré sera rendu dans douze jours.

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