Publié le 20 Nov 2018 - 00:07
DEGUERPISSEMENTS DES COMMERÇANTS

Une entente fragile à Colobane

 

Après une longue discussion, vendredi soir, les commerçants de Colobane et les autorités ont finalement trouvé un terrain d’entente. Cependant, les marchands restent sceptiques, alors que les propos du maire ont de quoi raviver la tension.

 

Les vendeurs de friperie déguerpis aux abords de la nouvelle gare routière de Colobane se sont affrontés, vendredi dernier, aux forces de l’ordre. Le point de divergence est l’établissement de cette gare qui ne saurait s’accommoder de la présence des marchands sur les lieux. Cet espace occupé par les commerçants de Colobane fait partie de la commune des Hlm. Après une longue concertation avec le maire, le préfet et les commerçants, le vendredi jusque tard dans la soirée, les concernés ont fini par accorder leurs violons.

Selon le président de la Synergie des mouvements et acteurs du secteur informel, Moulaye Seck, il a été prévu que les marchands évitent d’occuper les lieux jusqu’à mercredi, pour permettre à  ce que certains travaux se réalisent. ‘’Ils doivent aménager le terre-plein et l’Ageroute doit se déplacer demain (aujourd’hui) pour un travail de terrain’’, dit-il. Dans cette opération, il est prévu de laisser un espace pour les commerçants afin qu’ils puissent continuer leur commerce. ‘’Les conclusions ne nous  rassurent pas, mais nous allons les laisser faire le travail de terrain et après nous allons apprécier leur démarche’’, a laissé entendre ce commerçant. Cet interlocuteur regrette que le secteur informel soit dans de grandes difficultés, parce que constamment persécuté. Pour lui, des solutions pérennes doivent être trouvées.

‘’Il y a un problème d’insécurité’’

Par ailleurs, ‘’EnQuête’’ a attendu la fin de la réunion pour avoir la version du maire de la commune des Hlm. Selon Babacar Seck, le Cetud, par le biais de la Banque mondiale, a eu un financement de construction de deux gares routières : une pour les taxis et l’autre réservée aux bus. ’’Ils ont voulu faire une déserte à Colobane, avec des lignes pour faciliter le transport des usagers. Cette gare était prête. Mais il se trouve que la voie de sortie vers l’autoroute est trop étroite. Il y avait des ambulants qui vendent de la friperie sur le trottoir, entre les deux voies. Les gens ont constaté que quand la sortie est trop petite, il y a un risque, un  problème d’insécurité’’, explique-t-il. De ce fait, ajoute le maire, les initiateurs du projet ont demandé que ces vendeurs vident la plateforme. ‘’Le préfet avait bien discuté avec les ambulants. Entre les responsables et les jeunes, il y a une différence (de position). C’est ainsi qu’ils ont fait ce qu’ils ont fait’’, dixit Babacar Seck. Ce dernier soutient que les responsables avec qui ils ont discuté ont compris et que les services techniques de l’Etat (Cetud et Ageroute) vont voir samedi la situation.

Toutefois, l’édile souligne que, quel que soit ce qui sera accepté, ‘’la chaussée n’est pas faite pour étaler des marchandises’’. ‘’Le préfet a tenu cette réunion et il y a eu entente. Ils vont voir en fonction de ce qui reste de la plateforme. Ils ont accepté de quitter, et avec les autorités, ils sont en train de voir quelles sont les possibilités, puisqu’ils ont fait des propositions. Nous estimons que personne ne peut leur garantir une place’’, prévient-il. Le maire est d’autant plus convaincu d’être dans son bon droit, qu’il rappelle que les marchands sont sur  le trottoir, alors que la municipalité a déjà construit un marché. C’est pourquoi il se veut clair : ‘’Il n’y a pas d’engagement. Le seul qui existe est de les laisser vendre, s’il y a de la place. La mairie n’a pas intérêt à empêcher ces gens de gagner leur vie, mais s’il y a des risques, la municipalité est obligée de réagir.’’

Pour lui, en tant que maire, il a le devoir de trouver des emplacements, mais, se défend-il, ce n’est pas facile.

A noter que deux marchands ambulants ont été arrêtés, lors de ces affrontements.

‘’Je n’ai demandé de parrainage à personne…’’

Dans cette affaire des ambulants, des rumeurs ont circulé, d’après le maire, comme quoi il a sollicité des vendeurs pour les besoins du parrainage. Ainsi, Babacar Seck a voulu lever toute équivoque. ‘’J’ai entendu certains dire que c’est le maire qui nous a déguerpis, parce qu’il nous a demandé des parrainages. Je n’ai demandé de parrainage à personne, d’autant que celui qui l’a dit dans un organe de presse a bien dit qu’ils sont avec Macky Sall, donc ce sont de fausses informations. Je suis le maire de la commune, je suis intéressé en premier lieu’’, apporte-t-il.

D’après lui, cette affaire n’est pas un problème entre la mairie et les ambulants. C’est le (Cetud) qui a un projet qui intéresse Dakar Dem Dikk et la commune ne fait que gérer. ‘’Ce n’est pas le maire qui a décidé’’, s’est-il dédouané.

Si l’on en croit M. Seck, les ambulants ont reçu des sommations à plusieurs reprises. Ce qui veut dire qu’ils étaient bien au courant du déguerpissement. ‘’On ne peut mettre un marché entre deux voies’’. 

AIDA DIENE

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