Publié le 22 Feb 2014 - 16:30
DÉPART DE LA POLICE DE L’ESPACE UNIVERSITAIRE

Les étudiants fixent un ultimatum de 48h

 

La présence de la police dans l’espace universitaire est une violation grave de la franchise universitaire, selon les enseignants et les étudiants. Ces derniers ont fixé un ultimatum de 48h aux autorités pour que la Police quitte  l’espace universitaire.

 

 

11 heures, hier, à l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad). Casques, boucliers et grenades lacrymogènes sont de sortie, chez les forces de l’ordre présents au sein du campus social. C’est le branle-bas de combat. Car les étudiants viennent de prendre la décision de les chasser de l’espace universitaire qu’ils occupent depuis près de 3 mois. La décision a été prise, lors d’un point de presse.

Devant la  direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), les deux parties se font face, dans un climat de défiance digne des westerns. Aux récriminations des étudiants qui toisent les forces de l’ordre, ces dernières répondent par un renforcement de leur dispositif, avec l’arrivée de nouveaux éléments.

La tension est à son comble. De nombreux étudiants veulent en découdre et sont prêts à l’affrontement. Mais, ils en sont dissuadés par des membres du collectif qui appellent au calme. ‘’Nous sommes partis en grève pour dénoncer cette force d’occupation qui a derrière elle une longue tradition de violence à l’encontre des étudiants. Elle n’a pas sa place dans l’enceinte universitaire'', s’insurge Élimane Ba, sous les cris de la foule chauffée à blanc. Le président du collectif des étudiants de l’Ucad dénonce une grave atteinte à la liberté d’opinion et d’expression. 

Les étudiants réclament le départ des forces de l’ordre du campus, sous 48 heures et le paiement des bourses, dans les plus brefs délais. ‘’Nous allons passer à l’action, pour contraindre les policiers à quitter le campus social’’, poursuit Élimane Ba.  '’Nous réclamons la restauration de la franchise qui protège ce temple du savoir. Et nous ne retournerons pas dans les amphithéâtres, tant que tous les matins, nous courons le risque de perdre un de nos camarades, comme ce fut le cas en 2001 avec Balla Gaye’’, renchérit Soubeydou Sagna, membre du collectif des étudiants.

Présents au sein du campus, depuis plus de deux mois, suite aux accords entre le gouvernement et les amicales estudiantines, les policiers suscitent la hantise des étudiants qui dénoncent plus une police d’occupation. ‘’Nous n’avons jamais souscrit à cette forme de police qui terrorise les étudiants, la création d’une police universitaire devait être le fruit d’un consensus pacifique. Ce qui n’est pas le cas.

Celle-ci est plus une force répressive. Elle n’a pas sa place dans cette espace de réflexion et de pensée’’, dénonce Daouda Boiro, étudiant au département d’Histoire. Selon son ami Modou Diagne, si cette provocation continue, l’idée d’une année blanche n'est pas à écarter.

En effet, le premier à avoir dénoncé cet état de fait est le professeur Seydina Ababacar Ndiaye, le Secrétaire général du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES), dans une lettre au recteur de l’université (édition d’hier). Dans la missive, il prévient l’opinion publique sur une possible escalade de la violence, à cause de l’intransigeance du recteur et des autorités.

‘’La présence des forces de l’ordre jusque dans les facultés et écoles, depuis le 21 novembre 2013, bien avant les accords, constitue en soi une violence. Dans ce sens, nous avons averti le recteur sur l’illégalité de ce déploiement qui viole les articles 4 et 5 de la loi n◦94 relative aux franchises et libertés universitaires. De ce fait, le ministère et le recteur portent toutes les responsabilités dans ces provocations’’, a-t-il écrit en guise de conclusion. 

Par Mamadou Makhfouse Ngom

 

 

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