Publié le 6 Apr 2018 - 17:36
DÉMISSIONNAIRE DES RANGS DE L’AGENCE D’ASSISTANCE A LA SECURITE DE PROXIMITE

Mamour Guèye raconte la galère des Asp

 

Membre de la première promotion de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp), Mouhamed Mamour Guèye a décidé de jeter l’éponge le 20 décembre dernier. Aujourd’hui, il dresse un sévère réquisitoire et invite l’État à aller à la rescousse des Asp.

 

Créée par décret n°2013-1063 du 5 août 2013, l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité a attiré, dès sa naissance, des milliers de Sénégalais (10 000 pour la 1re promo). Le concept était alors innovant et les citoyens n’ont pas hésité à embrasser ce nouveau métier. Plus de cinq ans après sa mise en œuvre, l’enthousiasme du début a fait long feu. Parmi les déçus, figure Mouhamed Mamour Guèye qui était en service au commissariat du 1er arrondissement de Thiès jusqu’en décembre 2017. Ayant tourné le dos à l’institution, il se fait aujourd’hui l’avocat de ses anciens collègues et lève un coin du voile des difficultés qu’ils vivent dans l’exercice de leurs fonctions.

‘’Le 20 décembre 2017, j’ai décidé de quitter ce corps pour des raisons personnelles. Je m’étais engagé pour servir ma nation. Mais, au fur et à mesure, je me suis rendu compte que ce travail ne valait pas autant de sacrifices. Je travaillais pour mes supérieurs, mais, en cas de problème, personne n’en faisait son propre affaire. On te renvoie directement à la direction qui se trouve à Dakar où, une fois sur place, personne ne s’occupe de toi. Ce qui me fait le plus mal, c’est qu’il y a des personnes âgées et mariées qui perçoivent 50 000 F Cfa depuis quatre longues années. C’est extrêmement difficile’’, déclare l’ex-Asp.

‘’Des assistants sans assistance’’

Il ne regrette d’autant plus pas sa décision qu’après quatre années à percevoir ce ‘’salaire misérable’’, l’État avait décidé de leur faire signer des ‘’contrats d’engagement’’ d’une durée de 2 ans pour le même salaire. Face à ce non-avancement, il a claqué la porte. ‘’Je ne peux pas comprendre que ces Asp, qui abattent un travail colossal, puissent être traités de cette manière. Si vous allez à la police, à la gendarmerie, au tribunal ou encore à la mairie, ce sont eux que vous y trouvez. Ils sont pour la plupart vos interlocuteurs. On leur paie 50 000 F Cfa et, pour percevoir leurs salaires, ils patientent très longtemps. Lorsqu’ils tombent malades, c’est la galère. Ces assistants à la sécurité de proximité sont sans assistance. Combien d’Asp sont déjà morts ? L’État doit les aider’’, plaide-t-il.

Poursuivant son sévère réquisitoire, Mouhamed Mamour Guèye soutient que la formule ‘’un Asp, un métier’’ tant chantée par l’État est un flop. ‘’C’était un simple slogan, puisque des familles d’Asp se sont disloquées. Rien de tout ce que les autorités ont promis aux Asp n’a été respecté. Il n’y a pas un Asp, un métier, au Sénégal. L’armée nous a déjà appris un métier. Ce que l’État doit faire dans ce dossier, c’est intégrer les Asp dans les rangs dans la police nationale, municipale ou encore de la gendarmerie. Nous avons patienté pendant quatre ans, mais trop, c’est trop’’, fustige encore l’ancien militaire (contingent 2007) qui a rejoint les rangs de l’Asp dès les premières heures de sa création.

Aussi, demande-t-il à l’État de venir en aide à ces ‘’vaillants patriotes’’ qui ont ‘’tout abandonné pour leur nation’’, en vue d’assurer une sécurité permanente à leurs concitoyens.

GAUSTIN DIATTA (THIÈS) 

 

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