Publié le 6 May 2014 - 10:33
DAKAR, CAPITALE ‘’ACCIDENTOGÈNE’’

Plus de 1000 accidents et 32 morts, entre janvier et avril

 

Les routes continuent de faire des victimes au Sénégal. Uniquement à Dakar, plus de 32 personnes ont été tuées pour les quatre premiers mois de l'année 2014. Et comme partout à l'intérieur du pays, l'indiscipline des chauffeurs, l’état des routes, et des véhicules techniquement défectueux sont les principaux facteurs d'accidents. 

 

Il ne se passe pas un seul jour sans qu’un accident de la circulation ne se produise à Dakar. Des accidents violents et traumatisants qui plongent des familles dans le deuil. Le bilan des accidents est parfois lourd, avec des pertes en vies humaines et des dégâts matériels. Ainsi, de janvier à avril 2014, plus de 1 000 accidents ont été répertoriés dans la capitale sénégalaise, selon des chiffres du Groupement d'intervention des sapeurs-pompiers (GIS). Au total, 32 corps sans vie ont été dénombrés, avec plus de 2 000 victimes.

Ainsi, le périmètre d’intervention du GIS1 commence de la pointe des Mamelles à Diamniadio. Les accidents, pour la plupart, sont dus à des collisions entre automobiles, des carambolages de véhicules, des dérapages suivis de renversement de voitures ‘’Ndiaga Ndiaye’’ et ‘’cars rapides’’, des piétons renversés par des véhicules... 

Au mois de janvier 2014, le GIS1 a dénombré 411 accidents dans le périmètre de la région de Dakar. Les soldats du feu ont compté 687 victimes et ont réussi à en sauver 673. Par contre, 14 personnes sont finalement décédées. Au mois suivant, février, il a été dénombré 344 accidents qui ont fait 479 victimes dont 3 décès. Le mois de mars 2014 a encore été plus meurtrier : en 30 jours, les sapeurs sont intervenus 472 fois dans des accidents pour secourir  613 victimes mais impuissants devant 11 personnes tuées. Pour la période du 1er au 23 avril, le GIS1 est intervenu dans 350 accidents qui ont occasionné 438 victimes dont 4 morts. 

Cependant, le bilan des personnes décédées dans ces accidents peut être beaucoup plus lourd, selon nos informations, car les chiffres fournis par les sapeurs-pompiers ne concernent que les victimes mortes sur le coup, c'est-à-dire sur les lieux d'accidents. Une bonne partie des victimes finissent par succomber à leurs blessures dans les hôpitaux de Dakar.  

(Ir)responsabilité et manque de formation des chauffeurs

Ces chiffres meurtriers montrent la profondeur du mal que constituent les accidents à répétition. Les victimes se comptent en masse alors que la plupart des accidents sont «évitables», selon une source du groupement des sapeurs-pompiers. Au cœur de ces drames, il y a la cause humaine. ''On peut même dire que 70 à 80% de ces accidents sont dus aux facteurs humains'', se désole notre interlocuteur.

Parmi ces facteurs, il cite «l’ivresse, l’excès de vitesse, le non-respect du code de conduite, l’indiscipline des chauffeurs...». La même thèse de l’indiscipline des chauffeurs est défendue par le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des transports routiers comme cause principale de survenue des accidents. 

Mais selon Fallou Samb, cela est aussi lié au «manque de formation» des chauffeurs. Pour preuve, il indique, par comparaison, qu’il est rare de voir un bus de la société Dakar Dem Dikk (DDD) à l'origine d'accident mortel alors que ses chauffeurs sont souvent d'anciens conducteurs de «cars rapides» et de «Ndiaga Ndiaye».

La différence est que, une fois recrutés à DDD, «ils sont bien formés avant d’être mis au volant des bus en circulation». Aussi, le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du transport routier invite-t-il l’État à «privilégier» la formation des conducteurs. ‘’Un chauffeur n’a pas droit à l’erreur. Chaque faute commise sur la route peut être fatale, car elle risque de mettre en danger la vie de nombreux citoyens. C’est pourquoi les chauffeurs doivent être formés et être responsables’’, explique-t-il.

Zones accidentogènes

Fallou Samb met également en cause «l’état des routes» comme facteur important d'accident. Mais cela est rejeté par un responsable des sapeurs-pompiers. «Les routes sont encore dans un état acceptable, à l'exception de quelques points dangereux dans la banlieue de Dakar», souligne notre interlocuteur. Paradoxalement, les accidents sont plus fréquents là où l’état de la route est plus ou moins acceptable. «Les tronçons les plus accidentogènes de Dakar sont l’école Mariama Niasse de Pikine, le pont Sénégal 92, l’avenue Blaise Diagne au niveau du marché Tilène, la Route de Rufisque, les Mamelles, près du phare…» 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 
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