Publié le 30 Jun 2015 - 23:43
CRISE A SENEGAL AIRLINES

Les délégués menacent de bloquer le site

 

Tout ou rien. Le collège des délégués donne un répit de 48 heures, qui expire demain, à la direction générale de Sénégal Airlines pour retirer la mise au chômage technique. Autrement, ils promettent de bloquer l’accès du site à tous les travailleurs. En outre, il demande l’audit de la gestion de Mayoro Racine.

 

Le bras de fer entre syndicalistes de Sénégal Airlines et la direction générale s’endurcit. Si la mise au chômage technique qui touche 70 agents du personnel n’est pas levée d’ici à mercredi, la confrontation va être inéluctable. ‘‘ Si on doit nous déloger, du  sang va couler. Soit c’est tout le  monde qui arrête, soit on retire cette mesure. Si la direction générale qui a délibérément ciblé une partie, maintient sa décision, nous ne nous laisserons pas faire’’, lâche Moustapha Diakhaté, le coordonnateur du collège des délégués de Sénégal Airlines. Sept des dix membres du collège sont concernés par cette mise en chômage technique.

 En outre, le personnel déplore être resté quatre mois sans salaire et a perçu 25% sur les salaires en plein ramadan. Des actes posés par la direction qui résulte d’une mauvaise gestion de la compagnie de navigation aérienne dont le conseil d’administration d’hier a été reporté au 14 juillet, à en croire le coordonnateur des délégués.  

Outre la baisse de la flotte de 4 avions à un seul, de 15 destinations à 4, et un chiffre d’affaire de moins de 100 millions, les membres du personnel dénoncent la gestion nébuleuse de Mayoro Racine dont le choix particulièrement discutable de la location d’un avion à 300 millions de F CFA mensuels pendant 6 mois. Aux  dires des travailleurs, l’appareil était pourtant cloué au sol et son personnel entretenu dans deux hôtels. Un manque à gagner de plus de 2 milliards, pour la location  de l’appareil  uniquement, qui a perturbé les finances de la boîte. L’autre faute de gestion que dénonce le collège, est lié au pèlerinage à La Mecque de l’année dernière où les pèlerins avaient été parqués au hangar pendant presque deux semaines. Leur appareil, pris en location par la direction, est venu avec un retard de dix jours car l’opération était fictive, fait savoir Moustapha Diakhaté ; ‘‘aucune action n’a été entreprise pour demander réparation du préjudice subi. La surfacturation notifiée à l’opérateur n’a pas été recouvrée alors que la compagnie fait face à un déficit financier criard’’, déclare-t-il.

La compagnie est également exclue du BSP, système qui permet de vendre partout dans le monde via les agences de voyage, perdant ainsi 70% de son chiffre d’affaires.

Le collège des délégués estime que c’est dans le but de couvrir ‘‘ces successions de scandales’’ et d’erreurs managériales que le directeur général essaie de se trouver une niche de financement en se séparant d’une partie du personnel. ‘‘Le plan diabolique du directeur général Mayoro Racine va se retourner contre lui. C’est une honte, il ne mérite pas de nous diriger’’, accuse M. Diakhaté. Convaincus qu’un licenciement pour motif économique va suivre cette mise au chômage technique, ses camarades et lui appellent autorités politiques, corps de contrôle de l’Etat et société civile à se pencher sur la question.

A la direction générale, c’est motus et bouche cousue. Mayoro Racine absent, déclarait la veille dans nos colonnes ‘‘qu’il faudrait penser à restructurer Sénégal Airlines (...) Une compagnie qui avait des avions et qui n’en a pratiquement plus, doit maintenant réduire la taille du personnel pour l’adapter à la  nouvelle configuration’’. Le chômage technique dont il est question  est une ‘‘méthode réversible’’ répondant  à la nécessité de garder ‘‘les ressources humaines de qualité qu’on n’aimerait pas perdre’’, ajoutait-il. 

Ousmane Laye Diop

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