Publié le 19 Jan 2019 - 15:54
DECES DE BACHIR KOUNTA

La grosse controverse avant son inhumation

 

Ce vendredi, Ndiassane a connu ce que Léona et Kaolack ont vécu avant l’inhumation du défunt Président, directeur général de Walfadjri, Sidy Lamine Niasse. Le lieu devant accueillir à jamais Ahmed Bachir Kounta a fait l’objet d’une grosse polémique. Finalement, le Khalife Cheikh Bécaye Kounta a tranché et le défunt journaliste repose désormais au grand cimetière de Ndiassane.

 

Hier, l’enterrement de Serigne Ahmed Bachir Kounta a été décalé de plusieurs heures. Le défunt qui devait être inhumé après la prière de tisbar a finalement été enterré à 16 heures passées de 30 minutes. Principale cause de ce décalage, la grosse polémique déclenchée au moment où il devait rejoindre son créateur. Le tout se déroulait sous les yeux d’une foule immense venue rendre un dernier hommage à Serigne Ahmed Bachir Kounta. En fait, d’aucuns voulaient qu’il reposât au grand cimetière de Ndiassane. Non ! Rétorque le fils aîné du défunt, Okhbata Kounta. Ce dernier souhaitait que son défunt père puisse reposer sur ses propres terres, c’est-à-dire, dans sa demeure en construction. Une bâtisse d’une belle architecture, loin du grand cimetière de la capitale de la Khadria. D’ailleurs, selon certains fidèles, les enfants du défunt journaliste et chef religieux, avaient déjà fini de creuser la tombe de leur père. Mais, cette volonté va être stoppée par certains dignitaires de Ndiassane. Alors, c’est le début de longs conciliabules.

 Entre 14h 27 et 15h 58 mn, les dignitaires de la famille Kountiyou ont tenté de faire revenir Okhbata Kounta sur sa décision. Tous, lui demandent de céder. Ce qu’il refusa dans un premier temps. Les négociations ont pris du temps. Mais, le fils aîné de Bachir Kounta reste sur sa position. Pas question pour lui d’abandonner son projet. Les gens s’approchent de lui, essaient de lui raisonner. Mais, rien. Quand ils parlent, il les écoute, les regarde et passe à autre chose. Tout monde s’en mêle. Même l’ami du défunt,  l’ancien ministre de l’Intérieur sous Abdoulaye Wade, Ousmane Ngom a essayé de la raisonner. Mais Okhbata Kounta refuse toujours d’obtempérer.

Cette situation n’a pas laissé indifférent l’Imam de la grande mosquée de Ndiassane, Sidy Omar Kounta. ‘’L’imam a dit que si les enfants du défunt refusent de céder, il ne dirigera pas la prière mortuaire. Ils vont se débrouiller ou soit appeler quelqu’un pour le faire à sa place’’. Un autre dignitaire de Ndiassane de renchérir : ‘’Ce n’est pas sérieux de garder le corps de leur père et faire perdre du temps à toute cette foule venue de partout pour rendre un dernier hommage à un grand homme. Serigne Ahmed Bachir Kounta ne le mérite pas. Et puis cela n’a pas été sa volonté d’être inhumé à son domicile s’il venait à mourir. Il ne l’a pas dit à aucun de ses enfants. Je ne sais pas pourquoi le fils aîné s’entête à vouloir faire une telle chose’’.

 Pendant ce temps, la foule debout dans tous les coins de la grande mosquée en construction est déboussolée. Elle a bravé la chaleur, le froid et la poussière rien que pour accompagner Ahmed Bachir Kounta jusqu’à sa dernière demeure.

Intervention du Khalife

A 15h59 mn, un compromis semble être trouvé. L’imam annonce la prière mortuaire. A cet effet, un dispositif a été très vite mis en place. La foule s’empresse et exécute la consigne de l’imam. Les gens se mettent en rang. Alors que devait débuter la prière mortuaire, une autre foule se forme non loin de la petite chambre où est gardée la dépouille de l’homme des médias. Les choses sont encore retardées. Car, Okhbata Kounta ne baisse pas les armes. Il fallait donc reprendre le même procédé : négocier encore et encore négocier.

Car, le compromis tantôt trouvé a été repoussé par la même personne. Et pourtant, la dépouille d’Ahmed Bachir Kounta a foulé le sol de son Ndiassane qui l’a vu prendre des galons, vers les coups de 13h30mn. C’est seulement à 16h26mn que l’imam de la grande mosquée annonce à nouveau le début de la prière mortuaire. Car, une solution définitive a été trouvée après que le Khalife général de Ndiassane, Bécaye Kounta eut intervenu. Cette fois, c’est le bon. Le même dispositif qu’avant a été reconduit. 16h28mn, c’est la fin de la prière. Et sous une escorte des éléments de la Gendarmerie et du Groupement national des sapeurs-pompiers, la dépouille prend la direction du grand cimetière. Après d’âpres tractations, Bachir Kounta a été finalement inhumé dans la quiétude au grand cimetière de Ndiassane où il repose désormais, loin de son domicile en chantiers et des mausolées des vénérés Khalifes qu’il a eu à accompagner de son vivant.

L’ultime hommage

En dépit de cet incident qui a ponctué la cérémonie funéraire, les populations se sont mobilisées comme un seul homme pour rendre un ultime hommage à leur Saint-louisien de cœur. Devant la grande mosquée en construction, un monde fou. Une foule essentiellement composée d’hommes et de jeunes. Les femmes de leur côté, sont assises un peu loin de la mosquée. Des milliers de fidèles sont venus de partout pour dire Adieu au journaliste-présentateur du journal télévisé de la Rts1.

Et que dire de Ndiassane. ‘’Tout Ndiassane s’est mobilisé pour lui rendre un hommage mérité. Car, Bachir est un grand homme du public. Il entretenait de très bons rapports avec les dignitaires de tous les foyers religieux. Bachir qui a grandi à Tivaouane aux côtés de Serigne Babacar Sy, mérite tous les honneurs et hommages’’, confie El Hadj Mouhamed Kounta, chargé de communication de la famille de Ndiassane. Poursuivant son témoignage sans glisser un mot sur ce qui s’est passé avant l’inhumation, il soutient que le défunt ‘’demeure inoubliable.’’ ‘’Nous avons perdu un oncle. Nous avons perdu un père et un grand-père. Il est parti et nous ressentons uniquement de la tristesse. C’est une grosse perte pour Ndiassane, le Sénégal et pour l’Afrique. Car, Serigne Ahmed Bachir Kounta a servi tous les présidents de la République. De Senghor à Macky Sall’’, rappelle-t-il.

 Pour sa part, Khalifa Guèye indique qu’Ahmed Bachir Kounta était un grand homme. ‘’Vous voyez toute cette foule ? Bachir le mérite. Des gens ont quitté ce bas monde ici à Ndiassane, mais, n’ont pas réussi à drainer autant de monde. C’est pour dire toute la grandeur de l’homme’’, a conclu Khalife Guèye.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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