Publié le 14 Dec 2016 - 12:56
CRISE EN GAMBIE

Les négociations dans l’impasse, la Cedeao se réunit samedi prochain

 

Yahya Jammeh n'a pas l'intention de faciliter la tâche à la mission de la CEDEAO qui s'est rendue ce mardi à Banjul pour lui rappeler son engagement de rendre le pouvoir à son tombeur, Adama Barrow. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le dictateur gambien a d'entrée de jeu envoyé des signaux clairs à ses hôtes du jour.

Après avoir reçu ses invités dans son bureau, Jammeh constate la présence de Mohamed Ibn Chambas, le représentant des Nations unies en Afrique de l'ouest. Il fait une scène et demande que le diplomate n'assiste pas à la rencontre qu'il veut exclusivement entre chefs d'Etat. Ce que l’ex-président gambien  ne dit pas, c'est qu'il nourrit une haine viscérale contre Chambas qui a fait plusieurs navettes entre son bureau de Dakar et Banjul depuis un an, avec à la clé plusieurs déclarations le sommant de faire la paix avec son opposition d'alors. Et il y a quelques jours, Ibn Chambas a été l'un des premières personnalités de la Communauté internationale à demander que Jammeh tienne parole au lieu de contester une défaite qu'il a pourtant concédée. C'est ainsi qu'après avoir lancé les hostilités psychologiques, Yahya laisse ses hôtes assis pendant plusieurs minutes avant de les rejoindre pour une réunion qui a duré moins d'une heure, sans Ibn Chambas.

Lors de l'échange entre l’homme de Kanilai et les Présidents Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, Muhammadu Buhari du Nigeria, Ernest Bai Koroma de Sierra Leone et John Mahama du Ghana, nos sources indiquent qu'il a été rappelé à Yahya Jammeh qu'il doit assurer une transition pacifique au risque d'exposer son régime aux représailles de la CEDEAO. Le dictateur gambien fait le sourd et explique qu'il tient les bases de sa contestation des résultats qu'il avait reconnus, et va introduire un recours à la Cour suprême. La délégation de chefs d'Etat prend acte et se retire.

Sans être perturbés outre mesure, les mandataires de la CEDEAO se rendent au Coco Ocean Hotel où ils ont rencontré le président élu Adama Barrow et son équipe de transition. Dans leurs discussions, les Présidents Ellen Johnson Sirleaf, Muhammadu Buhari, Ernest Bai Koroma et John Mahama ont encouragé la Coalition à poursuivre sa préparation pour une passation de pouvoir.  Un message qui en dit long sur leurs intentions de soutenir le Président élu dont Jammeh ne veut plus entendre parler. Les chefs d’Etat ont informé l’équipe transitoire gambienne qu’une prochaine réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO est prévue pour le 17 décembre 2016, date à laquelle la position de la Communauté sur le sort de Yahya Jammeh se fera connaître.

Il faut souligner que les quatre ‘’mousquetaires’’ ont aussi rencontré le président et les membres de la Commission électorale indépendante. Ces derniers ont d’ailleurs eu la mauvaise surprise de trouver ce mardi matin des soldats devant les locaux de leur lieu de travail. Les militaires les ont tout bonnement sommés de retourner sur le pas et de ne plus revenir. Entre-temps, Yahya Jammeh et son parti ont annoncé avoir déposé leur recours à la Cour suprême de Banjul.

Quoi qu’il en soit, le dictateur gambien voit de jour en jour ses soutiens s’écrouler comme un château de cartes. Ce mardi, son ambassadeur aux Etats-Unis, Cheikh Omar Faye, lui a écrit une lettre ouverte pour lui signifier le retrait de son soutien sans démissionner. Et dans la journée, le syndicat des enseignants gambiens de la GTU, le syndicat de la presse, l’Association des femmes avocates et la confédération nationale des travailleurs de Gambie ont fait tour à tour des déclarations pour annoncer qu’ils ne reconnaissent plus le régime de Yahya Jammeh.

 

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