Publié le 27 Nov 2012 - 23:05

De la bonne gouvernance

 

 

Après avoir lu avec un grand intérêt l’article (1) intéressant de Monsieur le Ministre chargé de la promotion de la bonne gouvernance et porte parole du gouvernement, mon frère Abdou Latif Coulibaly, j’ai eu une forte envie de contribuer à la réflexion qu’il a lancée dont je salue l’initiative heureuse. Le moins qu’on puisse dire c’est que cet article vient à point nommé et campe véritablement le débat. Car il pose d’emblée la question cruciale « comment traduire en réalité institutionnelle le concept de bonne gouvernance ». Tout un chantier à défricher et de nombreux défis à relever pour traduire en actes la volonté du chef de l’Etat et répondre aux attentes légitimes du peuple après douze ans de mal gouvernance et de gestion gabégique.

 

Dans une contribution précédente parue en juillet 2012 (2), j’avais dit que le régime actuel inaugure un nouveau mode de gouvernance des affaires publiques basé « sur les principes de transparence et le devoir de rendre compte, principes inscrits en lettres d’or dans la charte de gouvernance démocratique des Assises nationales, ce qui devrait permettre de changer fondamentalement la manière de gérer le pays et d’améliorer le bien être des populations ». Cette volonté politique du nouveau régime a besoin d’être accompagnée et soutenue par tous les patriotes et démocrates qui ont à cœur le devenir de notre peuple et le développement économique et social de notre pays.

 

Concernant la politique de bonne gouvernance cet accompagnement devra à notre humble avis se faire à deux niveaux : l’explicitation et la vulgarisation du concept et son opérationnalisation. Le concept de bonne gouvernance est apparu dans les années 80, période marquée par une grande crise économique qui a entraîné des interventions intempestives de la Banque Mondiale (B.M) et du Fonds Monétaire International (F.M.I) dans les pays en développement. Chacun peut avoir sa propre interprétation de la bonne gouvernance mais sa quintessence doit être comprise par tous. Elle renvoie à une idée sur la manière de gérer avec transparence les ressources limitées de la planète. La notion de bonne gouvernance fait référence aux impératifs d’amélioration de la qualité de la gestion des ressources et des institutions avec comme soubassements les principes de responsabilité, de redevabilité (devoir de rendre compte), de transparence, de démocratie, de participation, d’équité, de légitimité et de compétences.

 

La bonne gouvernance prend en compte à la fois la manière dont la gouvernance et la gestion sont exercées mais aussi les capacités et les compétences des personnes et des institutions qui les exercent. Elle sous-entend l’exercice de pouvoirs de décisions (politique, économique, social…) et de leur contrôle par les acteurs sociaux, institutionnels concernés à des fins de développement économique et social. Elle peut donc être comprise comme un ensemble des valeurs, de règles ou de normes, d’orientations et de mécanismes permettant à une entité de gérer de manière saine et transparente des ressources et différents processus (sociaux, économiques, politiques, institutionnels, organisationnels et culturels. Elle traduit une volonté des instituions et des personnes de rendre compte et de gérer de dans la transparence leurs ressources, activités et fonctionnement. Elle est donc à la fois est une exigence de la démocratie et une composante de celle-ci. Elle est aussi un mode de distribution des tâches, des responsabilités et des pouvoirs en même temps qu’une manière d’exercer ces derniers.

 

L’être humain, notre «capital le plus précieux» constitue sa finalité et sa ressource principale. C’est pourquoi tout ce qui contribue à le valoriser et à le faire épanouir doit être une forte préoccupation des pouvoirs publics qui doivent prendre en compte les valeurs essentielles qui sous-tendent la bonne gouvernance. Aussi, nous suggérons de rajouter aux principes directeurs avancés par Monsieur le Ministre, d’autres non moins importants que sont l’équité, l’égalité, l’engagement, la légitimité, le respect mutuel, la participation, la transparence et la légalité.

 

Sur le plan pratique, pour traduire le concept de bonne gouvernance dans la réalité quotidienne il serait nécessaire de décliner une feuille de route, certainement en élaboration, validée par les acteurs politiques, économiques et sociaux. Dans ce cadre nous proposons trois mesures importantes à mettre en œuvre : Faciliter une meilleure connaissance des mécanismes et procédures de l’administration par les citoyens et de leur contrôle de l’action publique ; Mettre en place un système qui garantisse réellement un accès équitable des citoyens et de tous les secteurs de la vie national à l’information ; Définir des incompatibilités de fonctions claires et nettes dans la gestion des deniers publics à tous les niveaux de l’Etat et une faire une bonne articulation entre toutes les structures ayant des responsabilités ou intervenantes dans ce domaine.

 

Dakar, le 10 novembre 2012

AMADOU A. DAFF, SOCIOLOGUE

daffissaga@hotmail.com

 

 

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