Publié le 16 May 2018 - 12:17
DECES DE FALLOU SENE

Pattar pleure son fils

 

Le département de Diourbel est en train de payer un lourd tribut durant le mandat du président Macky Sall. En l’espace de quatre années, il a enterré deux de ses espoirs. Tous sont morts sur le chemin du savoir. Hier Bassirou Faye, aujourd’hui Fallou Sène qui sera enterré ce mercredi.

 

‘’C’est la volonté divine. Une vérité absolue, mais c’est une personne qui lui a ôté la vie. Si elle était en face de nous, on allait lui régler son compte’’. Fatou Ngom répondait ainsi à la vieille Khadidiatou Sène qui, en sanglots, pleurait la mort d’El Hadj Fallou Sène, fils ainé de Ngoné Diop, la seconde épouse d’Abdoulaye Sène. Ce dernier, aussitôt mis au courant de la triste nouvelle, a quitté la Gambie où il était parti chercher fortune. La concession des Sène, composée de quatre maisons, se situe  à la  sortie de Pattar, sur la route de Ndionaye. Elle se distingue par l’architecture faite de tôles de zinc et de paille. Dans cette demeure, les femmes, inconsolables, s’affairent aux préparatifs des repas pour prendre en charge les parents et autres personnes curieuses accourus des quatre coins du pays pour venir partager la douleur.

Assise au milieu des femmes, Ngoné Diop, la mère du défunt, se lamente et s’interroge encore : comment tout cela a pu arriver ? Difficile de répondre à cette interrogation, parce que ne trouvant pas de réponse sur place. A l’intérieur de la chambre, la veuve de Fallou Sène, avec dans ses bras leur enfant qui ne verra jamais le visage juvénile et chaleureux de son papa arraché à l’affection des siens à l’âge de 26 ans. Avec sa mère, le bébé venait de rejoindre Pattar, il y a de cela juste un mois. Elle maudit cette terre de Sanar qui lui a ôté à jamais son cousin de mari (sa maman est la tante de Fallou).

Dans cette concession, les pleurs accueillent le visiteur. Difficile d’arracher un témoignage de la bouche de quelqu’un. Papa Sène, oncle paternel du défunt, déclare : ‘’Revenez demain. Seul son père pourra vous parler ou bien donner l’ordre pour qu’on vous parle.’’

 Fallou Sène, décrit par ses camarades étudiants comme quelqu’un de brillant, a obtenu son Baccalauréat de la série L1 en 2016, alors qu’il étudiait au collège privé Cheikh Assane Ndiaye de Diourbel, après une première tentative infructueuse au lycée Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké. Talibé de Serigne Touba, il était très actif dans le ‘’dahira’’ mouride de l’établissement. Décrit comme une personne respectueuse, il n’avait qu’une seule et unique ambition : réussir dans les études et venir en aide à sa famille démunie restée au village. Hélas, ce vœu prémonitoire ne se réalisera pas. Il est tombé sur le chemin du savoir. Il pourrait être enterré aujourd’hui à Touba après l’autopsie.

Hier, l’Etat, par le truchement du  ministre conseiller Mor Ngom, avait demandé à une partie de la famille de venir à Dakar pour être logée dans un hôtel de la place et repartir ce jour avec le corps du défunt, après l’autopsie. A l’heure où ces lignes sont écrites, la famille attendait encore la décision du père de Mohamed Fallou Sène.

Djiby Yacine GUEYE (Diourbel)

 

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