Publié le 26 Aug 2017 - 18:54
DELABREMENT CEM DJIM MOMAR GUEYE

Le personnel demande une ‘’réaffectation’’ 

 

Le CEM Djim Momar Guèye souffre de la vétusté de son bâtiment. Son état actuel et sa proximité avec le marché inquiètent enseignants, élèves et personnel administratif. Tous demandent sa délocalisation, afin d’éviter le pire, mais aussi pour accroitre ses performances.

 

Construit vers les années 1960, le CEM Djim Momar Guèye est en état de délabrement très avancé. Un vieux bâtiment décrépis abrite ce temple du savoir. Situé aux alentours du marché central de Kaolack, sur un carrefour, le CEM est laissé en souffrance. Peinture défraichie, taches noirâtres, des habits en vente sont accrochés au mur. Un vieux tableau au-dessus de la porte d’entrée, où est inscrit le nom de l’établissement, l’inspection d’académie à laquelle elle appartient et le ministère de tutelle, renseigne sur la nature de l’édifice. Les klaxons de motos Jakarta et autres véhicules donnent une idée de la pollution sonore qui importune élèves et personnel enseignant.

Les déchets et autres objets trainent un peu partout. L’insalubrité gagne du terrain dans cet établissement baptisé depuis 1981 Djim Momar Guèye - personnalité politique dans le Saloum - né à Kaolack en 1907. Au début, ce local servait d’annexe du lycée Gaston Berger. Cette école a accueilli beaucoup d’élèves devenus cadres dans ce pays. D’ailleurs, l’actuel principal Mamadou Cissokho y a fait ses études moyennes.

En ce jour de délibération des résultats du BFEM, les élèves se regroupent sous l’arbre devant la porte de l’école, près de la route, attendant l’heure fatidique. Au même moment, les professeurs occupent une salle au 2e étage et attendent les délibérés. Au rez-de-chaussée, des creux, des portes rouillées dont on ne reconnait plus la couleur, de vieux tableaux, des escaliers pleins de sable retiennent l’attention des visiteurs. Dans les salles de classe, on y trouve des tables-bancs vétustes. Certaines planches sont presque au sol. Les murs lézardés, les faux-plafonds pendants menacent de céder à tout moment. Dans la salle des professeurs, la logistique est vieille, les tables et les chaises prêtes à aller à la casse.  

Les enseignants de cet établissement réputé demandent la délocalisation du CEM Djim Momar Guèye. Car, disent-ils, les élèves sont perturbés durant les cours à cause de cette cohabitation avec le marché central. Les malades mentaux fréquentent l’école, ce qui participe à la déconcentration et pose un problème de sécurité. Dans cette salle où ils se sont regroupés, M. Diallo, Professeur d’espagnol, défend la thèse de la délocalisation du CEM.

‘’Si vous voyez l’état des plafonds et des murs, cela vous indique carrément que l’établissement souffre de sa vétusté. Nous peinons à dispenser correctement les cours, surtout avec le bruit qui vient du marché’’, se plaint-il, non sans souligner les risques pour les élèves, le personnel enseignant et l’administration.

‘’Nous courons un grand risque’’

‘’Tout cela peut avoir des répercussions sur les résultats des élèves. S’ils ne sont pas concentrés, il est difficile d’obtenir de bons résultats à la fin de l’année scolaire’’, a-t-il prévenu. D’après lui, des appels ont été lancés à l’endroit des autorités compétentes pour une intervention de leur part. ‘’Durant les semaines culturelles, le discours du principal, M. Cissokho, porte sur cette question. Aujourd’hui, ce que nous demandons, c’est la délocalisation du CEM Djim Momar Guèye, afin que nous puissions travailler dans de meilleures conditions’’, répète-t-il. Ce jeune professeur dit craindre même que le drame de Demba Diop, qui a causé 8 morts du côté des supporters du Stade de Mbour, puisse se reproduire. ‘’C’est la même situation, le bâtiment est vétuste, il suffit de voir son état pour tirer les conclusions’’, alerte-t-il.

Son collègue Abdou Diop, Professeur d’histoire, affirme que les autorités locales sont averties. ‘’Une lettre a été adressée à la municipalité. Le gouverneur était de passage, le préfet et l’inspecteur d’académie sont au courant. Nous avons fait notre devoir. Maintenant, les réclamations et les doléances sont sur la table des autorités’’, fait-il remarquer.

Mais depuis lors, il n’y a eu aucune réponse. Or, cela fait 5 ans que ces courriers ont été envoyés. Le personnel commence déjà à s’impatienter et appelle à la responsabilité des autorités. ‘’Lorsque M. Mar était le principal, il avait envoyé une lettre, et son successeur a suivi. Nous tardons à avoir des éléments de réponse par rapport à cette question. L’école est exposée, nous nous décarcassons pour avoir les résultats escomptés, malgré les obstacles. Si nous étions dans de très bonnes conditions, on aurait pu avoir d’excellents résultats. L’école a toujours été excellente. Le problème majeur, c’est sa vétusté et sa situation géographique’’, se lamente-t-il. M. Diop estime qu’il leur faut une certaine tranquillité pour dispenser les cours. D’où l’idée de la  délocalisation sur un autre site.

Après les cours, le marché

‘’Nous avons une bonne équipe pédagogique. Si ce n’était pas cette situation inquiétante, on aurait redoré le blason de l’école. La balle est dans le camp des autorités ; nous attendons leur réaction’’, a-t-il insisté. Le professeur d’arabe au CEM Djim Momar Guèye, Balla Gaye Lô, lui, informe que les élèves ont du mal à traverser la route pour regagner les classes. Surtout à l’heure de la rentrée. Il note aussi les perturbations qu’ils subissent pendant les cours. ‘’S’il y a un accident, les élèves curieux se lèvent pour voir ce qui se passe.

Les marchands ambulants au dehors crient des fois très fort. Parfois, des gens discutent et ça perturbe la concentration des élèves. Il arrive même qu’ils rigolent, s’ils entendent les discussions au dehors’’, révèle ce professeur d’arabe. Il est difficile, dans ce cas, dit-il, de faire revenir les esprits au cours. ‘’Même pour organiser les semaines culturelles et les cérémonies par exemple, nous sommes obligés d’aller ailleurs, car nous n’avons pas une cour ou bien un espace aménagé. Cette année, nous avons fêté la semaine culturelle au ‘’Cœur de ville de Kaolack’’. Aussi, à l’heure de la récréation, ils sont dehors, près de la route, et là il y a une insécurité totale’’, se désole-t-il. M. Lô reste d’avis qu’une école ne doit jamais être à proximité de la route et d’un marché.

D’ailleurs, renchérit-il, cette proximité fait que certains élèves en profitent, après la fin des cours, pour faire un tour au marché, sans avoir rien à y faire. Cela détourne l’élève de l’essentiel et les filles en particulier peuvent être victimes de tentations, une fois en contact avec les hommes, en l’absence de la surveillance du personnel et du contrôle des parents.

Pape Arona Ndiaye, nouvellement admis au Brevet de fin d’études moyennes, fait le même constat. Il souhaiterait voir ses frères et sœurs qui seront demain orientés au CEM Djim Momar Gueye, être dans de meilleures conditions que celles qu’il a vécues durant trois ans. Il sollicite l’appui des autorités pour sauvegarder la réputation du CEM longtemps négligé.  

 AIDA DIENE

Section: