Publié le 6 Nov 2019 - 00:24
DEFAUT DE QUALITE ET LENTEURS DANS LES TRAVAUX

Le Club des investisseurs rassure l’Etat 

 

Le Club des investisseurs sénégalais (Cis) ‘’n’offre pas de la lenteur et de la qualité défectueuse’’, il offre de la ‘’vraie qualité et dans les délais requis’’. C’est la précision faite hier par son directeur exécutif, Dr Abdourahmane Diouf, lors d’un atelier d’échanges avec le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.

 

Une qualité défectueuse des ouvrages et des lenteurs dans l’exécution des travaux. Ce sont, entre autres, les reproches faits souvent au secteur privé national dans l’exécution des marchés publics qu’il gagne. Ces accusations, selon le directeur exécutif du Club des investisseurs sénégalais (Cis) ne sont pas toujours fondées.

Seulement, Abdourahmane Diouf admet qu’ils ne peuvent pas tout faire. ‘’Nous sommes un secteur privé ambitieux, mais lucide. Il y a des choses sur lesquelles nous n’avons pas d’avantages comparatifs. Nous n’allons pas nous battre pour prendre des chantiers que nous ne pourrons pas exécuter. Au niveau du Cis, nous n’offrons pas de la lenteur et de la qualité défectueuse. Nous offrons de la vraie qualité et dans les délais requis’’, a déclaré, hier, l’ancien Dg de la Sones, au cours d’un atelier d’échanges entre les entrepreneurs du Cis et le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.

Sur ce, M. Diouf indique que s’ils n’ont pas la capacité technique de faire le travail exigé, ils acceptent que le gouvernement du Sénégal puisse aller chercher des privés et partenaires techniques internationaux pour le faire. ‘’En ce moment aussi, nous nous positionnerons comme des sous-traitants. Il peut arriver qu’on soit des sous-traitants de luxe dans les domaines où on sait qu’on n’a pas la compétence requise. Ainsi, on peut demander que les transferts de technologies soient. Pour que, dans 5, voire 10 ans, qu’on puisse faire la même chose’’, dit-il.

D’après le directeur exécutif du Cis, les grands projets de l’Etat peuvent être mis en œuvre par le secteur privé national. Et leur club est composé de 75 chefs d’entreprise, des capitaines d’industrie dans tous les domaines y compris celui de logement, de l’hygiène publique et de l’urbanisme. ‘’Il ne faudrait pas que les Sénégalais oublient que ces 75 capitaines d’industrie sénégalais travaillent pour le Sénégal. Ils emploient des Sénégalais et quels que soient les marchés qu’ils vont par ailleurs gagner dans ces projets de l’Etat, le dividende reste chez nous’’, renchérit M. Diouf.  Il estime que le taux de croissance national ‘’ne sera inclusif et ressenti’’ par les Sénégalais que si les grands travaux sont exécutés par des entreprises sénégalaises, qui ont de la marge, qui gagnent des dividendes et les réinvestissent au Sénégal.

‘’Les capitaines d’industrie sont conscients des enjeux et espèrent qu’il y aura un comité de suivi paritaire entre le Cis et le ministère de l’Urbanisme. Celui-ci permettra de travailler ensemble, tous les mois, en suivant les dossiers’’, soutient-il.

Toutefois, Abdourahmane Diouf signale que le Cis travaille à un ‘’meilleur accès’’ à son marché national. ‘’Notre secteur privé n’est pas encore hégémonique dans son propre pays. Ses parts de marché sont encore marginaux. Il n’y a pas de systèmes préférentiels prévisibles qui le mettent au cœur de l’économie. Notre ambition est de devenir le principal maitre d'œuvre des politiques publiques de l'Etat du Sénégal. L'accès à notre marché national doit être naturel et par principe acquis’’, estime-t-il.

Pour sa part, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique a reconnu que les entreprises sont celles qui créent, à côté de l’Etat, la croissance, la valeur ajoutée et des emplois. Dès lors, Abdou Karim Fofana s’engage dans le cadre d’une collaboration ‘’concertée, généreuse, sérieuse’’, pour leur permettre de développer leurs affaires et de créer de la valeur ajoutée. Mais aussi de développer leurs activités au-delà au Sénégal.

‘’Nous sommes dans une zone économique, à savoir l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui est très concurrentielle. Nous devons aider nos entreprises à pouvoir émerger et à porter l’économie sénégalaise’’, soutient le ministre. Soulignant ainsi que contrairement à ce qui est véhiculé, l’Etat signe beaucoup de contrats publics avec les entreprises sénégalaises. Seulement, il précise qu’il y a des projets complexes qui nécessitent l’appel des entreprises étrangères ou des financements extérieurs où il y a des contraintes. Parce que les conditions de financement l’exigent.

1 000 milliards de F Cfa de chiffre d’affaires dans les logements sociaux

Il convient de noter que cet atelier d’échanges a été l’occasion, pour les responsables du ministère de l’Urbanisme, de présenter au Cis les opportunités d’investissements dans leur secteur. Ceci avec le projet des 100 mille logements sociaux, le pôle urbain de Daga Kholpa, la réhabilitation de certains quartiers de Dakar et le programme ‘’Zéro déchet’’. A ce propos, M. Fofana informe qu’avec la construction de 100 mille logements, avec un prix minimal de 10, voire 12 millions de francs Cfa par habitation, il y a déjà un chiffre d'affaires de 1 000 milliards de francs Cfa à capter. ‘’Nous avons, à côté, les matériaux de construction.

Puisque les aménagements que nous savons faire au Sénégal, pour un logement de 8 millions, c’est 20 % d’aménagement, 40 % de gros œuvres, 20 % de second œuvre et 20 % de marge environ. Mais, sur le second œuvre, nous avons beaucoup de défis. D’abord, pour le carrelage, nous sommes heureux de voir qu'il y a une usine qui fabrique des carreaux. Mais il aurait été plus intéressant de voir que ce sont des Sénégalais qui l'ont installée au Sénégal et qui ont investi dans ce domaine’’, regrette-t-il. Enfin, pour les portes, les fenêtres et le sanitaire, le ministre révèle que c'est à peu près ‘’100 milliards de francs Cfa de chiffre d'affaires’’ pour les 5 prochaines années, rien que pour le logement social.

Afin de faciliter l’investissement privé local dans ces secteurs, le ministre a rappelé aux investisseurs nationaux qu’à chaque fois qu’ils seront ‘’forts’’, l’Etat laissera ‘’le marché faire son œuvre’’. Et à chaque fois qu’ils seront ‘’faibles’’, il cherchera à les ‘’protéger’’. ‘’Nous vous protégerons, nous vous privilégierons dans le cadre de nos projets. Cependant, nous ne pouvons pas nous accommoder de lenteurs et d'absence de qualité. Nous devons faire comme d'autres pays amis comme le Maroc où le logement a permis de créer 1,4 % de croissance pendant au moins 10 ans d'affilée. Et aujourd'hui, nous créons les conditions ; c'est à vous de nous donner cette croissance-là’’, lance Abdou Karim Fofana.

MARIAMA DIEME

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