Publié le 7 Dec 2012 - 04:10
DÉVELOPPEMENT LOCAL

Dialogue de sourds entre gouvernants locaux et hommes des médias

 

Entre les journalistes et les acteurs du développement local subsiste un océan de préjugés. Les différents protagonistes qui l’ont reconnu, ont profité, hier, du sommet ''Africités'' pour réfléchir sur les voies et moyens de résorber cette crise de confiance…

 

Comment parvenir à établir un climat de confiance entre les élus locaux et les journalistes ou les inciter à nouer un partenariat qui soit de portée nationale ? C’est à cette tâche fastidieuse que se sont attelés élus locaux et journalistes, hier, à l’initiative de la plate-forme Médias africains pour le développement local (Madel). Cela, dans le cadre du sommet «Africités» dont le but est d’insuffler de nouveaux paradigmes pour une Afrique qui sort de l’ornière. Ainsi, le panel : «Médias, maires, porteurs de projet : quelle appréciation pour quelles relations ?», a permis de tirer le voile sur une réalité : les journalistes ne sont pas toujours perçus par les autorités municipales comme des partenaires de développement.

 

L’adjoint au maire de la commune de Richard Toll, Alioune Diallo, parle d’ailleurs de blocages de communication qui découlent, à ses yeux, d’une absence d’interlocuteurs. «Nous voulons communiquer, mais si nous nous enfermons dans notre tour d’ivoire, c’est parce que les journalistes ne recherchent que le sensationnel. Ils abordent le développement en termes de ce qui a réussi ou pas, or nous sommes, à notre niveau, au service du développement local''. Une rétention d’informations qui peut se justifier, selon plusieurs intervenants, par le fait, qu’en Afrique et partout ailleurs dans le monde, les journalistes raffolent de sujets à polémique, les arrêtés de délibération du conseil municipal n’éveillent aucun intérêt pour les hommes des médias. ''C’est de leur droit'' consent à dire un élu local marocain, même s’il estime qu’il serait bien que les journalistes s’impliquent dans des démarches de développement local.

 

''Les relations incestueuses qui tournent autour de l’argent''

 

Le hic : quand les hommes des médias fouinent, les susceptibilités sont grandissantes chez les autorités municipales. Dans son intervention, le journaliste Madièye Dieng, responsable de l’agence de presse syfia/jade à Dakar, de saluer le professionnalisme des journalistes de développement qui sont légion. «Comme d’autres confrères, je ne fais pas de l’information institutionnelle, je trouve que c’est sur le terrain, dans les villages qu’on peut avoir des choses plus fiables que lors d’un entretien avec un maire qui nous tient la langue de bois.''

 

Pour Christophe Mie Zoké, un journaliste camerounais, devenu maire, après 25 ans de pratique, «le problème de fond, ce sont les relations incestueuses qui tournent souvent autour de l’argent''. Il s’y ajoute que le maire se soucie du marketing territorial, de son marketing politique et personnel, ce qui ne préoccupe guère les journalistes. ''Quand cela l’arrange, le maire fait appel aux médias, cela a un coût et un prix. Finalement on sort du cadre de l’information. Il faut asseoir de nouveaux mécanismes pour inverser la tendance. Il faudrait aussi que les journalistes cessent de regarder le développement local comme une information de seconde zone et essaient de s’intéresser au devenir des communautés à la base.''

 

La journaliste ivoirienne Falila Gbadanassi d’Afrik.com soulignera que même si des dysfonctionnements sont notés de part et d’autre, ''les élus locaux doivent prendre conscience que nous fournissons l’information et que nous avons en charge de gérer leur communication. Ils doivent développer leur stratégie de communication. Il ne faut pas confondre communication et information''. Ainsi, des journalistes de la sous-région, réunis autour de la plate-forme des médias africains pour le développement local (Madel), veulent plancher sur des pistes permettant ''d’aborder la réalité locale africaine avec un regard moins brouillé par des idées toutes faites''.

 

Matel BOCOUM

 

 

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