Publié le 23 May 2019 - 16:57
CROYANCES, PAUVRETE, HONNEUR DE LA FAMILLE…

Les causes des mariages d’enfants

 

Le dernier rapport de l’Eds a montré que le taux de mariages d’enfants atteint les 31 % chez les moins de 18 ans et concerne même les moins de 15 ans. C’est pourquoi le Gestes de l’Ugb a mené une étude pour expliquer le phénomène.  

 

Au Sénégal, l’âge légal pour le mariage est de 16 ans. Un âge en deçà des standards internationaux. Selon le rapport de l’enquête démographique de santé (Eds) publié en 2017, 9,5 % de la population féminine s’est mariée avant 15 ans. Ce taux a atteint 31 % pour celles qui se sont mariées avant l’âge de 18 ans. Pour en comprendre les causes, le Groupe d’études et de recherches genre et sociétés (Gestes) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis a effectué une étude dans 7 régions du pays. C’était dans le cadre d’un projet de recherche-action sur le thème ‘’Justice sociale et inclusion face aux mariages d’enfants en Afrique de l’Ouest : cas de la Côte d’Ivoire et du Sénégal’’.

L’atelier national de restitution d’hier a été riche en informations. D’après la coordinatrice du Gestes, la question de la recherche principale était : quelles sont les options stratégiques à adopter capables de rendre efficaces et inclusifs les politiques, programmes, stratégies, initiatives et interventions dans la lutte contre les mariages d’enfants, dans les zones urbaines et rurales du pays ?

A cette question, Fatou Diop Sall souligne que les résultats de l’enquête sur les mariages d’enfants montrent que les acteurs ont des perceptions différentes de la notion d’enfant et sur le mariage d’enfants, en fonction de leur catégorie socio-professionnelle, mais aussi de leur milieu de résidence.

En milieu rural, dit-elle, les communautés perçoivent l’enfant comme celui qui vit toujours sous la responsabilité de ses parents ou qui n’est pas marié. ‘’L’étude a montré que plusieurs facteurs explicatifs de la pratique du mariage d’enfants sont recensés. Le souci de protéger les filles contre les grossesses non désirées (Gnd), la protection de l’honneur de la famille (la virginité), les croyances religieuses et traditionnelles et la pauvreté.

Malgré les efforts consentis, le phénomène du mariage des enfants persiste, avec des taux de prévalence qui varient d’une région à une autre’’, renseigne Mme Sall. Selon qui les résultats ont aussi révélé une diversité des approches utilisées, une pluralité des stratégies et une classification selon l’inclusion et l’efficacité des interventions.

Pistes de solutions et recommandations

Le Gestes fait donc quelques recommandations pour lutter contre ce fléau. Il préconise de mener la sensibilisation et de vulgariser les dispositions juridiques dans les langues locales, de promouvoir la synergie des acteurs de lutte contre les mariages d’enfants (Me), de donner plus de visibilité aux organisations de lutte contre les mariages d’enfants, de positionner et de dynamiser les radios communautaires. A cela s’ajoute le renforcement de la sensibilisation auprès des religieux, chefs coutumiers, leaders, parents, de promouvoir le leadership des filles et garçons dans cette lutte, de former des relais communautaires sur les lois interdisant le mariage d’enfants, d’accompagner les enfants à achever leurs cursus scolaires, avec une attention particulière aux collégiennes et lycéennes.

CHEIKH THIAM

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