Publié le 23 Jul 2018 - 16:11
DECLARATION CANDIDATURE PRESIDENTIELLE 2019

Cheikh Hadjibou Soumaré rejoint le peloton

 

C’est le moment de rendre publiques les ambitions présidentielles. Le cinquième chef de gouvernement sous le magistère d’Abdoulaye Wade l’a fait. Dans l’ambition de trôner sur l’avenue Roume.

 

Il a succédé à Macky Sall au poste de Premier ministre du Sénégal. Lui succédera-t-il en tant que président de la République ? Ce serait le parfait karma pour Cheikh Hadjibou Soumaré. L’ancien chef du gouvernement (juin 2007-avril 2009) postule à la magistrature suprême, à la présidentielle prévue dans un peu plus d’un semestre. ‘‘Je suis candidat à la présidence de la République du Sénégal. L’élection de 2019 est un rendez-vous avec notre destin commun qu’il ne faudrait pas manquer. Pour ma part, je prends mes responsabilités en toute indépendance’’, a-t-il déclaré hier dans la salle comble du Grand Théâtre de Dakar. Une candidature qui ne vient pas ex nihilo, puisque que n’étant pas le ‘‘fruit du hasard, ni l’objet d’une motivation politicienne’’. ‘‘Elle est l’expression de mon engagement patriotique, avec l’ambition de servir et porter ce besoin de changement que je ressens chez mes patriotes’’, affirmera le natif de Thiès.

Deux jours après avoir intégré le Front de résistance nationale (Fdr), le cinquième chef de gouvernement sous Abdoulaye Wade n’a pas été tendre avec son prédécesseur à la primature. Dans une longue litanie, il a décrié ce qu’il considère comme les échecs majeurs du septennat de Macky Sall, tirés d’interpellations de Sénégalais de toutes catégories socioprofessionnelles : ‘‘Depuis quelques années, en observateur attentif de la situation de mon pays, je sens la montée des inquiétudes, je sens trop de difficultés que des familles éprouvent encore pour se nourrir. Je constate la crise dans beaucoup de secteurs de notre société et de notre économie, avec des interpellations sur le recul des libertés publiques et le manque d’indépendance de la justice. J’entends la colère des étudiants ainsi que de nombreux jeunes sans emploi et sans espoir’’, a déclaré Hadjibou Soumaré. ‘‘Notre pays n’avance pas dans la réduction de la pauvreté, alors que même nos libertés reculent. Nos institutions s’affaiblissent, notre diplomatie perd de son influence’’, poursuit-il dans un réquisitoire sévère contre le régime en place.  

Bling-bling

Directeur général des Finances, ministre du Budget, Premier ministre, président de la Commission de l’Uemoa,  Hadjibou Soumaré, 67 ans, décrit comme un technocrate travailleur qui, comme il le dira, s’est tenu loin des ‘‘lourdeurs idéologiques et des débats stériles’’, a pourtant cassé les codes de sa communication habituellement très discrète. C’est dans un complexe culturel, le Grand Théâtre de Dakar, que sa déclaration de candidature a lieu. Avec la cantatrice Fatou Guéwel Diouf pour chauffer la salle et l’animateur télé Bécaye Mbaye comme maître de cérémonie avant sa déclaration, le nouveau postulant à la magistrature suprême a agi en ‘‘politicien’’ classique. Une mise en scène bien travaillée, puisqu’au moment de prononcer la phrase magique, un lâcher de confettis a accompagné la déclaration de candidature sous la harangue de Bécaye, obligeant tout le monde à se lever.

Seule concession à son calme apparent, il promet de ne pas se laisser aller aux invectives durant la campagne, mais dira ce qu’il pense. ‘‘Qu’on arrête d’être revanchard’’, dira-t-il en wolof.

Ayant récemment fait parler de lui comme le plan B du Pds dont la candidature de leur idole semble compromise, ou la visite à Khalifa Sall à la prison de Rebeuss, cette déclaration de candidature est la troisième fulgurance médiatique à laquelle s’est livré l’homme traditionnellement réservé en moins d’un mois. Perdu de vue dans le paysage politique sénégalais depuis une décennie, il a sept mois à peine pour rendre maximales ses chances d’être président.

OUSMANE LAYE DIOP

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