Publié le 5 May 2015 - 14:03
CRISE SCOLAIRE

Les cours reprennent droit de cité

 

Malgré un onzième plan d’action du Cusems (Abdoulaye Ndoye) qui maintient le mot d’ordre de grève, l’effet est limité. Timide dans certains établissements, effective dans d’autres, la reprise des cours dans l’enseignement moyen secondaire vient ponctuer de longues semaines de grève.

 

L’école a repris. Et avec elle, des classes bien remplies et des élèves heureux d’avoir regagné les cours, dans les établissements visités. A l’instar de l’école élémentaire de l’Unité 19 des Parcelles Assainies, et du Collège d’enseignement moyen Cheikh Awa Balla Mbacké de Point E, les professeurs ont bien dispensé leurs enseignements. ‘‘La reprise est effective depuis ce matin. Les enfants ont bien intégré les classes et comme vous le constatez, les cours sont assurés par les instituteurs’’, déclare Alioune Badara Diouf, instituteur en classe de CM1 B. Cet ancien secrétaire général de section du Sels (version Souleymane Diallo) désigne la douzaine de salles  aux effectifs remplis. Les potaches en tenue gris, à l’effigie de la Ville de Dakar, se penchent qui sur leurs cahiers, qui sur leurs ardoises, sous la supervision de leurs maîtres et maîtresses.

 Dans la vaste cour, quelques vendeuses brandissent les parasols au-dessus de leurs têtes pour se protéger de la chaleur.  La récréation vient de se terminer et les voix des enseignants se font entendre du terrain de basket de l’école où notre interlocuteur déplore l’issue de cette grève. ‘‘Les mêmes questions demeurent avec les mêmes réponses, donc il n’y avait pas lieu de faire la grève, il fallait continuer puisqu’on s’est battu jusque-là. C’est une erreur d’avoir repris les cours à ce stade de la lutte. Nous avons fait la grève pour rien’’, se désole-t-il. Le syndicaliste qui estime qu’avec cette dynamique, la grève allait porter ses fruits, s’interdit tout commentaire quant à une éventuelle reprise du mouvement. L’instituteur estime même que cette bravade syndicale s’est trompée d’objectif car des questions d’ordre général ont été ignorées.

‘‘Les instituteurs sont payés 3000 F Cfa pour un minimum de 160 copies à l’examen du CFEE. Alors que les professeurs qui corrigent au Bac et au Bfem sont payés par copie. Ce qui fait qu’ils peuvent se retrouver avec 100 000 FCfa alors que nous nous retrouvons avec 9000 francs maximum pour trois tests corrigés’’, dénonce-t-il. S’il trouve que le respect du quantum horaire n’est pas rédhibitoire, son alter ego du CEM Cheikh Awa Balla Mbacké est d’un tout autre avis. ‘‘Nous accordons à l’Etat un temps de latence de deux semaines minimum. S’il semble revenir sur ses décisions, nous allons reprendre le combat’’, avertit le coordonnateur du Cusems de cet établissement du Point E, Mamadou Senghor.

 Quelques collégiens sont encore dans l’enceinte de l’école après la fin des cours. Dans la salle des professeurs, ceux-ci, des femmes pour la majorité, se sont pointés, signifiant ainsi la suspension du mouvement. Deux professeurs sur dix-sept y assuraient les cours au plus fort de la grève. Le syndicaliste n’a pas apprécié la valse-hésitation du Grand cadre  qui a suivi l’accord sur la suspension de la grève, jeudi passé. ‘‘Nous n’avons pas approuvé cette volte-face. Mamadou Lamine Dianté aurait dû prendre ses responsabilités car 9 coordonnateurs avaient soutenu la décision de suspendre le mouvement. Le syndicalisme, c’est aussi le leadership’’, lance-t-il.

Mi-figue mi-raisin au LBD

Même si la reprise est effective dans ces écoles précitées, elle l’a été en demi-teinte au lycée Blaise Diagne (LBD). Dans cet établissement de la Zone A, les élèves sont visibles de la ‘‘rue sans soleil’’, dans leurs tenues vert fluo pour les lycéens, et rouge bordeaux pour les collégiens. Partie de foot sur le terrain de basket en face de l’école, trottoirs résonnant aux interpellations des élèves, cours de conduite sur la chaussée juste à l’entrée de l’école, restauratrices qui s’empressent de satisfaire la clientèle ; à midi passé, cette affluence montre que les élèves étaient prêts pour la reprise. Elle a été de courte durée toutefois puisque certains professeurs affiliés au Cusems ont respecté le mot d’ordre, à savoir poursuivre le mouvement de grève. ‘‘Nous n’avons finalement pu faire notre cours d’anglais ce matin car notre professeur fait partie des syndicats grévistes’’, déclare en chœur des élèves d’une classe de 5ème devisant avec panache sur la victoire de Gris Bordeaux face à Tyson. Dans le ‘petit quartier’, les collégiens sont assis par dizaines sur les bancs en pierre qui sont implantés dans l’énorme cour de l’école.

La situation mi-figue mi-raisin dans cet établissement public désole ces apprenants qui disent avoir leur dose de cette désertion des professeurs. Sur le site de l’Aps, le coordonnateur du Cusems du collège Blaise Diagne déclare que son groupement va continuer à observer le mot d’ordre ‘‘Nous entamons aujourd’hui notre onzième plan d’action. C’est évident, les cours vont continuer à être perturbés’’, selon Abou Amadou Sow. Une nouvelle rencontre entre le Premier ministre et le Cusems (version Abdoulaye Ndoye), dans la soirée d’hier, devrait permettre une plus grande effectivité de la reprise.

Ousmane Laye Diop

 

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