Publié le 30 Sep 2016 - 15:53
DEFICIT DE RESSOURCES HUMAINES, ABSENCE D’APPAREILS, D’EQUIPEMENTS ET DE MOYENS

Ces handicaps de la lutte contre le cancer

 

Le déficit de ressources humaines et le manque d’appareils constituent un frein dans la lutte contre le cancer. Ainsi, les acteurs demandent au gouvernement de financer le plan national de lutte contre cette maladie.

 

Les maladies chroniques non transmissibles augmentent de façon constante et progressive dans tous les continents. C’est le constat fait hier par les spécialistes du cancer au cours du lancement de ‘’Octobre Rose’’. Selon l’oncologue radiothérapeute de l'institut du cancer, Mamadou Moustapha Dieng, d’ici 20 à 25 ans, les pays vont faire face à un nombre important de maladies chroniques, notamment le cancer. Or, à ce jour, le Sénégal ne dispose que de deux radiothérapeutes. ‘’Il y a un programme de formation qui va commencer à la rentrée et on pense que le gap sera comblé. Donc, d’ici quelques années, on aura un nombre beaucoup plus important de radiothérapeutes. Mais pour l'instant, nous ne sommes que deux, dont un en formation. Ce n'est pas assez pour faire face à la demande’’, admet Dr Dieng.

La radiothérapie intervient dans le traitement à tous les stades du cancer du sein, parce que c'est un traitement local qui utilise des rayonnements reluisants tels que les rayons X qui ont une énergie beaucoup plus forte. Elle va viser après la chirurgie du sein, afin d’éviter que la pathologie ne revienne. Pour lui, le problème avec la maladie cancéreuse est que même quand le patient est opéré, elle peut revenir. Par conséquent, utiliser la radiothérapie sur le site opératoire diminue le risque de récidive de la maladie. ‘’Malheureusement, la maladie du sein peut quitter le sein pour aller se localiser ailleurs, au niveau du cerveau, des poumons, des os. Donc, la radiothérapie a une part dans le traitement de ces localisations secondaires. C'est dire que quel que soit le stade de la maladie, elle joue un rôle important pour la guérison ou le soulagement des patients’’, a-t-il expliqué.

Outre ce déficit de radiothérapeutes, le manque de matériels constitue également un frein dans cette lutte. Selon Docteur Dieng, en Afrique de l’Ouest, le nombre d'appareils de radiothérapie qui sont en marche sont au nombre de deux dont un au Sénégal et un au Mali. Dans les autres pays francophones (Afrique du centre), il y en a au Gabon, au Cameroun ; et au Congo (l'appareil n'est pas fonctionnel). Pour être clair, il n’y a que 5 pays qui disposent de l'appareil qui fonctionne par rapport à une demande qui tourne autour de 1 000 malades par an et par pays. ‘‘Nous sommes largement sous équipés en matière de radiothérapie en Afrique noire. L'appareil du Sénégal n'est plus adapté dans les pays européens, mais elle rend d'énormes services. Elle a sa place dans l'arsenal thérapeutique. On doit l'entretenir et la rendre beaucoup plus performante’’, préconise-t-il.

N’empêche, le spécialiste encourage le Sénégal à faire le saut vers la modernité en se dotant d’appareils plus récents. Cependant, il attire l’attention sur la nécessité de s'entourer de toutes les garanties nécessaires. ‘’Ce sont des appareils qui ne supportent pas une variation d'électricité de l'ordre de 3 ou de 5 volts’’, prévient-il.

Financement du plan national de lutte contre le cancer

Il préconise un autre appareil, parce que c'est une question de souveraineté de pouvoir traiter la totalité de ces cancers dans son pays. D'autant plus qu'une partie des moyens humains existent. ‘’Mais parallèlement, il faut renforcer le plateau technique local pour améliorer la prise en charge des cancers’’, préconise-t-il. Selon le président de l’institut de cancérologie, Professeur Mamadou Diop, l’émergence des maladies non transmissibles,  notamment le cancer, est liée au changement de mode de vie, l’augmentation de l’espérance de vie, l’alimentation, la pollution environnementale, le tabagisme et l’urbanisation. Pour faire face à cela, dit-il, il faut financer le plan national de lutte contre le cancer qui existe déjà.

Ce plan comporte plusieurs aspects. Il s’agit de la prévention primaire qui comporte un volet important de communication et le développement des ressources humaines. ‘’Ça ne sert à rien d’avoir des infrastructures et des équipements pour traiter les malades si on n’a pas les compétences. En cancérologie, il y a des compétences pour le diagnostic, l’extension de la maladie, les différentes modalités de prise en charge. Il faut investir dans ces ressources humaines. C’est-à-dire des bourses de spécialisation pour les médecins. C’est fondamental’’, insiste Prof Diop.

A ces points s’ajoute également la prise en charge diagnostic et thérapeutique. ‘’C’est là où les équipements et les infrastructures ont un rôle à jouer. Il y a le projet de centre national d’oncologie à Diamniadio. On a beaucoup d’espoir que ce centre soit construit avec toutes les mesures d’accompagnement en termes de ressources humaines et de management. Il faut que le gouvernement finance ce plan, pour qu’on puisse faire face à cette incidence qui va augmenter dans les années à venir.’’

VIVIANE DIATTA

 

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