Publié le 10 Jun 2015 - 23:27
DEMÉNAGEMENT DES ARCHIVES NATIONALES

Une ‘’amnésie’’ de huit mois

 

La délocalisation des Archives nationales pose provisoirement le problème de la consultation des documents. A l’occasion de la célébration de la journée internationale des archives, la directrice de la structure s’est penchée sur les défis à relever.

 

Huitième édition de la Journée internationale des archives (JIA) et huit mois sans mémoire collective. Un passage à vide dû aux travaux de la Primature qui abritait ses locaux. ‘’Deux déménagements valent un incendie.  Les archives sont fermées  au public depuis huit longs mois. Nous sommes conscients que c’est un préjudice à la communauté scientifique pour cette indisponibilité des sources’’, regrette la directrice des Archives nationales, Fatoumata Cissé Diarra, lors de la célébration de cette journée. Elle en a profité pour souligner les maux les plus prégnants auxquels se confronte l’archivage. Parmi ceux-ci, l’urgence pour les services de l’administration publique de déposer les actes.

Lors de leurs activités, ces dépositaires du service public doivent transmettre l’intégralité des archives qu’ils détiennent ou les transférer aux services compétents. Pourtant, la directrice des archives, Fatoumata Cissé Diarra, a déploré leur inertie à expédier les documents. Aussi s’impose, selon elle,  ‘’la nécessité de doter notre pays d’un centre national des Archives ainsi que des services régionaux d’archives dans les 14 régions, ainsi que dans les collectivités’’.

De l’avis du secrétaire général du Gouvernement, ces documents permettent une traçabilité des actes administratifs. Par conséquent, Abdoulatif Coulibaly a promis de la diligence dans la construction d’une structure adéquate. ‘’Le gouvernement s’emploie à rechercher les moyens pour l’érection de la maison des archives’’, s’engage-t-il, après les promesses du Premier ministre lors de la déclaration de politique générale et celles du président de la République lors de la célébration du centenaire des archives en 2013. La directrice qui a formulé la même demande, a sollicité également l’appui des autorités pour la recherche de ‘’financements pour la numérisation des collections et fonds anciens conservés aux archives nationales’’.

Hommage à Jean-François Maurel

L’archiviste paléographe français, Jean François Maurel, était au cœur de cette célébration. Un hommage à titre posthume rendu par Seydou Madani Sy. L’ancien ministre de la Justice, également archiviste paléographe, a soutenu que le Sénégal et les anciens pays de l’Afrique occidentale française (AOF) doivent une fière chandelle à cet amoureux de l’Afrique. ‘‘Il mérite notre reconnaissance car il ne faut pas oublier que lorsqu’une colonie s’émancipe, l’ancien colonisateur se dépêche de transférer ce que l’on appelle les archives de souveraineté.

Et de ce point de vue, les archives de l’Afrique occidentale française auraient dû être rapatriées en France’’, déclare-t-il. Et de poursuivre : ‘’Maurel s’est battu pour qu’elles restent à Dakar en disant que Dakar était la capitale de l’AOF et qu’à ce titre, dans la continuité des archives, il était normal qu’elle garde les archives. Il a fallu se battre, et il a convaincu les autorités françaises de l’époque de faire des copies et les documents originaux sont restés à Dakar’’. Au-delà du Sénégal, ces archives concernent aussi l’histoire de la domination coloniale avec les Etats de l’AOF. ‘’Il ya une responsabilité du Sénégal vis-à-vis des anciens Etats de l’AOF qu’il faut assumer’’, a conclu M. Sy.  

Ousmane Laye Diop

 

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