Hier, le tribunal des flagrants délits de Dakar a relaxé le cadre à la banque, Aboubakry Ba, pour les faits de destruction de bien mobilier et  vol avec effraction au préjudice de son neveu Bocar Fall, hommes d’affaires. L’héritage laissé par le chef de famille Bocar Ba est à l’origine de ce dossier.

‘’L’affaire est douloureuse, parce qu’on a l’habitude de dire que le linge sale se lave en famille. Mais le linge sale de la famille Ba s’est lavé devant le tribunal des flagrants délits de Dakar’’, a lancé l’avocat de la partie civile, Me Ousseynou Gaye. En fait, l’homme d’affaires Bocar Fall a attrait devant ladite juridiction son oncle Aboubakry Ba pour destruction de bien mobilier et vol avec effraction. Ce dernier, cadre à la Bceao, a été placé sous mandat de dépôt, depuis le 2 juin dernier. Un héritage est à l’origine de cette affaire.

Selon les explications du conseil, feu Bocar Ba, qui avait comme épouse Fatou Niasse, a laissé une maison sise à Dieuppeul comme héritage. Cet immeuble fait l’objet de toutes les convoitises. ‘’La veuve a voulu que ses enfants continuent à y rester jusqu’à sa mort’’, dit-il. Ce qui a fait que l’une de ses filles, à savoir Nafissatou Ba, est venue habiter dans la concession après sa retraite, avec son fils Bocar Fall. Alors que 5 parmi les 9 héritiers ne sont pas d’accord.

‘’1,450 million F CFA, une bague sertie de diamant et un bracelet en or perdus’’

Ainsi, ils ont introduit devant le tribunal des référés une requête d’expulsion de leur neveu. Rendant sa décision, le juge a tranché, le 25 juillet 2016, en faveur de Bocar Fall car, avait-il motivé son jugement, sa mère était aussi héritière de ce patrimoine. Non contents, les plaignants ont interjeté appel et l’affaire est toujours pendante devant la justice. ‘’Le fait que Bocar Fall vive dans le domicile est loin de leur plaire. Ils ne voulaient pas respecter la volonté de leur père et ils ont voulu passer à la vitesse supérieure en violant toutes les règles’’, a fait remarquer Me Ousseynou Gaye. Qui précise que le cadre à la banque, âgé de 55 ans et domicilié aux Almadies, a fait appeler des menuisiers pour défoncer la porte de la chambre de son neveu, en voyage de travail à Paris. Ainsi, tous les effets personnels de son client ont été vidés et il y a eu des manquements.

La partie civile a signalé la disparition de son argent d’un montant de 1,450 million F CFA, une bague de fiançailles sertie de diamant appartenant à son épouse vivant en France d’une valeur de 980 000 F CFA, d’un bracelet en or qui coûte 830 000 F CFA. Selon lui, l’effraction a été constatée par un huissier. En effet, le neveu a accusé son oncle d’être l’auteur de ces faits. ‘’Les autres héritiers ont les mêmes droits que Nafissatou Ba. Ils n’ont pas respecté la décision du juge. A ce jour, les bagages de Bocar Fall sont dans des baluchons et abandonnés dans les couloirs’’, a souligné Me Gaye avant de réclamer 5 millions à titre de dommages et intérêts.

Au cours des débats, Nafissatou Ba a été appelée à la barre à titre de simples renseignements. Elle a expliqué qu’elle est rentrée, le jour des faits, vers 22 heures. Elle a croisé son frère Aboubakry Ba devant le portail. Aussitôt, elle a aperçu les bagages de son fils et remarqué que la porte de sa chambre avait été défoncée. ‘’Ils ont menacé les deux bonnes de ne piper mot sur ce qui venait de se passer. Donc, j’étais incapable de savoir qui étaient les complices d’Aboubakry Ba. Il y a eu une première tentative de fracturer cette porte, le 20 août 2015. A chaque fois, il  disait qu’il allait détruire mon fils’’, a affirmé la dame.

Par contre, la mère de famille Fatou Niasse a lavé à grande eau son fils Aboubakry Ba. Elle a renseigné que c’est elle qui lui a demandé d’ouvrir la porte pour la réfection de la maison familiale. A l’en croire, cela a été fait par deux menuisiers en la présence d’un huissier. ‘’Mon fils n’était même pas là-bas. En plus, je vivais dans une insécurité chez moi, car une fois, Bocar Fall s’est bagarré avec son frère et il a sorti un pistolet.’’

Me Bamba Cissé : ‘’On veut régler les comptes et mécomptes d’une famille à travers la détention’’

Interrogé, le prévenu a confirmé avoir reçu les instructions de sa mère. ‘’On devait procéder à des travaux d’étanchéité dans toutes les chambres. Cependant, on n’avait pas les clés de celle de mon neveu’’, a-t-il dit. Pour sa part, le parquet a requis l’application de la loi. Lors de la plaidoirie des avocats de la défense, Me Ndoumbé Wane, proche de la famille, a souligné qu’elle a toujours voulu un règlement à l’amiable de cette affaire dans laquelle, avertit-elle, il ne peut y avoir d’apaisement si un membre de la famille est en prison. Me Alioune Badara Fall d’indiquer que la partie civile cherche à nuire aux intérêts du banquier. Il a signalé qu’il y a un doute sur l’imputabilité des faits, car il y a absence de preuves. Poussant ainsi Me Bamba Cissé à dire qu’‘’on veut régler les comptes et mécomptes d’une famille à travers la détention et ce procès ne doit pas être le réceptacle d’une condamnation’’. Tenant compte de ces observations, le tribunal a relaxé Aboubakry Ba. 

AWA FAYE