Publié le 7 Sep 2016 - 15:47
DEGRADATION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES, ABSENCE DE CONTRÔLE…

La Banque mondiale liste les failles de la pêche artisanale 

 

Au Sénégal, les ressources marines sont surexploitées. Rien que dans le sous-secteur de la pêche artisanale, 19 000 navires ont été répertoriés en 2015. Les conséquences de cette surpêche, selon Julio Ricardo Loayza, économiste de la Banque mondiale, sont la dégradation des ressources.

 

L’accès à la pêche artisanale reste encore très ouvert au Sénégal. Cela parce que le gouvernement n’a mis en place aucun système pour faire le contrôle nécessaire. Ce régime de libre accès n’est pas sans conséquence sur les ressources. Du moins, c’est ce qu’a fait savoir, hier à Dakar, lors de la cérémonie de clôture du projet régional pour la pêche en Afrique de l’Ouest, un économiste de la Banque mondiale.

Julio Ricardo Loayza qui a représenté la Directrice des opérations de la BM au Sénégal a cette rencontre renseigne que les conséquences de cette ouverture sauvage sont ‘’la dégradation des ressources halieutiques et des pertes économiques’’. ‘’Devant la rareté des stocks de poissons, les pêcheurs prennent plus de risques en allant très loin de leur base de pêche, avec des coûts toujours plus élevés et, parfois, des conséquences dramatiques comme les 95 cas de décès en 2015’’, fait-il savoir.

Aussi, pour démontrer qu’il y a un accès très ouvert à la mer, l’économiste de la Banque mondiale rappelle qu’en 2015, 19 000 bateaux intervenant dans le sous-secteur de la pêche artisanale ont été répertoriés au Sénégal. En 2009, ils étaient 13 000 navires dans ce sous-secteur. Ce qui fait qu’en 6 ans, plus de 6000 navires se sont rajoutés au stock déjà existant. ‘’Les répercussions à long terme d’un accès ouvert en l'absence de systèmes de gouvernance solides sont aisément prévisibles : trop de bateaux et trop de pêcheurs pour trop peu de poissons’’, décrit M. Loayza.

Gestion communautaire

En outre, le représentant de la Directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal à cette rencontre sur la pêche en Afrique de l’Ouest invite l’Etat du Sénégal et l’ensemble des acteurs qui gravitent autour de ce sous-secteur à promouvoir la gestion communautaire de la pêche. Pour lui, ce système constitue ‘’un outil efficace pour contrôler et gérer l'accès à la pêche artisanale et de réduire la pêche illégale dans les zones de cogestion riches en ressources’’. Ce système, grâce au Projet régional de la pêche en Afrique de l’ouest (PRAO), a été développé dans certaines zones de pêche comme Ngaparou, Yenne, Fimela, Ndangane… Il s’agit de la gestion du mérou blanc (thiof), de la crevette, du poulpe, de la langouste et des fruits de mer.

En effet, ce repos biologique a eu des impacts significatifs sur la pêche, renseigne le PRAO, dans un document bilan. Parmi ces résultats, le texte cite le retour dans les captures de certaines espèces de poissons nobles qui avaient disparus des fonds de pêche des sites,  l’augmentation des débarquements de la badèche  et des mérous et la reconstitution du tissu végétal de certains habitats marins rocheux du fait de l’interdiction de la pose de filets sur ou près des rochets’’. ‘’Les pêcheurs savent que cela fonctionne et sont prêts à l’adopter. C’est un modèle qui intéresse aussi des pays voisins. Cependant, pour une véritable émergence de la gestion communautaire de la pêche, il faudrait une décentralisation accrue et une véritable délégation des pouvoirs aux communautés qui sont prêtes à les assumer’’, conclut-il. 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

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