Publié le 8 Jun 2016 - 18:25
DAKAR-PLATEAU

Le business du stationnement 

 

La mairie de Dakar-Plateau vend des espaces de stationnement à la Place de l’indépendance à des sociétés privées. Ces dernières louent à leur tour ces parkings à d’autres entreprises qui les réservent à leurs personnels. L’institution annonce un ambitieux projet de parkings souterrains.
 
 
Des lignes de voitures en rang entre des segments de peinture blanche dessinés sur le sol. Des véhicules encerclés par des chaînes où l’on peut lire sur un tableau ‘’place réservée’’. C’est ce qu’on observe presque dans toutes les rues adjacentes de la ville de Dakar. Particulièrement  à la Place de l’indépendance. Bien installé dans une voiture bleue, attendant le propriétaire, un laveur de véhicule, sous le couvert de l’anonymat  et gérant d’espace de parking à louer, se livre après quelques moments d’hésitation. ‘’Les parkings ici sont réservés à des gens qui travaillent dans des sociétés qui siègent sur ces lieux. 
 
Nous travaillons pour une société qui achète des espaces à la mairie de Dakar Plateau’’, déclare-t-il. Ce dernier  renseigne que la Société  dakaroise de mobilier et d’habitat (SDIH) paye un an de location d’espaces de parking. Ensuite, elle loue quelques espaces à d’autres sociétés, comme la  Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) qui a plusieurs espaces loués et réservés à son personnel. 
Sur la route, devant  la SDIH. M. Fall attend sa voiture, ramenée par un des agents en blouse bleue, car il n’a pas où stationner. ‘‘Nous avons à la Place de l’indépendance des difficultés de stationnement. Pour échapper au sabot, des fois, nous préférons donner  notre voiture à un agent qui se charge de faire des tours, le temps que nous finissions nos besoins. Mais c’est risqué, car il peut faire un accident ou amener ta voiture loin.
 
Là, après, tu restes des heures à l’attendre’’, se plaint M. Fall. Alors que, renseigne l’homme en boubou blanche, tu peux payer une amende de 6000 F Cfa faute d’avoir mal garé ta voiture’’, dit l’agent de transit dans une grande Compagnie. ‘’A Dakar, se plaint-il, il n’y a pas  de parkings de stationnement. Mais il y a des espaces où on peut parquer des voitures. En général, ce sont des espaces privés réservés aux sociétés. Nous voyons des  gens en blouse bleue portant le sigle SDIH qui indiquent à certains où se mettre’’. Le chauffeur qui a préféré garder l’anonymat de signaler ‘’qu’il y a même des  lignes blanches et des chaînes qui montrent  les différents parkings réservés. Le cœur de ville est tellement encombré’’. 
 
‘’Tout le temps, on nous met des sabots’’
 
Le transitaire, d’un regard fureteur, cherche la personne à qui il a confié sa voiture. ‘‘Comme je viens ici chaque jour, je préfère  donner ma voiture à un agent de la société SDIH. J’ai confiance en eux et les comprends, parce que c’est leur gagne-pain, on doit les récompenser pour le service qu’ils nous rendent’’, apprécie M. Fall. Le prix à payer varie entre 300 à 500 F Cfa.  Par contre, révèle-t-il, d’autres ont des problèmes à confier leurs véhicules à des inconnus, par mesure de sécurité. Parfois, certains propriétaires de véhicules refusent d’être facturés et disent que la Place de l’indépendance n’appartient à personne puisque c’est un lieu public. ‘’Chaque jour, je viens  ici pour formaliser des dossiers à la Bicis ou la  Bceao. Les premières difficultés que nous rencontrons à la Place, c’est les sabots. Tout le temps, on nous met des sabots’’, regrette-t-il.
 
En effet, la difficulté majeure pour les automobilistes au niveau de cette place névralgique, ce sont les sabots. ‘’Nous sommes là pour la mairie et pour réglementer la situation. Sinon, il y aura de l’anarchie. On a aussi une équipe de désencombrement, c’est-à-dire des agents qui gèrent la fluidité de la circulation et font circuler les voitures, même si le feu est rouge’’, indique une dame, casquette sur la tête et sifflet à la bouche. D’ailleurs, le responsable du personnel des agents de la SDIH confie : ‘’On ne demande pas à nos agents de laver des voitures, car la police interdit ça. Par contre, on leur demande tout simplement de superviser le stationnement réservé à nos clients.’’
 
 
OUSMANE DIOP, RESPONSABLE FINANCIER A LA MAIRIE
 
‘’Le Plateau a un projet de 600 milliards pour faire des parkings souterrains’’
 
Comment se fait l’octroi des places de stationnement ?
 
Pour jouir d’une place de stationnement, il faut en faire la demande. Ensuite, nous envoyons nos agents pour qu’ils fassent l’état des lieux. Si c’est possible, on vous octroie une place de stationnement, en retour d’un paiement d’une  déclaration. Par exemple, vous avez là  un chèque de 1 million F CFA payé par une société, qui veut des places de stationnement privées.
 
Cette somme, c’est pour les dissuader. Normalement, c’est un montant qui devrait être payable avant le 31 mars et qui concerne toute l’année.  200 mille par véhicule est le prix que les sociétés payent pour les places réservées de stationnement. Mais, nous  ne vendons  pas les lieux publics, nous les conservons et les louons pour que la personne ait des droits sur des espaces bien précis. Nous sommes fondés de par la loi à le faire, parce que le domaine public appartient à la Commune.
 
Pourquoi la SDIH a plus de places de stationnement réservées ?
 
La SDIH est attributaire de plusieurs lieux  de stationnement  à la  place de l’indépendance. C’est une société immobilière. Il y a beaucoup d’autres locataires à ce niveau. Donc eux, comme tous les contribuables, ont payé. Ils étaient intéressés par les places, depuis 1986 et à cette date, ils payaient 10 millions ou 8 millions. Et en retour, ils donnaient ces places à leurs locataires, parce que c’est inclus dans la valeur locative à leur niveau. Aujourd’hui, la SDIH paye près de 28 millions pour assurer à ses locataires des places. 
 
D’aucuns parlent de favoritisme
 
Il n’y a pas de favoritisme chez tous les contribuables. Maintenant, eux, ils ont des laveurs et des gardiens qui veillent sur leurs  places. Toutefois, leurs agents squattent, parce qu’ils gèrent les clés et tout. D’ailleurs, nous allons remédier à cela, parce que ça commence à bien faire. Si tu vas à la Corniche, les voitures qu’on voit là-bas, ce sont eux qui les y amènent. Ce sont des gens identifiables et identifiés. C’est leur business sur le dos de la commune. A partir de la semaine prochaine, nous allons faire des opérations pour mettre fin  à cette pratique-là.
 
Parce que ça commence à bien faire. Partout à Dakar, c’est eux qui font la pluie et le beau temps et on ignore le manque à gagner. Nous avions l’ambition de réglementer les  difficultés de stationnement. Mais, il s’est posé des problèmes de matériels. Le Plateau  porte un projet  pour le stationnement,  parce que la ville est assez  saturée. C’est un  projet de plus de 600 milliards pour faire des parkings souterrains. C’est pour soulager les usagers. Cette année, il était question même qu’on fasse  des stationnements unilatéraux. 
 
Mbéry Faye (STAGIAIRE)
 

 

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