Publié le 15 May 2019 - 02:34
DECOUVERTE – INITIATIVES LOCALES EN CASAMANCE

Badiana, un bel exemple d’auto-prise en charge

 

Situé dans la commune de Djinaky, le village de Badiana impressionne par son organisation sociale. Celle-ci est une véritable source de mobilisation de ressources financières, pour la prise en charge des préoccupations de ses populations, sans attendre l’intervention de l’Etat.

 

Situé à 25 km de Bignona, sur la Rn5 qui mène à Diouloulou, le village de Badiana s’illustre par son organisation sociale portée par l’Association des journées culturelles et économiques du village. Celle-ci est composée de 11 sections réparties dans les régions de Dakar, Ziguinchor et Kolda, du département de Vélingara, de la Gambie voisine et de la diaspora résidant en Europe.

‘’Avant les indépendances, nous avons bénéficié de trois salles de classe et d’un poste de santé. Depuis, aucune autre réalisation de l’Etat. C’est ce qui justifie notre décision de mettre en place,  à partir de 1991,  l’Association des journées culturelles et économiques de Badiana. C’est un cadre d’échanges, de réflexions et de prises de décision pour l’amélioration des conditions de vie des populations, en attendant que l’Etat réagisse dans d’autres secteurs’’, a révélé le président de l’association.

Selon Malang Diédhiou, par ailleurs arbitre international à la retraite, la force de Badiana réside dans l’adhésion totale  des populations à ce cadre unitaire mis en place. ‘’Tout le monde adhère à nos activités, parce qu’ils ont tous compris que l’association fait du  concret. Même les personnes du  3e  âge contribuent à la  même hauteur que tout le monde. Pour adhérer à l’association, tout membre doit acheter une carte de membre à 3 500 F Cfa renouvelable chaque année’’, confie l’inspecteur des douanes. L’obtention de cette carte est obligatoire. Le président Malang Diédhiou est intransigeant sur cette question. Les réticents écopent des sanctions sociales. Ils sont interdits d’accès à toutes les activités de l’association. Egalement, le village et les autres sections  se désolidarisent d’eux, en cas de malheur ou de bonheur’’, relève Malang Diémé, en charge  de la commission suivi et communication de l’association.

En plus de la vente des cartes de membre, l’association tire également ses ressources à partir des parrainages d’activités, de la contribution des bonnes volontés, mais aussi de la vente de tissus et de tee-shirts lors des différentes   journées culturelles et économiques. Pour la présente édition, la 26e du genre, qui s’est tenue le 1er avril, 793 femmes du village ont volontairement accepté d’acheter le tissu à 2 000 F Cfa chacune. ‘’Dans notre commune, nous sommes le premier village à nous organiser de la sorte. Et depuis, tout le monde s’inspire  de notre expérience. C’est une fierté pour nous.  Nous ne pouvons pas tout faire, parce que certaines réalisations sont chères. Maintenant, si l’Etat vient en appui, ça ne peut qu’améliorer les conditions de vie des populations’’,  déclare Malang Diédhiou.

La mobilisation de ces ressources, qui tournent autour de 4 et 5 millions de francs Cfa par an,  a permis, cette année, la réalisation du mur de clôture du poste de santé, la construction du logement de l’infirmier chef de poste (Icp) et de la sage-femme. Ceci est un projet qui date de 2018 et qui sécurise les lieux et permet au personnel soignant d’être dans les meilleures conditions de travail.

Après l’avoir clôturé, l’association a doté le poste de santé d’une ambulance médicalisée, pour faciliter l’évacuation des malades dans les structures de référence. Ceci grâce au soutien de bonnes volontés qui ont mis la main à la poche.

Dans le domaine de l’éducation, outre le soutien aux étudiants du village, l’association a réalisé des salles de classe au niveau de l’élémentaire et construit neuf autres au niveau du Cem. Dans le cadre de la promotion de l’éducation, l’association organise, chaque année, ‘’les réunions scolaires’’ au sein des familles d’abord, du quartier ensuite  et enfin du  village. Ces moments d’échanges entre élèves et parents permettent de déceler ce qui ne marche pas chez l’élève, en vue d’apporter des réponses idoines.

Par ailleurs, l’association du village  a aussi mobilisé 30 millions de francs Cfa qui ont permis la construction du foyer des jeunes. Au-delà des réalisations, elle organise, chaque année,   des journées de consultations  gratuites, pendant une semaine.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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