Publié le 16 Oct 2017 - 16:07
CRISE AU PARTI SOCIALISTE

Tanor en passe de débarquer Khalifa et Cie 

 

En attendant que le Bureau politique soit saisi d’une proposition pour débarquer les frondeurs, le Secrétariat exécutif national du Parti socialiste a déjà acté l’auto-exclusion du PS du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, et de ses camarades dissidents.

 

Khalifa Sall est décidément dans une mauvaise posture. En plus de ses démêlées avec la justice sénégalaise, dans le cadre de l’affaire de la caisse d’avance de la Ville de Dakar, et sa débâcle lors des dernières élections législatives où il a été défait à Dakar, il est en passe d’être exclu de sa formation politique, le Parti socialiste. Le Secrétariat exécutif national dudit parti, qui s’est réuni samedi dernier à la maison Léopold Sédar Senghor, a formulé, dans ce sens, une proposition qu’il a soumise au Bureau politique qui doit incessamment se réunir pour statuer sur la question.

Mais, en attendant, son auto-exclusion est déjà actée par ladite structure qui s’est émue que des camarades responsables, poursuivant des ambitions personnelles, aient délibérément choisi et continuent de ramer à contre-courant des décisions majoritaires, en posant quotidiennement des actes de défiance notoire, portant gravement atteinte à l’image, à l’unité et aux intérêts de parti. Parmi ces actes de défiance, le SEN liste ainsi la création de mouvements à caractère politique et, plus récemment, la constitution de listes concurrentes, lors des élections législatives, en violation flagrante des règles de discipline et de démocratie, notamment la charte du militant ainsi que les dispositions de l’article 7 des statuts du PS.

‘’Tirant les conséquences de tels actes ainsi posés, au vu et au su de tous, actes incompatibles avec leur appartenance au Parti socialiste, le SEN considère que ces camarades se sont auto-exclus, dès lors qu’ils appartiennent à des organisations à caractère politique concurrentes, qu’ils poursuivent des objectifs autres que ceux définis par le parti, qu’ils n’agissent et ne défendent plus les intérêts du Parti socialiste dont ils se sont démarqués de la ligne d’orientation. Cette proposition du SEN sera soumise à l’approbation du Bureau politique’’, déclame Cheikh Sadibou Sèye, Secrétaire permanent du PS, qui a lu la déclaration liminaire ayant sanctionné la rencontre.

Congrès en gestation

Ainsi, le secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng, et ses camarades membres du SEN exhortent-ils les militants et responsables socialistes à tourner définitivement cette page de contradictions conjoncturelles. En outre, ils les invitent à s’engager résolument dans les tâches politiques prioritaires de reprise en main des structures, d’animation des instances et de massification, en perspective du prochain congrès dont la tenue obéit, selon eux, à un processus et un agenda qui seront déterminés, en temps opportun, par le Bureau politique, en application des dispositions de l’article 11 du règlement intérieur.

Dans la même veine, les socialistes ont réaffirmé leur fidélité aux principes fondateurs de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Mais aussi aux orientations librement et démocratiquement définies par les instances habilitées du PS. D’ailleurs, ils soulignent, à ce propos, que ‘’la décision de poursuite du compagnonnage relève, tout naturellement, pour le moins, d’une démarche politique cohérente et responsable, de la part du PS, fort du mandat reçu lors des consultations de la base’’. C’est pourquoi le SEN a tenu à renouveler la disponibilité du PS ‘’à poursuivre le compagnonnage, dans le respect de son identité propre, des valeurs qui fondent son action et des principes de solidarité indispensable au succès des entreprises communes, au service exclusif des intérêts du pays’’.

ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PS

‘’Lorsqu’une dent est pourrie et irrécupérable, il faut s’en départir’’

‘’Nous avons pris acte de leur auto-exclusion du PS, parce que les statuts du parti, comme la charte du militant l’indique, l’interdisent. Ceux-là, en toute connaissance de cause, en âme et conscience, ont pris délibérément le parti de faire ce qu’ils ont fait. Nous en prenons acte et les conséquences qui en seront tirées le seront après réunion du Bureau politique et ils en seront informés, si tenté qu’ils ont besoin de notification pour cela. Tout le monde sait de qui est-ce qu’il s’agit. C’est particulièrement dans le département de Dakar que vous trouverez certains camarades et ils n’ont pas les mêmes niveaux de responsabilité. Certains sont responsables de coordination, d’autres ne le sont pas, mais ont des mandats dans le parti.

‘’Quand on est dans le cadre d’un compagnonnage avec des gens, lorsqu’ils ont le courage de prendre des responsabilités et de les assumer, vous ne devez pas avoir peur, ni honte d’assumer les vôtres. Aujourd’hui, le parti a été contraint de constater cette situation. La vie est faite de séparations, de rencontres et de retrouvailles. Ce n’est pas de gaieté de cœur, mais, comme on dit en wolof, lorsqu’une dent est pourrie et irrécupérable, il faut s’en départir avant qu’elle ne vous emporte. En droit, lorsque vous êtes pris en plein flagrant délit, vous ne pouvez pas avoir le même traitement que celui qui n’est pas dans le même cas.’’

BANDA DIOP, PRO-KHALIFA SALL

‘’Notre exclusion du parti est un faux débat’’

‘’C’est une information que j’ai reçue des médias. Mais je tiens à rappeler quand même que quand on doit exclure un militant d’une association privée, il faut que le parallélisme des formes soit respecté par rapport aux décisions prises par les instances régulières. Je dois dire que ni le Secrétariat exécutif national ni le Bureau politique, encore moins les autres instances ne sont habilités à procéder à l’exclusion d’un militant. Je dois aussi préciser que ce n’est pas le Bureau politique qui doit entériner une telle décision. Il est un organe qui applique les directives du Comité central. Cette dernière instance, après le congrès, est l’organe délibérant du parti. Si, aujourd’hui, on voudrait vraiment prononcer notre exclusion du PS, il y a des procédures appropriées pour le faire. Est-ce que la décision du parti d’aller avec une autre coalition durant les dernières élections a été prise et entérinée par le Comité central ? Je ne saurais le dire, parce que, depuis belle lurette, le parti ne tient plus de comité central et ne convoque plus les membres même du BP.

‘’Donc, aujourd’hui, est-ce qu’ils ont la possibilité de procéder à l’exclusion des militants qu’eux-mêmes ne convoquent pas régulièrement dans les instances du parti ? C’est la question qu’il faut se poser. C’est un faux débat qu’ils sont en train de poser. Aujourd’hui, pour moi, le vrai débat, pour un parti aussi grand que le PS, qui émane du legs de Senghor et d’Abdou Diouf, c’est de voir comment rassembler tous les militants. C’est cela le plus important. Mais brandir des menaces de sanction, ce n’est pas responsable. Je ne pense pas que les instances du parti puissent valider cette décision. Nous sommes des militants du PS. Notre avenir se confond même à celui du parti. Nous ne sommes pas dans les dispositions d’agir autrement. Nous sommes des militants socialistes et nous le demeurons.’’   

ASSANE MBAYE

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