Publié le 16 Mar 2015 - 15:10
CRISE A L’AFP

Les bannis face à leur destin

 

Moustapha Niasse est plus que jamais le seul maître à bord du parti de l'Alliance des forces du progrès (AFP) ou de ce qui en reste. Mais l'exclusion de l'ancien numéro deux de l'AFP, Malick Gackou et de ses compagnons entrés en rébellion ouvre un nouveau chapitre. Il s'agit du début de ce qui semble être une lutte âpre pour le partage des segments de ce parti politique dont l'âge de  la majorité sera atteint en 2017, date de la prochaine présidentielle.

 

Fidèle à la ligne directrice fixée par le bureau politique du 10 mars 2014 annonçant la volonté de l’AFP de ne pas avoir de candidat en 2017 pour consolider son compagnonnage avec Macky Sall, Moustapha Niasse disait récemment qu"aucun imbécile, aucun salopard ne peut rompre ce qui nous lie à Macky Sall". Une allusion violente à ceux qui ont osé braver les désidératas du président fondateur de l'AFP. Niasse a toujours régné sans partage sur son "bien". Il a fait et défait sans pitié et sans concession des responsables dont les effets du temps commençaient à marquer la structuration de l’identité politique de l'AFP. Il y a eu les départs forcés de feu Serigne Mamoune Niasse, d'Oumar Khassimou Dia, de Cheikh Tidiane Diallo ou encore d'Hélène Tine tous partis sans faire trop de bruit.

Cependant, tout semble indiquer que cette fois, les bannis de Niasse sont déterminés à lui rendre la tâche très compliquée, au risque de fragiliser son degré de représentativité auprès de Macky Sall pour les beaux yeux duquel il est allé au bout de sa logique de purge. Malick Gackou et sa bande restent en effet persuadés qu'ils ont un destin présidentiel qui passe par la transformation de leur popularité en soutien électoral effectif. Ce qui est aux antipodes des envies de Niasse dépeint par Malick Gueye, l'un des bannis, comme étant "au crépuscule de sa vie politique et qui est dans une situation telle que, les privilèges, les honneurs, les responsabilités le poussent à perdre l’équilibre".

Il n'y a pas de doute que l'enjeu majeur sera pour Niasse de prouver que la force de frappe de l'AFP reste intacte sans la douzaine de "rebelles" punis, alors que pour ces derniers, le défi à relever est celui de l'effectivité des effets dommageables de leur actionnariat dans l'AFP, maintenant qu'ils en ont été exclus. Une bataille où l'AFP, qui n'est plus le parti faiseur de roi de l'an 2000, risque de perdre beaucoup de plumes, car Malick Gackou l'a rappelé à juste titre "Même Moustapha Niasse a été battu dans son fief.

“Nous admettons tous que les locales étaient une catastrophe pour l’Afp. On a perdu plus de 500 conseillers. On gère un département sur les 45 départements”. Mamadou Goumbala, l'autre banni du groupe y est aussi allé de sa dose indiquant que “Niasse a atteint son seuil d’incompétence et il tire Macky Sall constamment vers le bas. Si au Sénégal il y avait un institut de sondage crédible sur la côte de popularité des hommes politiques, à la publication des résultats, Macky Sall ne le garderait pas une minute à la tête de l’Assemblée nationale."

C'est donc le rapport entre intérêts et convictions personnels de ces progressistes, actuels ou anciens, dans la construction de leur bras de fer, qui va déterminer l’attitude individuelle de leurs militants à suivre les uns ou les autres. Et puisqu'au Sénégal, la transhumance politique est une spécificité bien ancrée, nulle doute que les autres partis tels que l'APR, le PS voire même le PDS, sont à l'affût des miettes. Hélène tine est un cas d'école bien connu à l'AFP, elle qui a claqué la porte en 2012 pour remporter haut la main un siège de député sous la bannière de Bess du Niakk du marabout-politicien Serigne Mansour Sy Djamil.

Mame Talla Diaw

 

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