Publié le 22 Oct 2018 - 21:16
DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN

Près de 2 000 femmes au stade Lss

 

Après la confrontation entre le Sénégal et le Soudan, c’était au tour de la Lisca d’organiser, samedi dernier, un match contre le cancer du sein, au stade Léopold Senghor. Pas de ballon, mais uniquement des femmes et des médecins pour des diagnostics préventifs.

 

Samedi dernier, au stade Léopold Sédar Senghor, se jouait un match d’un genre particulier. Aucun joueur sur la pelouse, mais plutôt 12 box dans les vestiaires occupés par des médecins prêts à faire passer un test de cancer du sein à 2 000 femmes environ. L’activité a eu lieu sur la grande cour qui fait face au Lycée moderne de Dakar (Lymodac). Cette intervention de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca) est d’autant plus importante que les chiffres de l’Institut du cancer Juliot-Curie de l’hôpital Aristide le Dantec semblent inquiétants. Selon le Pr. Mamadou Diop, chirurgien-cancérologue, directeur de l’institut, sur 3 000 femmes consultées à l’institut de cancérologie, il y a, à peu près, 1 700 sur lesquelles il y a un diagnostic formel de preuve de cancer. Et sur les 1 700, 390 ont le cancer du sein, suivi de celui du col de l’utérus avec 360 cas.

‘’C’est dire que le cancer du sein et du col constitue une priorité en termes de prévention, de changement de mode de vie et de dépistage’’, indique le Pr. Diop. D’où l’importance de la régularité d’un tel examen médical.

D’après ce spécialiste, il est indiqué de se faire dépister tous les 2 à 3 ans, à partir de 40 ans. Mais, du fait de la peur d’aller se faire consulter tout seul, les initiateurs essaient de miser sur l’effet du groupe, propice à la mobilisation des femmes. Et les résultats sont plutôt encourageants, au vue de l’affluence. ‘’Avant, on le faisait pour les femmes démunies, qui n’ont pas accès à la mammographie. Mais on voit de plus en plus des femmes qui ont les moyens, mais qui viennent quand même’’, constate le Pr. Diop. Si les couches vulnérables restent la cible principale, c’est parce que, souligne ce spécialiste,  les coûts  de la prise en charge sont hors de portée. ‘’La mammographie n’est pas accessible, c’est à peu près 60 000, 80 000, voire 100 000 F Cfa. On peut dire que les femmes, en économisant, vont le faire, mais elles ont d’autres priorités’’, indique-t-il.  

Pour les accompagner, on les incite, d’abord, à se faire dépister à travers des campagnes de sensibilisation. Une fois qu’elles acceptent de faire le premier pas, la Lisca se donne les moyens de baisser les prix à 30 000 F Cfa, avec l’aide des cliniques. Elle subventionne le ticket à 15 000 F Cfa et la patiente paye les autres 15 000 F Cfa. L’intervention est offerte intégralement  aux sujets auprès de qui il a été découvert des lésions au cours de l’examen. Aussi, en fonction des histoires familiales (antécédents notés chez les parents), les sénologues déterminent également s’il faut accorder une mammographie complète, c’est-à-dire un diagnostic, ou bien si la subvention pour le dépistage suffit. Les jeunes filles qui n’ont pas besoin d’intervention repartent avec un niveau d’information supérieur sur la question.

Les avancées de la prise en charge

Par ailleurs, la prise en charge de cette maladie fait face encore à des défis, bien que des pas importants aient déjà été franchis, si l’on croit le chirurgien-cancérologue. ‘’L’appareil de cobaltothérapie a été changé par un accélérateur de particules, avec un scanner qui permet de faire la dosimétrie. Tout cela permet d’être beaucoup plus précis, beaucoup plus efficace. Nous avons, aujourd’hui, les appareils qui sont utilisés partout dans le monde, dans  les pays développés’’, se félicite-t-il.

Outre ces machines, il y a également un nouveau bâtiment qui a permis d’avoir tout le confort nécessaire au bon déroulement des interventions et du séjour des malades. La ligue a construit une nouvelle salle de chimiothérapie, avec toutes les commodités requises. ‘’Les malades qui sont hospitalisés à l’institut Juliot-Curie sont dans les mêmes conditions que ceux qui sont dans les cliniques privées. C’est une énorme avancée, puisqu’en médecine, ce qui est important, c’est de mettre le patient dans des conditions meilleures que chez lui. C’est très important sur le plan mental, surtout concernant cette maladie-là’’.  

Cependant, il reste le projet de centre d’oncologie de référence qui doit être construit en partenariat avec la Corée du Sud. Le Pr. Diop fonde beaucoup d’espoir sur cette infrastructure censée être l’alpha et l’oméga de la prise en charge des personnes atteintes de ces pathologies. ‘’Tout devrait être sur place, à savoir les moyens diagnostics, le bilan d’extension, les différentes modalités de trainement. Tout est sur place jusqu’aux soins palliatifs. La pharmacie, avec les médicaments anticancéreux. Les travaux de construction devraient démarrer en 2019’’, déclare le directeur de l’institut du cancer.

BABACAR WILLANE

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